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06 octobre 2008

Six musiciens très applaudis à l’abbatiale de Nantua

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Six musiciens très applaudis ont réuni leurs talents dimanche 5 octobre en l’abbatiale Saint-Michel de Nantua en présence de nombreux mélomanes. Pour ce beau concert d’automne bénéficiant du label « Patrimoine en Musique » et du soutien de l’ADDIM de l’Ain, au programme s’étendant du XVIIe au XIXe siècle, les professeurs de l’École de Musique du Haut-Bugey s’étaient joints aux organistes Véronique Rougier, professeur d’orgue au Conservatoire à Rayonnement Départemental d’Oyonnax, organiste de Nantua, et Olivier Leguay, organiste, claveciniste et professeur au CRD d’Oyonnax et au Conservatoire de Lons-Le-Saunier.

Dans ce répertoire du XVIIe qu’elle affectionne, Véronique Rougier a interprété dans leurs nuances les plus variées le plein jeu, le duo, le récit tendre et le grand dialogue de la suite du premier ton du deuxième livre de Jacques Boyvin. La voix de Céline Dombon a ensuite instauré un dialogue subtil avec l’orgue dans des arias extraits du petit livre d’Anna Magdalena Bach de Johann-Sebastian Bach. Toujours aux claviers, Véronique Rougier a été rejointe à la tribune par Betty Raucaz-Antonelli pour une claire et précise interprétation à quatre mains des fantaisies en do mineur et ré mineur d’Adolf Friedrich Hesse (1809-1863).

Après un entracte au cours duquel le président des Amis de l’orgue, Renaud Donzel, a proposé au public une présentation du tableau de Delacroix exposé dans l’abbatiale, Mathilde Convert a joué avec intensité et recueillement la passacaille pour violon de Heinrich Biber (1644-1704). Pour l’interprétation de la sonate « L’Annonciation » , du même compositeur, c’est l’organiste Olivier Leguay qui a retrouvé la violoniste à la tribune où il a ensuite donné une version très sobre, éloignée de tout pathos, du prélude, fugue et variation de César Franck. Pour la dernière œuvre au programme, la troisième sonate en trio en ré mineur de Johann-Sebastian Bach, le Hautbois de Laurent Boutaine s’est allié en toute clarté et avec beaucoup d’élégance à l’orgue toujours tenu par Olivier Leguay.

Afin de répondre à l’enthousiasme du public et puisqu’il fallait bien se résigner à sortir après ces riches moments musicaux, ce fut aux accents délicieusement surannés d’une célèbre sortie de Louis-Alfred-James Lefébure-Wély (1817-1870) offerte en bis par Véronique Rougier.

Prochain concert d’orgue : abbatiale Saint-Michel de Nantua, samedi 6 décembre à 15h. Au programme, concert- lecture sur les thèmes de l’Avent et de Noël par les élèves de la classe d’orgue du Conservatoire à Rayonnement Départemental d’Oyonnax. Textes : abbé Pierre Le Bourgeois. Organisation : paroisse Saint-Michel, Amis de l’orgue de Nantua, CRD d’Oyonnax.

Photo : de gauche à droite, Mathilde Convert, Betty Raucaz-Antonelli, Olivier Leguay, Véronique Rougier, Céline Dombon, Laurent Boutaine, quelques instants avant le concert.

28 septembre 2008

Orgue, violon, hautbois et chant à l'abbatiale Saint-Michel de Nantua le 5 octobre

RIF_5216_2.jpg(Communiqué)

Le dimanche 5 octobre à 17h l’association des Amis de l’Orgue de Nantua propose un concert réunissant des professeurs de l’École de Musique du Haut-Bugey et les organistes Véronique Rougier, professeur d’orgue au Conservatoire à Rayonnement Départemental d’Oyonnax, organiste de Nantua, et Olivier Leguay, organiste, claveciniste, professeur au CRD d’Oyonnax et au Conservatoire de Lons-Le-Saunier.
Au programme, des œuvres de J.S. Bach, Jacques Boyvin, Heinrich Biber, César Franck et Adolf Friedrich Hesse interprétées par Laurent Boutaine, hautbois, Mathilde Convert, violon, Céline Dombon, chant, Betty Raucaz, Véronique Rougier et Olivier Leguay, orgue.
Ce programme varié, du XVIIe au XIXe siècle, mettra en valeur la palette sonore de l’orgue construit en 1845 par Nicolas-Antoine Lété dans le cadre prestigieux de l’abbatiale St Michel.
Ce concert a obtenu le label « Patrimoine en Musique » et le soutien de l’ADDIM de l’Ain.
À cette occasion, les amateurs d’orgue pourront se procurer le dernier CD enregistré sur cet instrument exceptionnel : des œuvres de Boëly magistralement interprétées par Marie-Ange Leurent et Éric Lebrun.
Prix des places 12€ . Gratuit pour les moins de 16 ans.

Photo : Laurent Boutaine, Céline Dombon, Mathilde Convert, Véronique Rougier et Betty Raucaz-Antonelli à la tribune de l’orgue de Nantua.

 

 

 

 

 

 

 

 

10 août 2008

Jean Tardieu dans sa maison natale

 

(Cet article que j'avais publié après la disparition de Jean Tardieu en 1995 a été repris dans la revue Le Croquant n° 57/58, été 2008). Une version abrégée a paru dans La Quinzaine littéraire du 16 février 1995, n° 664.1274736824.jpg


tardieuportail.jpg On est venu chercher Monsieur Jean. Pour toujours. En juillet 1988, il avait tenté de retrouver son double, « l’enfant resté au bord de la route », à Saint-Germain-de-Joux, dans l’Ain.

Un geste, une attitude valent bien toutes les explications de texte pour approcher la réalité d’un écrivain admiré que la chance autorise à rencontrer. Jean Tardieu, de retour dans sa maison natale à l’occasion d’une visite à Alain Claude, à l’époque directeur du Centre culturel Aragon d’Oyonnax, vient de franchir le seuil de la demeure construite en 1715. Le voici déjà dans une chambre où il se saisit d’un petit sablier posé sur une commode. Il tourne et retourne dans ses mains cet objet qui peut symboliser un grand thème de son œuvre : le temps. Jean Tardieu, on le voudrait éternel, et le sablier suscite des questions que l’on ne peut s’empêcher de se poser : « Où ? Quand ? Combien de temps encore ? » La réponse est tombée comme un couperet le vendredi 27 janvier 1995. Désormais restent l’œuvre et quelques images, des photographies dont il a supporté la contrainte avec gentillesse, malgré son absence de goût pour les séances de pose.

À cet égard, l’homme et l’œuvre, une fois encore, se rejoignent. La discrétion, l’attention pour ce qui ne se révèle pas sous une lumière artificielle, caractérisent l’auteur et ses écrits. Le contraire surprendrait de la part d’un poète qui intitule ses livres Le Témoin invisible, Histoires obscures, ou Une Voix sans personne… La poésie, surtout en ces temps de poudre aux yeux, est-elle autre chose que cette disponibilité au murmure, à l’innommé ? Dans la voiture qui le reconduit à son hôtel, à Nantua, après les retrouvailles avec son lieu de naissance, Jean Tardieu acquiesce en insistant sur l’exigence que le choix d’une telle direction requiert chez celui qui veut aujourd’hui avancer sur le dur chemin de la création littéraire.

Comme Jean Tardieu, jouons-nous un peu du temps et revenons quelques heures en arrière. Les déambulations dans les couloirs de la maison de Saint-Germain-de-Joux se prêtent plus à des échanges informels qu’à un entretien dans les règles de l’art. Celui-ci aura d’ailleurs lieu trois ans plus tard à Meillonnas, lorsque Jean Tardieu se verra remettre par le Conseil général de l’Ain le Prix Voltaire, créé par la revue Le Croquant. Mieux vaut, pour l’instant, laisser Jean Tardieu à sa joie de retrouver une parcelle préservée de son enfance. Ici, c’est « un tableau qui n’a pas bougé », et là, « une lanterne magique toujours à sa place ».  Ce matin gris d’été 88, la courtoisie, la simplicité et la vivacité de Jean Tardieu, heureux de se trouver là, mettent tout le monde de bonne humeur. Son épouse Marie-Laure sème un peu partout des coups d’œil amusés et bienveillants. Derrière ce regard malicieux se cache une femme de science. À l’époque de son mariage, elle entre au Museum d’histoire naturelle comme sous-directeur de laboratoire et se retire en 1972 en terminant sa carrière au poste de directeur de laboratoire à l’École des Hautes Études.tardieulivre.jpg

Jean Tardieu s’assoit près de la fenêtre et ouvre un grand album relié. Le vert sombre de la nature qui baigne Saint-Germain, tout près, derrière les vitres, fait surgir de la mémoire un poème précis : La Fenêtre ou les noms de mon pays. Le temps rapide du dehors et le temps suspendu de la maison se mélangent. L’auteur de ce prodige est là, curieux de cette poche de temps intacte où il vient de pénétrer, par effraction pourrions-nous dire, si Mme Rugo de Saint-Germain-de-Joux, qui détient les clefs de la maison, n’avait elle-même ouvert la porte au petit cortège de visiteurs.

« Moi, je vois le temps. Et même, non seulement je le vois, mais aussi je l’entends et je le sens, je l’éprouve, je le vis » , dit un personnage dans L’animal du temps, extrait de La Première personne du singulier, et de conclure : « fondre, fondre et couler tout à fait, devenir le temps ! » En 1991, dans un entretien accordé à la revue Le Croquant, dirigée par Michel Cornaton, Jean Tardieu évoque sa double personnalité : « un enfant qui serait aussi un vieillard, un vieillard qui serait aussi un enfant ! » Au gré des veilles et des nuits blanches – Jean Tardieu écrit la nuit – l’immersion dans le temps se réalise en un poème, seule trace tangible de cette aventure fugace.

Ce jour, dans la maison natale, l’écrivain trouve un autre moyen que le poème pour se fondre un moment au cours du temps. Il lui suffit de tendre la main, ici, au milieu de ses souvenirs protégés par les forêts d’épicéas, à son double inquiet du texte L’enfant resté au bord de la route : « Comme je voudrais retourner vers l’enfant ! Il savait tout d’avance, et c’est bien pour cela qu’il pleurait. »

Le bruit des clefs se répercute dans les couloirs de la grande maison. Mme Rugo raccompagne M et Mme Tardieu entourés des amis et des journalistes. Quelques éclairs de flash fusent sous le ciel bas. Un sourire discret pétille dans les yeux de Jean Tardieu. Il doit s’amuser du bon tour qu’il vient de jouer au temps qui file, en revenant à l’improviste dans sa maison de jadis.

Photos: 1) Le poète Jean Tardieu devant le portail de sa maison natale. 2) « La Fenêtre ou les noms de mon pays » . © Photos Christian Cottet-Emard, droits réservés.