11 juillet 2022
Légende d'été
Photo Marie-Christine Caredda
Dans mon rêve l’été est une grande fleur qui s’ouvre et qui contient toutes les autres
comme une légende qui contient toutes les histoires
ou bien un parasol qui fleurit dans les rues du monde et qui contient tous les autres
puis sous l’averse fraîche et parfumée comme une passante inaccessible
un parapluie qui éclot et qui contient tous les autres
et dans sa brève nuit de fête où l’on erre comme une ombre heureuse avant de s’éloigner des lampions
un abat-jour qui veille jusqu’à l’aube et qui contient tous les autres
Mais peut-être n’ai-je pas rêvé
Extrait de mon recueil Estime-toi heureux
© Éditions Orage-Lagune-Express
01:40 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : été, heure d'été, rêve d'été, légende d'été, jour, nuit, fleur, parasol, parapluie, monde, averse d'été, passante, abat-jour, pluie d'été, lampion, ombre, aube, blog littéraire de christian cottet-emard, poésie, littérature, estime-toi heureux, ©orage lagune express, christian cottet-emard, dépôt électronique n°, archive office notarial n°, droits réservés, texte, photo ©marie-christine caredda, lumière
03 mai 2022
Comment tu t’es transformé en érable champêtre
Tu arrivais contre le vent le chevreuil ne t’a pas senti (une chevrette avec son faon)
Lorsqu’elle t’a vu il était trop tard le faon se risquait trop loin pour qu’elle puisse le récupérer tout de suite et bondir avec lui dans le monde des chevreuils
Tu ne bouges plus elle te fixe dresse les oreilles tu ne bouges plus elle ne bouge plus
Son réflexe de détaler mélangé avec l’idée de récupérer le faon l’immobilise
Elle te fixe et guette le moindre de tes mouvements un battement de paupières une respiration et son faon pas très loin mais trop loin d’elle
Elle te jauge elle s’inquiète mais ne fuit pas elle te fixe toujours tu n’as pas bougé d’un cil
Elle cherche à t’impressionner par toute une série de bruits comiques elle souffle chuinte jappe elle veut t’intimider tu ne bouges toujours pas
Tu sais très bien faire ça ne pas bouger pendant longtemps
Et au-delà d’un certain temps elle va t’oublier
Car pour elle une créature qui ne bouge pas pendant longtemps disparaît tout simplement de la circulation
La chevrette t’a oublié parce que tu ne bouges plus et comme tu es arrivé contre le vent elle ne te sent pas tu n’es plus pour elle
Tu n’es plus pour elle qu’un détail de la forêt peut-être cet érable champêtre sous lequel tu ne bouges plus et que pour cette chevrette tu es devenu
L’érable champêtre n’est pas un arbre qui se donne en spectacle il a peu d’ambition comme toi si ce n’est celle de vivre et d’éviter les ennuis
Te transformer en érable champêtre tu aurais bien aimé y arriver plus tôt dans les premières périodes pénibles ou stupides de ta vie
Devant la haute porte fermée de l’école primaire Sainte-Jeanne d’Arc qui faillit si souvent devenir la grande porte de la fugue : disparu le gamin en retard à sa place un érable champêtre
Au-dessus du gouffre du cahier de calcul où les baignoires débordent où les trains n’arrivent jamais à l’heure où s’additionnent les retenues : plus personne juste un érable champêtre
Au tableau poésie à réciter par cœur (qu’est-ce que le cœur et la poésie ont à voir là-dedans ?) : hop un érable champêtre
Dommage qu’il ait fallu attendre quarante-six ans mais ça valait le coup quand même ô vaillante et ingénieuse petite chevrette !
(Extrait de Poèmes du bois de chauffage, © éditions germes de barbarie, 2018). Un nouvelle édition vient de paraître chez le même éditeur en grand format relié.
Présentation du livre à la radio, à l'initiative du regretté Christian Lux :
Ici, podcast de l'émission.
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15:24 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : carnet, note, journal, autobiographie, blog littéraire de christian cottet-emard, animal sauvage, campagne, forêt, prairie, renard, chevrette, faon, nature, bois, promenade, érable champêtre, faune, flore, oyonnax, ain, viry, jura, poèmes du bois de chauffage, éditions germes de barbarie, récits, christian cottet-emard, bourbon, woodford reserve, labrot & graham, kentucky straight bourbon, igor stravinsky, ensemble inter contemporain, youtube
23 mars 2022
En forêt
Ne croyez pas que la forêt me parle. Je me contente de lui emprunter ses murmures, le temps de remplacer un moment des mots par des feuilles et des pas qui craquent sur les brindilles, le temps de respirer le même air que le grand hêtre et les épicéas qui ont le même accent que la mer quand le vent met les voiles. Alors je respire l'air des feuilles mouillées et je vais pouvoir rentrer chez moi tout propre.
(Petite variation sur deux poèmes extraits de deux de mes recueils, Poèmes du bois de chauffage et Aux grands jours. La première partie de cette variation s'appuie sur un poème extrait de la quatrième section des Poèmes du bois de chauffage intitulée La lune du matin et autres récits de l'homme invisible. La deuxième partie de la variation s'appuie sur un poème de la quatrième section de Aux grands jours intitulée L'alerte joyeuse).
Photo 1 : © M-CC. Photo 2 : © CC-E
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00:09 Publié dans Atelier, Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christian cottet-emard, atelier, variations, poèmes, poésie, blog littéraire de christian cottet-emard, aux grands jours, poèmes du bois de chauffage, la lune du matin, autres récits de l'homme invisible, l'alerte joyeuse, littérature, forêt, promenade, respiration, respirer, feuilles, brindilles, murmures de la forêt, hêtre, foyard, air