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12 novembre 2021

La lune du temps

 
Ah ! la Lune, la Lune m’obsède...
Croyez-vous qu’il y ait un remède ?
 
- Jules Laforgue -
(L’imitation de Notre-Dame la Lune)
 

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Dessin : Frédéric Guénot

 
Une nuit d’automne comme une nuit de printemps et la lune à travers la vitre de la salle de bain.
 
 
Elle éclaire tout le ciel qui veut être en cette heure une prairie de coton.
 
 
Puisqu’il faut à l’homme trois jours pour y poser les pieds, voir la lune serait une manière de voir l’avenir.
 
 
La lune me fait toujours le même effet qu’à mes seize ans lors des soirs de cet âge quand on croit rêver alors qu’on vit.
 
 
Presque un demi-siècle a passé et je la vois comme à seize ans, comme si rien ou si peu n’avait bougé
 
 
dans ma vie semblable en son meilleur à cette nuit très claire
 
 
et vaste comme la jeunesse en vacances.
 
 
Voir ainsi la lune reviendrait à voir aussi le passé
 
 
et peut-être la lune est-elle une machine à voyager dans le temps.
 
 
Extrait de mon recueil Estime-toi heureux. © Éd. Orage-Lagune-Express.
 

01 novembre 2021

Mon quatrième poème de la Toussaint et du jour des Défunts (extrait)

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À la Toussaint, mon esprit est la maison que je veux accueillante et joyeuse pour mes défunts,
 
 
la douce maison des morts
 
 
tant je fus toute ma vie heureux et choyé dans leurs terrestres demeures.
 
 
Je les attends comme ils m’ont espéré
 
 
s’ils veulent bien venir au seuil de ma mémoire
 
 
et ni la nuit ni le froid ne m’atteignent quand je leur ouvre ma porte
 
 
car je ne vois dehors dans le vent que l’envol des feuilles d’automne qui fut leur danse enfantine et leur grande valse.
 
 
Je les connais tous, même ceux qui sont nés et ont vécu lorsque je n’étais pas encore parce que nous parlons d’eux autour de la grande table.
 
 
Comme ce grand récit nourrit bien, autant que les mets et les vins,
 
 
et qu'il est bon de rire de leurs rires et de pleurer de leurs larmes.
 
 
 
Extrait de : Encens, marbre et bruyère, ensemble intégré à mon recueil Estime-toi heureux. © Éd. Orage-Lagune-Express.
Feuilles d'automne sur la route forestière (photo MCC)
 

30 octobre 2021

Le premier jour du premier été

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Je sortis du Palais des eaux comme tout le monde.

 

La différence était le vieux balcon où les petits lézards pouvaient offrir leurs gorges flamboyantes au soleil. 

 

Il surplombait des massifs de roses anciennes aux teintes et aux parfums aujourd’hui perdus qu’une très vieille fée aspergeait de marc de café. La famille s'en offusquait.

 

Bien plus tard on pouvait croire que j’avais quitté le balcon comme je pouvais aussi moi-même le croire

 

mais cette illusion, le mirage de la prochaine porte, n’est qu’une des croyances fréquentes en ces contrées incompréhensibles mais pleines de promesses.

 

Qu’elles ne fussent pas toutes tenues n’importait guère au milieu des roses, sous les regards attentifs de la vieille fée et des lézards.

 

 

Extrait de mon recueil Estime-toi heureux. © Éd. Orage-Lagune-Express.

Une rose de chez moi (Photo MCC)