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22 février 2007

Un temps où les ondes furent confiées à des poètes

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En photo de couverture, de gauche à droite : Jean Tardieu, André Veinstein, Monique Prot-Vincent, Bernard Blin (une réunion de la rédaction des Cahiers d'Études de Radio Télévision, dans le bureau de Jean Tardieu. 1954-1955).

Robert Prot : Jean Tardieu et la nouvelle radio, L’Harmattan éditeur, collection Logiques historiques. 2006. 298 pages. 27 euros.

Francis Ponge, ami de Jean Tardieu, n’était pas tendre pour la radio, « la bourdonnante, la radieuse seconde petite boîte à ordures ! », persiflait-il dans un texte daté de 1946 : « Ah, comme il est ingénieux de s’être amélioré l’oreille à ce point ! Pourquoi ? Pour s’y verser incessamment l’outrage des pires grossièretés. » (“Pièces”, Poésie / Gallimard). On croirait que Ponge parle de la radio d’aujourd’hui, surtout quand il évoque dans le même texte «Tout le flot de purin de la mélodie mondiale ! »
Pourtant, en cette époque déjà lointaine, quand le pays s’extirpait de la guerre et de l’Occupation, « la boîte vernie » contenait bien les promesses d’un âge d’or, « un temps où les ondes furent confiées à des poètes » , disait Émile Noël dans Les chemins de la connaissance, sur France Culture. Un de ces poètes était Jean Tardieu, « bien connu du grand public pour son oeuvre poétique et théâtrale », souligne Robert Prot en quatrième de couverture de son livre en précisant : « On sait moins l’importance du travail qu’il a accompli à la Radio et à la Télévision. Son Club d’Essai a été à l’origine d’un nouveau programme (France Musique), mais aussi de nouveaux talents. »
Robert Prot se souvient aussi de l’esprit d’ouverture qui animait Jean Tardieu : « De Gaston Bachelard à Etienne Souriau, il a su faire venir les plus grands chercheurs et universitaires dans son Centre d’Études de Radio Télévision , qui est aujourd’hui devenu l’Institut National de l’Audiovisuel. »
C’est toute la période d’élaboration et d’évolution de la radio, de l’après-guerre à nos jours, que Robert Prot nous convie à découvrir en détails dans son livre. Riche de témoignages et d’anecdotes pour le plaisir de lecture, l’ouvrage offre aussi, dans son foisonnement d’informations, les qualités d’un précieux outil de recherche. La figure bienveillante et lumineuse de Jean Tardieu accompagne le lecteur dans ce cheminement complexe, dans cette véritable floraison de talents artistiques et de compétences techniques qui construisit, parfois avec des moyens limités et des budgets serrés mais avec la créativité et l’enthousiasme humaniste des débuts, la nouvelle radio.

Christian Cottet-Emard