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14 août 2006

feuilles mortes et pages décollées

Journée pluvieuse et sombre ainsi que l’approche du 15 août en réserve souvent dans le Haut-Bugey. La poésie se refuse. Cela peut arriver. Elle semble vouloir se dérober plus encore à la lecture de quelques pages trouvées au hasard de recueils récemment reçus, qu’il s’agisse d’éditions ou de manuscrits. Est-ce moi qui m’engourdis dans cette grisaille et dans cette nuit précoce ou bien ces textes se ressemblent-ils réellement tous ? Ennui, colère devant ces pages.
Depuis les années 70 du siècle dernier, la poésie dite contemporaine, dans ses avant-gardes proclamées, me fait penser à quelqu’un qui n’arrive pas à se suicider proprement. Car c’est bien de suicide qu’il s’agit, avec le seul message intelligible que les “poètes” se réclamant de cette modernité déjà rance adressent au public à travers les commentaires abscons de leurs propres oeuvres : “lecteurs, dehors !” Et ce message-là, les lecteurs, à défaut de comprendre le reste, l’ont reçu cinq sur cinq. Ils ont pris congé.
Depuis, les tentatives de suicide se succèdent sans relâche. À chaque course en direction du mur, le corps tuméfié, sanguinolent, obscène à force de mutilations volontaires, se relève pour de nouvelles imprécations, d’autres borborygmes, jusqu’à ce que nous connaissons maintenant : variétés de rap radoteur, éructations, vociférations, en somme régressions atteignant le stade excrémentiel d’un vieux corps si épuisé par les violences qu’il s’est infligé qu’il n’en restera bientôt plus qu’une flaque, pas même un cadavre.
Des noms pour illustrer ce consentement, cet abandon à l’ivresse du putride ? Mais qu’importe de citer des noms (ce qui sous-entend des individualités) alors que ces graphomanes parmi lesquels beaucoup avouent noircir des pages par pure compulsion “écrivent” tous le même “livre”.
Allons, demain il fera jour et en attendant, Brahms et son premier trio en si opus 8 et puis Jules Laforgue dans ma vieille édition de poche (des années 70 justement) avec les pages qui se décollent :

"Quand reviendra l'automne,
Cette saison si triste,
Je vais m' la passer bonne,
Au point de vue artiste."

Et ça va déjà mieux...

Commentaires

Je dirais qu'en fait, tous les milieux artistiques s'essouflent avec l'essor des oeuvres commerciales. Les producteurs et autres éditeurs cherchent à vendre au plus grand nombre et du coup, les gens qui veulent voir leur nom sur une couverture de livre griffonent des trucs qui devraient plaire à l'éditeur. Les vrais talents sont souvent reconnus après leur mort, et baucoup ne nous sont pas contemporains.

Non, ce n'est pas ta perception des couleurs qui s'évanouit avec le temps, ce sont les couleurs qui se mèlent toutes pour donner une sorte de grisaille artistico-commerciale.

Écrit par : Jonathan | 14 août 2006

Pourqui, pourquoi...
le présent et le reste...

Écrit par : michel à franquevaux | 16 août 2006

Pourtant on pourrait espérer que les vrais talents ne soient pas atteints par cet essor des oeuvres commerciales et percent néanmoins. Que la qualité soit gage de succès malgré tout... Naïveté ?

Écrit par : Matthieu M. | 16 août 2006

Je vous invite à visiter mon site... A bientôt peut-être...

Écrit par : Styx on the moon | 16 août 2006

Ces petits suicides manqués nous laissent du temps pour relire quelques petits Prévert pour l'été ... et quelques Baudelaire pour l'hiver ;)

Écrit par : bregman | 19 août 2006

Les commentaires sont fermés.