20 avril 2019
Visiteur mystère...
À propos de Notre-Dame, circule actuellement sur Facebook un texte intitulé Sauvons la cathédrale du cœur - Pour un autre usage de Notre-Dame de Paris. L’auteur de cette tribune non signée serait « Un curé de campagne en visite à Paris » .
J'ignore quelle assez belle plume se cache peut-être derrière cet improbable « curé de campagne en visite à Paris » (l'anonymat inspire rarement confiance) mais il me semble que s'il existe vraiment, il fait partie d'un courant de l'église qui dénonce toujours la pompe ecclésiastique.
À mon humble avis d'agnostique attaché à la culture chrétienne, l'église catholique et l'Occident chrétien ne peuvent faire l'économie de symboles puissants, surtout dans le contexte géopolitique actuel.
Laisser Notre-Dame de Paris en ruines pour « la rendre au peuple » ainsi que le préconise notre auteur (qu'est-ce que le peuple ?) reviendrait à une abdication en période de conflit.
De plus, la nature a horreur du vide et la nature humaine aussi. Sur un tel vide, sur de telles ruines, un autre culte nettement moins accommodant avec la laïcité et de nouveau en phase de conquête prospérerait très vite, ce qu'on ne peut souhaiter si l'on est attaché à la paix en France et en Europe.
01:48 Publié dans NOUVELLES DU FRONT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : notre-dame de paris, cathédrale notre-dame de paris, culture chrétienne, occident chrétien, occident, chrétienté, symboles chrétiens, église catholique, monument, blog littéraire de christian cottet-emard, paris, france, europe, capitale française, racines chrétiennes, curé de campagne
21 mars 2019
Du revenu universel (ou revenu de base, ou revenu de sécurité, ou revenu minimum)
On parle beaucoup du revenu universel. La médiathèque municipale d'Oyonnax propose même un débat sur ce thème ce vendredi 22 mars à 18h30 (entrée libre). Très intéressé par le sujet car j’en suis moi-même partisan (du moins dans la version d'un revenu de sécurité qui se déclencherait dès qu'on passe en-dessous d'un seuil de ressources à définir), je me documente sur les arguments favorables ou défavorables échangés dans les médias. J'en profite pour remettre en ligne l'article qui suit et que j'avais publié ici même en 2017.
Je suis souvent déçu par les positions caricaturales ou tout au moins rigides des détracteurs de cette idée qui ne fournit certes pas la solution miracle à tous les problèmes d’exclusion et de pauvreté mais qui a le mérite de mettre en question l’obligation de travailler dans une organisation socio-économique qui ne peut plus fournir à chacun la possibilité de se conformer à cette obligation.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la lutte contre le chômage a inexorablement échoué (pour peu qu’on croie vraiment à l’hypothèse selon laquelle il serait dans l’intérêt des gouvernants et des entrepreneurs que le chômage disparaisse).
L’idée du revenu universel attribué sans condition dépasse largement le cadre de la problématique du chômage de masse, de l’accès et du retour à l’emploi.
L’impossibilité de trouver, de conserver ou de retrouver un emploi ont depuis longtemps et surtout de nos jours pour origine des causes qui ne se limitent pas à l’offre et à la demande sur le marché du travail et au manque de qualification.
Tout le monde sait désormais que des populations entières ne trouveront ou ne retrouveront jamais de travail dans le système actuel. Aucun signe n’annonçant pour le moment un changement de ce système, l’instauration d’un revenu universel que je préfère quant à moi nommer un revenu de base ou d’urgence est donc d’actualité. Il y va de notre sécurité.
La question n’est même plus de se demander s’il faut être pour ou contre cette mesure de salut public mais de savoir au plus vite quand elle sera mise en œuvre, quelle formule sera retenue et comment elle sera financée.
L’hebdomadaire Le Un n°139 daté du mercredi 25 janvier 2017 donne, outre des analyses et des opinons contradictoires, d’intéressantes pistes de réflexion, notamment à propos du financement.
L’économiste Daniel Cohen se dit « favorable à un revenu soumis à une condition de ressources » . Il précise que « des chercheurs de l’Institut des Politiques Publiques (IPP) de l’École d’économie de Paris sont partis de l’idée d’une fusion de l’aide personnalisée au logement (APL) avec le RSA. Cela permettrait de verser 624 euros par mois à un célibataire gagnant moins de 2000 euros. Cette mesure s’appliquerait sans aucun coût additionnel » .
Je ne cite que cet exemple parmi d’autres pour montrer que l’attribution d’un revenu de base fonctionnant comme un filet de sécurité empêchant de tomber dans la grande pauvreté n’a rien d’irréaliste.
L’idée demande juste à être examinée avec objectivité et lucidité, en dehors de tous les à-priori, préjugés et clichés moraux qui affectent la manière de penser ce qu’on appelle« la valeur travail » , comme si le travail était une valeur alors qu’il n’est qu’un moyen au service de valeurs.
Je n'ai aucune compétence en économie mais je fais confiance aux économistes qui nous ont toujours habitués à des montages très audacieux mettant en jeu des budgets beaucoup plus considérables que ceux permettant de boucler le revenu de base ! Différentes options sont à l'étude, toutes n'ont pas le même coût pharaonique qu'on nous objecte sans cesse.
Ce que je trouve intéressant dans le revenu universel, c'est le filet de sécurité qu'il pourrait offrir. Il favoriserait l'initiative et la créativité, deux choses hors de portée si l'on commence chaque journée, chaque semaine, chaque mois avec la peur permanente de boire le bouillon.
Dans la société d'aujourd'hui, on ne peut rien assurer d'autre que la survie au jour le jour si l'on est essentiellement limité par la satisfaction (d'ailleurs de plus en plus problématique) des besoins primaires.
Je connais beaucoup de gens qui ont de réels talents dans des domaines très différents mais qui n'ont aucun moyen de tenter de les mettre en pratique parce qu'ils n'ont pas ce filet de sécurité. C'est un gâchis humain tant pour l'individu que pour la société.
Et en parlant de gâchis, je suis frappé par ce constat du philosophe Gaspard Koenig dans le journal Le Un : « Il n’est pas admissible qu’il y ait 90 milliards de dépenses sociales en France et des gens qui n’ont rien à manger. »
L’option qu’il retient est de « donner à chacun un revenu mensuel, de la naissance à la mort, sous forme de crédit d’impôt. » Et d’ajouter que cela changerait tout dans la vie des gens « qui perdent un temps fou à effectuer des démarches, sont dans une peur constante de l’administration et craignent de perdre leurs allocations. Ils échapperont à cette bureaucratie sociale humiliante pour les allocataires. »
Je partage entièrement cet avis.
Avec l’attribution d’une allocation de base sans condition qui se déclencherait dès qu’une personne se retrouverait au-dessous d’un seuil de revenu à définir, on supprimerait une grande part de ces contextes mortifères et on redonnerait une capacité d’initiative à ceux qui veulent rebondir.
En ce qui me concerne, je vais même encore plus loin dans ce raisonnement.
J’ai passé toute ma vie professionnelle dans des emplois détestés, journaliste entre autres, où j’allais au travail à reculons avec pour seuls horizons le week-end, les vacances et le jour de la paye.
À ceux qui parlent de dignité personnelle, d’intégration à la collectivité et d’utilité sociale par le travail, je réponds que je ne vois pas ce qu’on peut apporter de positif à la société et à soi-même quand on est coincé dans un état d’esprit pareil.
Quant à cette fameuse « valeur travail » dont des moralistes d'un autre âge souvent doublés de bons gros rentiers nous rebattent les oreilles, sa cote est toute relative lorsque je peux par exemple considérer que je travaille beaucoup plus en écrivant un roman ou un essai sans bénéfice financier qu’en m’impliquant au minimum dans un emploi salarié subi.
Si le revenu de base avait existé, je n’aurais pas perdu ma vie à la gagner et j’aurais pu consacrer mon énergie et mon travail à écrire, donc à être créatif, au lieu de me disperser, de me débattre et de stagner dans des emplois alimentaires où j’étais moyen ou carrément mauvais.
Je suis bien conscient que la société n’a aucun besoin de mes dispositions pour l’écriture et de mes livres. Mais avait-elle plus besoin du mercenaire que j’étais à l’époque où je n’avais pas la chance, comme c’est le cas désormais depuis des années, de me consacrer entièrement à l’écriture ? Bien sûr que non.
En m’appuyant sur un revenu de base, j’aurais pu renforcer ce que j’avais de fort au lieu de m’épuiser en pure perte à essayer avec peine de me maintenir dans la médiocrité professionnelle, ce qui au bout du compte fut aussi préjudiciable pour moi que pour la société.
C’est pourquoi je suis persuadé que le revenu de base constituerait non seulement une réponse forte à l’urgence de la lutte contre la grande précarité mais encore une dynamique considérable pour la libération d’initiatives et de talents aujourd’hui complètement bridés par l’obsession paradoxale de s’intégrer, de se maintenir et de durer dans une organisation du travail et de l’emploi devenue une machine à exclure.
Christian Cottet-Emard
16:54 Publié dans NOUVELLES DU FRONT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : revenu universel, revenu de base, travail, emploi, société, blog littéraire de christian cottet-emard, nouvelles du front, opinion, idée, perdre sa vie à la gagner, hebdomadaire le un, économie, valeur travail, pauvreté, précarité, exclusion, daniel cohen, gaspard koenig, médiathèque oyonnax, centre culturel aragon oyonnax, le temps du débat oyonnax, ain, rhône alpes auvergne, haut bugey, france, europe
13 février 2019
Grand débat national : l'art de palabrer sur des thèmes bien sages pour éviter d'aborder les sujets brûlants
J’ai vu récemment passer sur le fil d’actualité du réseau social l’affiche annonçant un épisode du débat national dans ma ville d’origine (Oyonnax) ainsi libellée : Pour ce dernier rendez-vous organisé dans le cadre du « Grand Débat National » , vous êtes conviés à donner votre avis sur les thèmes suivants : la citoyenneté et l'organisation de l'État.
Au moment où un gouvernement à bout de souffle s’apprête à nous imposer sans débat le retour sur notre sol de 150 français partis faire la guerre contre nous ainsi que la libération cette année de 30 individus condamnés pour terrorisme et 300 droits communs impliqués dans une entreprise terroriste, on nous convie à débattre sur le thème citoyenneté et organisation de l’État !
Une telle tartufferie serait risible si la situation n’était pas aussi dramatique.
Image : Nous étions généreusement invités à palabrer sur des sujets oiseux par un gouvernement responsable d'une situation insurrectionnelle inédite depuis mai 68 et prêt à rapatrier des français passés à l'ennemi représentant une menace de tous les instants pour la sécurité de la population.
18:23 Publié dans NOUVELLES DU FRONT | Lien permanent | Commentaires (0)