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23 octobre 2024

Mes remerciements à Sébastien Baud pour sa lecture de mon CLUB DES PANTOUFLARDS récemment réédité

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 La semaine commence bien avec une nouvelle entrée dans le rayon lyonnais de la bibliothèque. « Le club des pantouflards » de Christian Cottet-Emard trouvera facilement sa place par son encombrement minimaliste. Format entre la grande nouvelle et le roman court.
 
La brièveté n’empêche pas un foisonnement de scènes qui sont autant de constats tour à tour lucides, tour à tour acides sur notre société ou le pouvoir l’emporte sur l’humain.
 
Effron Nuvem est un chômeur de longue durée qui ne sort que rarement de son quartier populaire de Vaise. Le travail ne le tente pas, tant qu’il arrive avec les aides sociales à subvenir à ses modestes besoins. Ou l’inverse, adapter ces derniers à ses ressources. Quelques bouquins chinés pour rien constituant son seul loisir.
 
Sa morne existence va prendre un chemin nouveau en passant devant un chausseur. Une belle affiche pour des belles pantoufles, le haut de gamme du genre. Que lui a-t-il pris d’entrer et d’acheter ces pompes d’intérieur dont il n’a ni l’usage ni les moyens ?
 
Que cache cette soudaine sympathie du chausseur, le petit gros, à son égard, et son empressement à lui proposer de rentrer dans un club fermé dans lequel les membres siègent en pantoufles ?
 
Le voici au milieu de décideurs, de patrons, d’élus, à faire des banquets gargantuesques. Pourquoi lui, sans un rond et sans relation ? La réponse dans le bouquin.
 
Bien que l’histoire démarre par l’évacuation d’un cadavre ce roman n’est en rien un polar. Difficile d’ailleurs de le classer tout court.
 
Une peinture d’une société et d’un quartier en pleine mutation, avec des projets qui aiguisent l’appétit des élus, de ceux qui veulent leur place, des entrepreneurs plus ou moins véreux. Avec comme depuis toujours le double objectif du pouvoir et de l’argent. Un banc de requins qui se nourrit des masses laborieuses, tout juste du plancton, « tout juste des individus » comme l’écrivait L.F. Céline.
 
Il y a un peu de Big Brother aussi. Monsieur tout le monde n’est qu’un numéro ici, en l’occurrence celui de sa carte de crédit. Et son existence n’est tolérée que tant que le solde de celle-ci est créditeur.
 
Une petite touche de thriller bien sûr, puisqu’il est affaire de machination, de meurtre et de tirage de ficelles.
Le constat froid côtoie le burlesque, le cynisme n’est jamais loin, et l’analyse toujours juste.
Une courte mais agréable session de lecture.
 
Sébastien Baud
 

On peut se procurer ce roman en vente par correspondance ici ou en le commandant directement à contact.ccottetemard@yahoo.fr

Pour les personnes d'Oyonnax et sa région, l'ouvrage est en vente au kiosque de l'hôpital d'Oyonnax au prix de 10 € et peut être aussi demandé à la librairie Buffet d'Oyonnax. Il est en outre disponible au prêt à la médiathèque municipale d'Oyonnax, centre culturel Aragon.

14 octobre 2024

Dimanche, c'était le salon Attignat en livres

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Je ne sais pas qui a pris la photo, mais on ne m'a pas raté dans une de mes manies : à défaut de pouvoir fumer dans un lieu public, renifler un Hoyo de Monterrey (en principe discrètement) entre deux signatures.

Blague à part, un salon fructueux à tous égards (contacts, retrouvailles, ventes...) Merci à Robert Ferraris, romancier bien connu, auteur de polars et créateur du salon, ainsi qu'à toute l'équipe d'organisation.

18 août 2024

Hommage / Roland Tixier (1946-samedi 17 août 2024)

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Roland Tixier. Chaque fois l'éternité

Un mystère Tixier ? Je finirais par le croire. Depuis le temps, comment fait-il pour ne jamais me lasser de l’instant, de la sensation, des cinq lignes par page (je n’ose même pas écrire des cinq vers par page parce qu’il ne prend aucune posture de poète). Il faut pourtant compter Roland Tixier au registre de la poésie, même s’il ne presse pas la langue française comme un citron, même s’il ne la  déconstruit pas, même s’il ne la tortille pas dans tous les sens. Se contente-t-il d’un sujet, d’un verbe et d’un complément ? Pas forcément. Souvent, l’énumération suffit. Moins de vingt mots et voici réunis le clair et l’obscur, l’espace et le confinement, le mouvement et l’immobilité dans cet extrait d'un recueil aussi bref que son titre est immense, Chaque fois l'éternité  :

La nuit
 
la veilleuse mauve
 
les vitres froides 

la lumière des gares
 
où l’on ne s’arrête pas

Poète voyageur Roland Tixier ? Dans le temps un peu, dans l’espace pas beaucoup plus. Le temps d’un voyage d’enfance entre le bitume et le talus, le temps de glisser entre des pages un fragment d’été à la campagne au milieu du vingtième siècle, le temps d’un battement de paupières pendant lequel un monde a succédé à un autre. Comment dire  ? Chaque fois l’éternité, évidemment. (Texte extrait de mon recueil d'essais En lisant).

Christian Cottet-Emard

Un de mes articles sur Roland Tixier :

Un piéton de Villeurbanne

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Roland Tixier, Simples choses, (postface de Nicole Vidal-Chich) éditions Le Pont du Change, 161 rue Paul Bert, 69003 Lyon. 80 p, 13 €. 2009. Port gratuit.

Villeurbanne, Vaulx-en-Velin et peut-être d’autres confins de ce qu’on appelle le Grand Lyon ont leur poète. Il s’appelle Roland Tixier, marche beaucoup et accorde son pas au rythme de visions fugitives (« n’être autre que ces pas / d’une rue à l’autre / quelques instants insaisissables »). Il en naîtrait presque une moderne épopée, depuis tant de recueils publiés par ce maître de la notation brève, dans le style des haïkus urbains, si ce promeneur ne se souciait comme d’une guigne de jouer le passant considérable.

Ainsi, dans son dernier opus intitulé Simples choses, Roland Tixier persiste-t-il à se fondre dans le paysage urbain ou semi-urbain (« je pars je me fonds / dans le gris léger / à l’est du périphérique ») que nous avons vite fait de juger inhumain alors qu’il est justement chargé d’humanité. Le quai, le square, le bus, le quartier, le bureau de poste, le banc, la gare, le trottoir, le parking, la banlieue, le supermarché, la supérette que les discours convenus relèguent souvent dans un pluriel hostile et lointain retrouvent leur singulier lorsque le poète piéton les nomme. Tel est un des pouvoirs de la poésie. La vie qui semblait vouée à se dissoudre dans l’anonymat des mornes et rectilignes perspectives des « grands ensembles » regagne alors sa dimension quotidienne et individuelle avec ses présences saisissantes (« clochard ravagé / peu de vie dans son caddie / de supermarché »), intenses (« elle au volant il l’embrasse / garée à la diable / warning allumé ») rassurantes (« bonheur d’une journée / être près de vous debout / sur ce quai de bus ») souriantes (« trois pigeons devant la mairie / picorent les grains de riz / lendemain de mariage »). En trois lignes, le collectionneur de « simples choses » peut nous emmener loin (« amoureux perdus / sur le chemin de halage / matinée de brume ») ou restreindre le cadre jusqu’à nous faire éprouver la sensation physique de l’enfermement (« loin de ses repères / petit merle apeuré / entre les haies d’automobiles »).

Lorsqu’il consent à se mettre en scène, c’est à la façon, fugace, d’un Alfred Hitchcock dans les premières images de ses films et l’on se surprendrait presque à s’exclamer : « Tu as vu, au début de ce poème, le type qui monte dans le bus ? C’est Roland Tixier ! » . Mais ce passant de la « bienheureuse marche » au pas aussi léger que son sac à dos peut très bien être vous et moi parce que l’auteur de ce livre nous prend vraiment en sympathie (« ah ! mes compagnons de bus / bonheur d’être près de vous / logé à la même enseigne »).

Christian Cottet-Emard

La réponse de Roland à cet article :

Merci Christian pour ton attention et ta bienveillance.
Grâce à toi, je mesure un peu plus le sens de mon propos,
comme si mon écriture me parlait à moi-même. Ton sentiment fait effet de révélateur. Merci.
Le fait de tant marcher m'exclurait-il du club des Pantouflards? Que j'ai lu pourtant,en son temps, avec bonheur.
Peut-être en novembre, dans le Grand Lyon, à Bellecour?
Amicalement,
Roland

La dernière fois que j'ai vu Roland, en sortant de notre lecture commune à la médiathèque de la Part-Dieu à Lyon voici une dizaine d'années :

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De gauche à droite :

Roland Tixier, Christian Cottet-Emard, Frédérick Houdaer, Jean-Jacques Nuel, Patrick Dubost