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15 septembre 2008

Otages du nucléaire

J’ai vu pour la deuxième fois le terrifiant documentaire intitulé La Bataille de Tchernobyl. En tant qu’otage du nucléaire, comme nous le sommes tous désormais, j'ai toujours en tête les anecdotes personnelles dont ce film réveille le souvenir.

1986

Quelques jours après la catastrophe du 26 avril 1986, sans doute pendant le passage du nuage radioactif, il pleuvait sans discontinuer sur l’Ain et la Franche-Comté. J’étais alors rédacteur dans un quotidien et, sous prétexte de collisions aux carrefours, d’assemblées générales et d’inaugurations avec gobelets plastiques, en retard à toutes les fêtes auxquelles j’étais invité. Un de ces soirs, j’étais passé chez moi pour me changer avant d’aller festoyer et j’avais trouvé sur la table les trois quotidiens que je recevais, un local et deux nationaux. Le journal régional pour lequel je travaillais évoquait brièvement un « incident nucléaire » . L’un des deux nationaux préférait employer le terme d’« accident nucléaire » . Quant à l’autre quotidien national, il titrait à la une « Catastrophe nucléaire » .

1976
Vers 1976, j’étais lycéen et j’assistais aux réunions du comité antinucléaire. C’était le temps des autocollants orange « Nucléaire ? Non merci ! » qui constellaient les carrosseries, notamment celles des 2cv, des 4L, des Ami 6 et des vieux minibus repeints à la mode psychédélique. J’entendais parler pour la première fois de la sinistre éternité du plutonium et des conséquences d’un éventuel accident nucléaire civil. Mais à l’époque, les craintes se focalisaient sur le nucléaire militaire. Malgré la qualité des informations divulguées, les réunions du comité antinucléaire local partirent en quenouille car elles furent rapidement noyautées par quelques extrémistes partisans du Grand Soir et des listes noires, aussi peu soucieux du risque nucléaire que bien décidés à récupérer le mouvement.

1996
En 1996, ma fille revint un jour de son école primaire avec un formulaire d’autorisation de sortie à signer par les parents. Au programme de l’excursion, visite d’une centrale nucléaire. Je fus le seul parent d’élève à ne pas signer l’autorisation de sortie pour ce voyage de propagande, à la grande fureur de la directrice de l’école que je retrouvai plutôt gênée quelques semaines après, lors d’un vernissage, après que la presse eût relaté l’existence de taux de radioactivité anormaux dans certains secteurs de cette centrale.

2008
La semaine dernière, un bref article de la presse locale signalait la reprise des visites scolaires dans cette même centrale.
Me revient aujourd’hui en mémoire un ancien documentaire sur les essais atomiques américains dans le désert auxquels on conviait le public muni de lunettes sombres à admirer l’éclair. Ce film diffuse les témoignages et le combat en justice des victimes irradiées au cours de ce « spectacle » . En ce temps-là, au milieu du vingtième siècle, la propagande pour le nucléaire fonctionnait déjà à plein régime.

Note :
On trouve sur internet plusieurs sites dressant la liste des accidents nucléaires connus. Par exemple :
http://www.science-et-vie.net/definition-liste-accidents-...