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09 mai 2011

Nucléaire

 À lire ici, sur Rue 89, Corinne Lepage : « nos dirigeants nous mettent en danger. »

Et ici, pour La Vie, le point de vue d'Hubert Reeves : « Ce conflit entre la sécurité et le profit est pour moi une des raisons pour laquelle je pense que le nucléaire est une activité trop dangereuse pour être confiée aux « humains trop humains » (pour reprendre l’expression de Nietzsche). On ne laisse pas les enfants jouer avec les allumettes. »

17 mars 2011

De l'engagement politique (notes éparses)

tchernobyl,three mile island,abstentionnisme,vote blanc,epr,nucléaire,comités antinucléaires,politique,engagementEn 1975, si je me souviens bien, je traînais au lycée et j’assistais aux réunions du comité antinucléaire local. Ce qui me frappe encore aujourd’hui, c’est la précision et la qualité des informations techniques qui nous étaient communiquées lors de ces rencontres et de ces débats. Informations pessimistes dont la justesse s’est révélée non seulement avec la réalisation des scénarios catastrophes que nous avons connus en 1986 (Tchernobyl) et aujourd’hui (Fukushima) mais encore dès 1979 (Three Mile Island). Je ne parle ici que des accidents civils les plus médiatisés. Pour les autres, civils et militaires, il suffit de consulter les listes impressionnantes, faciles à trouver sur internet.

Après plusieurs séances, j’ai fini par déserter le comité antinucléaire, à partir du moment où celui-ci a commencé à être investi par des excités membres de divers groupuscules, des types connus pour peaufiner des listes noires avec personnes à abattre en priorité au moment du Grand Soir, des types qui nous encourageaient à profiter du service militaire pour y apprendre à manier des armes que nous pourrions retourner le moment venu contre ceux qui nous les avaient confiées. Bien que ce discours n’ait pas du tout séduit les candidats à la réforme que nous étions pratiquement tous, il eut surtout pour effet de mettre par terre tous les efforts des militants du comité antinucléaire.

Par la suite, la lutte antinucléaire connut divers aléas que je suivis de loin en lisant la presse. Il n’était pas difficile de comprendre que les choix nucléaires étaient faits depuis longtemps et qu’on pouvait toujours en débattre si cela nous amusait. Ces expériences peu propices à l’aspiration à un éventuel engagement politique (elles furent pour moi à l’origine d’une longue période d’abstentionnisme) me conduisirent à me concentrer sur un but plus accessible et plus personnel, à savoir mon refus du service militaire. Une fois ma réforme obtenue, j’entrai dans ce qu’on appelle bêtement la vie active et continuai d’autant plus à me désintéresser de la politique que j’étais aux premières loges, dans mon sot métier de journaliste localier, pour en voir certains navrants acteurs à l’œuvre.

Le plus drôle est qu’au cours de mes années de presse écrite, j’ai été approché par des élus de gauche comme de droite qui me faisaient comprendre que je pouvais être accueilli dans leurs rangs, non pas pour mes éventuelles qualités personnelles mais parce qu'un politique apprécie souvent d'avoir un journaleux à sa botte en lui faisant croire qu'il fait partie du cénacle. Mais j’étais bien trop accaparé par le démon littéraire pour vendre mon âme à ces pauvres diables de politicards. De plus, j’avais encore cette histoire de comité antinucléaire en travers de la gorge. Et puis, de toute façon, je ne suis pas politiquement fiable (on me croit à droite quand je parle sécurité et à gauche quand je réclame du social, toujours plus de social, et on ne sait plus où me ranger quand j’affirme que la plupart des industriels sont nos ennemis).

Aujourd’hui, il m’arrive parfois de voter, toujours contre quelqu’un, jamais pour. La comptabilisation du vote blanc me serait bien utile. Mais de toute façon, pendant ce temps, le nucléaire continue. Bientôt les EPR ! Les enseignes commerciales et les bureaux vides pourront continuer de briller la nuit. Que demande le peuple ?

Oui, que demande le peuple ? Rien peut-être. Où alors du courant à tout prix pour pouvoir oublier les ténèbres, s'étourdir comme les papillons de nuit autour des lampadaires. Le plus désolant aujourd'hui est que nous ne pouvons même plus être antinucléaire puisque les centrales sont là et qu'il faudra faire avec, même si par extraordinaire, elles devaient toutes fermer. Même à l'arrêt, le nucléaire est là et sera désormais toujours là. Quant au nucléaire militaire, il faut hélas bien reconnaître que l'effroi qu'il inspire nous a garanti jusqu'à maintenant, au moins en ce qui concerne les grandes puissances, une paix relative depuis la fin de la seconde guerre mondiale. L'équilibre de la terreur pour toute consolation...

Allons, finissons sur une note d'espoir. Stéphane Hessel vient de publier Engagez-vous ! Voilà qui nous donne décidément du baume au cœur !

15 septembre 2008

Otages du nucléaire

J’ai vu pour la deuxième fois le terrifiant documentaire intitulé La Bataille de Tchernobyl. En tant qu’otage du nucléaire, comme nous le sommes tous désormais, j'ai toujours en tête les anecdotes personnelles dont ce film réveille le souvenir.

1986

Quelques jours après la catastrophe du 26 avril 1986, sans doute pendant le passage du nuage radioactif, il pleuvait sans discontinuer sur l’Ain et la Franche-Comté. J’étais alors rédacteur dans un quotidien et, sous prétexte de collisions aux carrefours, d’assemblées générales et d’inaugurations avec gobelets plastiques, en retard à toutes les fêtes auxquelles j’étais invité. Un de ces soirs, j’étais passé chez moi pour me changer avant d’aller festoyer et j’avais trouvé sur la table les trois quotidiens que je recevais, un local et deux nationaux. Le journal régional pour lequel je travaillais évoquait brièvement un « incident nucléaire » . L’un des deux nationaux préférait employer le terme d’« accident nucléaire » . Quant à l’autre quotidien national, il titrait à la une « Catastrophe nucléaire » .

1976
Vers 1976, j’étais lycéen et j’assistais aux réunions du comité antinucléaire. C’était le temps des autocollants orange « Nucléaire ? Non merci ! » qui constellaient les carrosseries, notamment celles des 2cv, des 4L, des Ami 6 et des vieux minibus repeints à la mode psychédélique. J’entendais parler pour la première fois de la sinistre éternité du plutonium et des conséquences d’un éventuel accident nucléaire civil. Mais à l’époque, les craintes se focalisaient sur le nucléaire militaire. Malgré la qualité des informations divulguées, les réunions du comité antinucléaire local partirent en quenouille car elles furent rapidement noyautées par quelques extrémistes partisans du Grand Soir et des listes noires, aussi peu soucieux du risque nucléaire que bien décidés à récupérer le mouvement.

1996
En 1996, ma fille revint un jour de son école primaire avec un formulaire d’autorisation de sortie à signer par les parents. Au programme de l’excursion, visite d’une centrale nucléaire. Je fus le seul parent d’élève à ne pas signer l’autorisation de sortie pour ce voyage de propagande, à la grande fureur de la directrice de l’école que je retrouvai plutôt gênée quelques semaines après, lors d’un vernissage, après que la presse eût relaté l’existence de taux de radioactivité anormaux dans certains secteurs de cette centrale.

2008
La semaine dernière, un bref article de la presse locale signalait la reprise des visites scolaires dans cette même centrale.
Me revient aujourd’hui en mémoire un ancien documentaire sur les essais atomiques américains dans le désert auxquels on conviait le public muni de lunettes sombres à admirer l’éclair. Ce film diffuse les témoignages et le combat en justice des victimes irradiées au cours de ce « spectacle » . En ce temps-là, au milieu du vingtième siècle, la propagande pour le nucléaire fonctionnait déjà à plein régime.

Note :
On trouve sur internet plusieurs sites dressant la liste des accidents nucléaires connus. Par exemple :
http://www.science-et-vie.net/definition-liste-accidents-...