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07 août 2014

Carnet / Du sport comme anéantissement

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Mon aversion pour le sport est non seulement d’ordre politique et idéologique, mais encore d’ordre esthétique. 

Je trouve que tout est laid dans le sport : les endroits organisés où il est pratiqué (stades, salles de gymnastique), les vêtements, les chaussures, le matériel, le corps harnaché, sanglé, moulé dans ce qui n’est ni plus ni moins que des uniformes, les sons (cris, coups de sifflets, clameurs, hurlements, vociférations).

Ce qu’on appelle pompeusement « l’esthétique du sport » relève en réalité d’un authentique fétichisme de la trivialité. Cette trivialité apparaît souvent dans la littérature sportive, notamment dans le livre d’Haruki Murakami, Autoportrait de l’auteur en coureur de fond (éd. 10/18).    

J’y pensais l’autre jour en voiture en attendant qu’un troupeau de cyclistes consente à me laisser un peu d’espace sur la route pour le dépasser. On y distinguait à peine les hommes des femmes, casqués, le visage barré de lunettes noires, tous les corps étant boudinés dans ces horribles combinaisons avec un renforcement ridicule (en forme de cœur !) sur les fesses. 

Que reste-t-il comme sensations à un cycliste ainsi enfermé dans son armure de polyester ? Certainement pas la brise d’été sur la peau et encore moins l’émotion du paysage, non, les seules ivresses, les seules qui restent, les seules qui comptent, ce sont la vitesse, le temps chronométré et la quête frénétique du mouvement pour le mouvement. 

On a ici affaire à l’obsession de s’oublier, de ne plus penser, à une volonté de dispersion de soi-même dans l’effort qu’on produit. Une des nombreuses et banales variantes de la pulsion de mort, pierre angulaire des activités sportives et militaires régies par les mêmes prétendues «valeurs».

 

Commentaires

Il est vrai que le sport se mélange un peu comme l'huile et l'eau avec la poésie... Pourtant Blondin disait de Poulidor qu'il savait négocier les mirages...

ou encore:

« Si on allait boire un coup ? dit Camier.
Je nous croyais d’accord, dit Mercier, pour ne plus boire qu’en cas d’accident, ou d’indisposition. Cela ne figure-t-il pas parmi nos nombreuses conventions ?
Il ne s’agit pas de boire, dit Camier, il s’agit de prendre un petit verre, en vitesse, pour nous donner du coeur au ventre.
Ils s’arrêtèrent au premier bar.
Pas de vélos ici, dit le patron.
Réflexion faite, ce n’était peut-être qu’un employé.
Lui, il l’appelle un vélo, dit Camier.
Sortons, dit Mercier.
Fumiers, dit le barman.
Et maintenant ? dit Camier.
Si on l’attachait à un bec de gaz ? dit Mercier.
On serait plus libre, de ses mouvements, dit Camier.
Ils se décidèrent finalement pour une grille. Cela revenait au même.
Et maintenant ? dit Mercier.
On retourne chez monsieur Vélo ? dit Camier.
Jamais, dit Mercier.
Ne dis jamais ça, dit Mercier.
Ils allèrent donc au bar d’en face. »

Samuel BECKETT, Mercier et Camier, Editions de Minuit.

Écrit par : jacki maréchal | 07 août 2014

Un de mes amis devenu addictif à la course à pieds me confiait que cela déclenchait chez lui des bombardements d’endorphine, assez proches du plaisir orgastique. Je n’ai pas souhaité pour ma part tester cette curieuse et intéressante possibilité car je vous rejoins dans l’exécration des tenues et endroits dédiés à ces pratiques. Sauf à les vivre différemment, ce qui est sûrement possible :)

Écrit par : Phédrienne | 07 août 2014

Oui, il y a sûrement de la chimie là-dedans ! J'ai profité de votre visite pour explorer votre site très intéressant.

Écrit par : Christian Cottet-Emard | 07 août 2014

C'est très aimable à vous, merci :) !

Écrit par : Phédrienne | 07 août 2014

Les commentaires sont fermés.