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15 janvier 2007

Préface de l'auteur

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Préviens les lecteurs qu’ils risquent d’être déçus

Que tu es toujours tenté de te servir de rebuts

Que tu ne veux rien ni prose ni poésie ni mal ni bien écrire

Préviens les lecteurs qui ont le droit d’être prévenus comme les mangeurs de biscuits secs « peut contenir des traces de »

Peut contenir des traces de n’importe quoi :

Toi en jeune homme (1977 ? 1978 ?) qui ne pense jamais à la mort

La rue un ciel parme comme une corolle de crocus un crépuscule d’avril avec un merle au bec orange donc un mâle jeune comme toi c’est-à-dire qui ne pense pas à la mort des cigarettes blondes sans filtres en paquet rouge souple

Et ce moment qui contenait tout cela mais rien d’autre et qui t’est resté va savoir pourquoi dans la tête depuis tout ce temps comme le goût de ces cigarettes blondes mais très fortes que tu ne fumes plus depuis longtemps car tu n’es plus un jeune homme qui ne pense jamais à la mort

Préviens tout le monde qu’ils seront sûrement déçus (peut contenir des traces de)

Que tu déçois comme d’autres cassent de la vaisselle

Peut contenir des traces de

Peut contenir des traces

Peut contenir des

Peut contenir

Peut

Peu

Pe

P

Copyright : Orage-Lagune-Express, 2007.

10 janvier 2007

En mer

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L’odeur fade de la mer une brise inconnue la porte

Comme une bonne nouvelle rescapée des lointains

J’en oublierais la mélancolie des tôles géantes

Qui gémissent dans les profondeurs

Et la main sur le bastingage poisseux

La routine du matelot dans ses câbles


Le Monde lisible (extrait). Copyright Orage-Lagune-Express, 2004.

Photo : avant l'arrivée en Sardaigne.

05 janvier 2007

Sur le lac gelé

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Toutes les années tu marches sur le lac de dix-neuf mètres de profondeur qui gèle en quelques nuits de lune claire

Tu te tiens debout là où les nageurs de l'été font la planche un moment avant de continuer la traversée

Tu envoies ta fumée dans les sapinières brossées au givre et au grésil

Après le havane sur le lac gelé tu peux boire un vin chaud à l'auberge silencieuse au milieu de la forêt

Tu peux aussi demander une assiette anglaise et contempler depuis la fenêtre le chemin que tu as parcouru sur la glace

Tout cela n'a l'air de rien et ne vaut peut-être pas le projet d'un poème c'est juste ta vie dans ses paysages

Et tu sais depuis l'enfance d'où tu voyais déjà le lac derrière la même fenêtre que ces jours ne sont pas des rêves

Le lac gelé dans la forêt de résineux la fenêtre de l'auberge le vin chaud l'assiette anglaise sont des prodiges de réalité

Et nulle part si tu partais si tu te perdais tu ne pourrais retrouver ce lac cette forêt cette auberge uniques et irremplaçables

Comme l'est tout ce qui peut être perdu ainsi que le veut notre consolation


Copyright : Orage-Lagune-Express, 2007.