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19 août 2015

Carnet / De la poésie qui va se nicher dans des petits films de rien du tout, de l’envie de changer de pays et d’un cauchemar

En rêvassant dans l’air tiède, assis devant la maison sous les nuages de la nuit, ces mots ont remonté je ne sais pourquoi de ma conscience : « Histoires vraies qui ressemblent à des contes, contes qui ont l’air d’histoires vraies, charriées par le grand fleuve... » J’ai passé plusieurs jours à me demander quelle pouvait bien être l’origine de cette réminiscence et j’ai même feuilleté des recueils de poèmes à la recherche de ces bribes. J’ai fini par trouver qu’il s’agissait de la fin du film de Carmine Gallone, Don Camillo Monseigneur

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Le souffle d’un orage lointain a dégagé une partie du ciel et j’en ai vu une en même temps qu’un faible éclair. J’ai donc fait un vœu tout en me disant que j’avais déjà le principal de ce qu’il faut pour être heureux, notamment la chance de vivre bien accompagné dans une nature tranquille où la brise d’été apporte la musique familière des cloches et des clarines, comme en Suisse toute proche de l’autre côté de la montagne. La Suisse, un des pays où je me verrais bien vivre, mais aussi en Italie et au Portugal. Évidemment, dans l’espace privé, je me sens bien en France mais c’est de moins en moins le cas dans l’espace public.

Dimanche 9 août, j’étais au deuxième concert de la seizième Académie Internationale de Musique de Nantua Pays du Haut-Bugey, le beau festival porté à bout de bras par le vaillant Guy Dangain. Comme d’habitude, la foule à l’abbatiale Saint-Michel pour écouter des musiciens de grande classe (la pianiste Shoko Gamo, le violoncelliste Sylvain Rolland dans un programme Chopin) et Guy Dangain qui appelle pourtant à l’aide parce que ce temps fort de la vie musicale est menacé. 

J’en reviens à ce que j’écrivais plus haut : comment ne pas être tenté de prendre de la distance avec un pays qui ne soutient plus ses artistes, qui n’établit plus de hiérarchie entre ce qui relève de la culture et de l’animation sous prétexte de je ne sais quel élitisme ? Oui, la vraie culture est élitiste, et c’est ce qui fait son intérêt. Qu’avons-nous à gagner au nivellement par le bas ? Rien. Dans le domaine de la culture, c’est en visant haut qu’on a le plus de chance de faire du social. Oui, la culture c’est l’élite, mais c’est une élite ouverte où chacun est bienvenu dès l’instant qu’il en ressent le désir.

Contrairement à ce qu’on persiste à croire depuis trop longtemps, ce n’est pas à la culture d’aller vers les gens, c’est à l’individu d’aller  vers elle s’il en ressent le besoin. Et qu’on ne me dise plus qu’il s’agit d’un problème financier pour le public car aujourd’hui, ce n’est plus vrai. Un exemple parmi tant d’autres : les trois grands concerts d’été à Nantua animés par Guy Dangain sont gratuits, déplacent les foules et perdent pourtant des subventions. Cherchez l’erreur...

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En plus de la morne épouvante que suscite l’évolution politico-religieuse décrite dans cette fiction, j’ai trouvé dans ce roman une illustration de plus de ce que j’ai toujours pensé : si le fascisme revenait en force, ce serait sous une forme molle, mais ce serait le fascisme quand même. Le tout est d’en être suffisamment conscient pour empêcher que cela ne se produise. 

À cet égard, je suis d’une génération qui doit revoir tous ses modes de pensée et rompre avec toute une batterie de bons sentiments certes utiles en leur temps révolu mais désormais totalement inadaptés au monde de l’après 11 septembre 2001.

 

15 juillet 2015

Carnet / De la guitare de Sergio Laguado et de la voie lactée

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Je l’ai écouté pour la première fois au printemps à Oyonnax au festival Chromatica dans l’atelier de l’artiste plasticien Jacki Maréchal où il est revenu tout récemment pour une deuxième soirée précédée d’une autre prestation oyonnaxienne au bar le Sporting.

Ambiance de café ou de concert, il semble à l’aise partout, à la fois décontracté et concentré, discret mais très présent. Public varié ou amateurs éclairés, tout le monde dresse l’oreille et en redemande.

Il faut dire que Sergio Laguado a quelque chose de plus qu’un talent d’interprète, quelque chose de plus qu’une maîtrise instrumentale, quelque chose de plus qu’un style, quelque chose qu’on ne peut pas désigner par des mots mais que chaque auditeur ressent au plus profond de lui-même dès les premières mesures.

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Sa guitare raconte des histoires de pays lointains, des traditions qui traversent les siècles et les océans, des joies légères et de secrètes mélancolies.

Je crois que l’une des caractéristiques de ce musicien consiste peut-être à libérer les répertoires populaires et savants de leurs excès de patine.

Sergio Laguado apporte son classicisme technique aux musiques populaires et sa créativité sans emphase, toujours respectueuse de l’esprit et de la lettre, au répertoire classique. Sa volonté de transmettre une voix, qu’il s’agisse de celle d’un compositeur ou d’une tradition, irrigue et fertilise son style personnel qu’il ne théâtralise jamais. 

Il a non seulement l’art de souligner avec une rare sobriété de jeu l’élégance originelle des musiques traditionnelles sud américaines dont il enrichit ses programmes mais encore une fascinante capacité à exprimer les univers propres à ses compositeurs de prédilection, qu’il s’agisse du vénézuélien Antonio Lauro (1917-1986), du colombien Gentil Montana (1942-2011), de l’afro-brésilien Celso Machado (né en 1953) ou des espagnols Francisco Tarrega (1852-1909) et Isaac Albéniz (1860-1909). J’espère qu’il enregistrera vite un disque. En attendant, guettons ses affiches !

***

Ce soir, sous l’opalescence de la voie lactée, au milieu des myriades d’étoiles révélées par l’absence d’éclairage public, je ne suis pas mécontent de moi car j’ai réussi à rester cinq minutes sans penser à ce qui me tourmente jour et nuit depuis deux ans.

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Ce bref moment d’immobilité dehors, dans les plis du grand rideau nocturne à peine entrouvert par les petites lanternes solaires disposées sur la table blanche de la pelouse a intrigué la chatte Linette venue de je ne sais où se frotter contre mes jambes avec l’air de demander : qu’est-ce qui t’arrive à rester ainsi debout sans bouger dans l’herbe ? Lorsqu’elle a constaté que tout était quand même normal, elle est repartie patrouiller sous les frênes pour continuer à s’assurer de l’intégrité de son territoire.

07 juillet 2015

Oyonnax (Ain) : guitare et flûte à l'Atelier jeudi 9 juillet

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