31 décembre 2022
Mon herbier de Noël et du nouvel an
L’hellébore noir
Noir hellébore nom ténébreux donné par quel chagrin sorcier à cette belle des frimas en aube blanche et aux joues roses
Le houx
Dans le sous-bois l’automne madame houx met son collier et court quand vient le marché de Noël un grand danger
Le gui
Drôle d’idée par Saint-Sylvestre de s’embrasser sous les joues rondes et pâles de ce petit vampire des arbres
Le lierre
Le lierre aime les vieilles pierres la pierre aime les jeunes lierres ainsi toujours en sera-t-il et contre cet amour le givre ne peut rien
Le fusain
Le fusain prend sous son bonnet de si bien briller en automne que pour la messe de minuit le voilà tout ratatiné
L’épine noire
Quand ralentit le cœur du passereau dans la nuit blanche l’épine noire veille et ouvre ses prunelles
Que ces petites lunes bleues soient de bon bec ô palpitant
(Extrait de Veilleuses, mon dernier recueil récemment paru).
© Ed. Orage-Lagune-Express et Christian Cottet-Emard, 2022.
Livre également disponible en vente au kiosque de l'hôpital d'Oyonnax.
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26 décembre 2022
Carnet / Supermarchés, poètes et patates
Sur les pages internet d’un poète à la mode (je veux dire à la mode dans le microscopique écosystème de la poésie contemporaine bien-pensante) j’ai lu tout le mal que celui-ci (comme tant d’autres) pensait des supermarchés, ce qui est tout à fait son droit.
Ah, l’enfer du consumérisme, de l’abondance obscène ! Et tous ces gens (ces gens comme vous et moi) qui vont faire leurs courses et se payer une petite fantaisie de temps en temps, pour Noël, par exemple, au lieu de faire pousser des topinambours sur le rebord de leur fenêtre ! Ah non, vraiment ! Pouah !
Bon, d’accord, les supermarchés, la grande distribution, on peut discuter des défauts sans pour autant oublier les avantages et même les progrès. Je vous le donne en mille mais j’espère, pour moi et ma descendance, ne jamais connaître cette situation, la disparition de cette forme de commerce, car le jour où les hyper et supermarchés disparaîtront, cher poète, vous pleurerez très vite toutes les larmes, jusqu’aux dernières, que vous avez en stock. Vous vous précipiterez vers la dernière supérette encore ouverte où vous ne trouverez qu’une interminable file d’attente remplie de militants bio, colibris, vegans et autres alternatifs décroissants prêts à s’étriper pour un quignon de brignole ou un rogaton de frombec.
Il ne vous restera plus alors qu’à faire un détour vers l’armurerie ou la cave de « quartier sensible » la plus proche pour vous procurer une kalache destinée à défendre les trois patates que vous aurez peut-être extirpées à grand peine de votre lopin (si vous en avez un) à l’aide de votre vieux manuel de culture bio acheté chez Amazon à la rubrique jardinage écoresponsable au bon vieux temps où vous pouviez vous faire livrer.
Il vous restera certes la poésie mais, comme chacun sait, elle ne nourrit pas le corps du poète ni même, je me prends de plus en plus souvent à le penser à la lecture de nombre d’entre eux, son esprit.
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24 décembre 2022
Dédié aux bonnets de nuit
J’aime Noël
J’aime les marchés de Noël
J’aime la crèche chez moi, dans les églises et dans les villes
J’aime la messe de minuit à Saint-Pierre de Rome et partout ailleurs
J’aime mes deux sapins de Noël (un dans la maison, l’autre dehors)
J’aime les sapins de Noël géants des grandes villes
J’aime le grand sapin de Noël devant la mairie d’Oyonnax et la grande crèche extérieure de l'église Saint-Léger d'Oyonnax
J’aime les guirlandes
J’aime les cierges, les bougies et le parfum de leur fumée
J’aime les réveillons en famille
J’aime le Nouvel An
J’aime le concert du Nouvel An à Vienne et partout ailleurs
J’aime les villes illuminées
J’aime les vitrines qui brillent
J’aime les papiers cadeaux
J’aime ce qu’on mange à Noël et au jour de l’an
J’aime le champagne
J’aime les petits vins pétillants
J'aime les bouchons qui sautent
J’aime les bulles
J’aime l’Épiphanie
J’aime les Rois mages
J’aime la galette des Rois
Et nous sommes immensément nombreux à aimer tout cela et à le transmettre
J’aime tellement tout cela que j’en ai des insomnies
Et quand le rideau tombe j’aime attendre que ça recommence, n'en déplaise à tous les bonnets de nuit !
Photo 1 : un des sapins de Noël géants vu lors d'un de mes séjours à Lisbonne
Photo 2 : à l'intérieur du sapin
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