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13 juillet 2008

Dommage pour les moineaux !

Je lisais depuis un bon moment dans le jardin lorsqu’un fracas provenant des feuillages éparpilla une volée de moineaux et de merles. À peine avais-je levé les yeux qu’une ombre me frôla. Je n’eus même pas le temps de sursauter car mon regard se logea directement dans celui d’un jeune épervier à l’étrange comportement. Le rapace sautillait sur place, dans la pelouse, et semblait hésitant. Je le scrutai sans bouger d’un cil et je finis par distinguer sous ses serres le petit corps palpitant d’un moineau. D’un simple geste, j’aurais pu l’affoler au point de lui faire abandonner sa victime mais j’y renonçai sans savoir pourquoi. L’épervier me fixa pendant quelques secondes encore puis, constatant mon absence de réaction, agrippa sa proie et l’emporta dans les airs. Qu’est-ce qui m’aurait autorisé à le priver de son déjeuner, à contrarier la nature ?
La question me renvoya au souvenir d’une situation semblable dans laquelle j’eus la réaction inverse, ce qui me priva définitivement de la confiance d’un chat qui partagea plusieurs années de ma vie. Il avait réussi l’exploit de capturer un moineau sur le bord du balcon et jouait avec sur le parquet lorsque j’eus la mauvaise idée de lui confisquer l’oiseau encore intact en apparence et de le libérer. Il réussit à s’envoler mais son cœur minuscule ne résista probablement pas longtemps à cette agression. Quant au chat, il changea radicalement de comportement à mon égard. Le lien entre nous était brisé.
Cette petite chronique animalière me remet en mémoire un débat auquel je participais avec quelques auteurs voici plusieurs années. La plupart d’entre eux se réclamaient d’une « littérature urbaine » qui n’avait pas à s’encombrer des célébrations élégiaques d’une nature qu’ils jugeaient, à l’instar d’un Houellebecq, hostile et cruelle. J’eus du mal à expliquer que mes références constantes à la nature et à la campagne ne relevaient pas d’une « célébration élégiaque ». Dommage pour les moineaux !