24 août 2016
Concert de l'organiste Olivier Leguay à Viriat (Ain)
Jeudi 25 août à 20h en l'église de Viriat, Olivier Leguay, organiste et claveciniste, professeur de clavecin aux Conservatoires d'Oyonnax et Lons-le-Saunier, donnera un concert d'orgue.
Ce concert est organisé par les Amis de l'orgue de Viriat, l'entrée est libre avec participation aux frais. Au programme, des œuvres de Johann Jackob Froberger (1616-1667), Jacques Champion de Chambonnières (1601-1672) et Johann Sebastian Bach (1685-1750).
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07 juin 2016
En finir avec les insanités d’Insa Sané
Le moment d’en finir et de classer dans le registre des erreurs la scabreuse affaire Insa Sané, l’auteur rappeur (disons plutôt le rappeur auteur) imprudemment invité en résidence d’écrivain à Oyonnax, semble enfin venu. Je passerai sur l’article du Progrès du 4 juin où Sané, en plus de réitérer son injure publique à l’encontre d’une ministre en exercice, se répand en une comique autosatisfaction alors que son bilan consiste surtout en une détestable publicité pour le centre culturel Aragon.
À cet égard, il peut à juste titre revendiquer une évidente réussite, celle d’avoir semé la zizanie, conformément à la seule préoccupation de ce type d’intervenant. Les indulgents, les laxistes, les inconscients et les admirateurs béats disent qu’il a dérapé en intervention publique au centre culturel. Il n’en est rien. S’il y a dérapage, c’est contrôlé, calculé et assumé. Il suffit d’aller chercher du côté des orientations de son éditeur pour trouver un parfaite cohérence dans ses provocations. Je l’expliquerai à la fin de cet article.
Ce fâcheux épisode appelle encore quelques commentaires sur l’attitude des élus municipaux concernés, des responsables culturels et sur le rôle de la presse locale.
Sans l’hebdomadaire Voix de l’Ain qui a fait son travail dès le début en relatant le dérapage de Sané à la médiathèque, personne n’aurait eu connaissance de la gravité des faits complètement passés sous silence dans le compte-rendu de la correspondante locale du Progrès. Les journalistes professionnels de ce titre ont alors été bien inspirés de reprendre le sujet en main. On mesure ainsi la nécessité de l’accès à plusieurs sources d’information.
Du côté de la mairie qui a eu la bonne idée de mettre fin à la résidence d’auteur de Sané, force est de constater que tout le monde ne parle hélas pas de la même voix, notamment l’adjointe à la culture qui, il est vrai, est dans son rôle lorsqu’elle cherche tristement à minimiser ce scandale en le réduisant à « une péripétie » .
Cette affaire n’a pourtant rien d’une simple péripétie car elle relève de manquements graves : absence de discernement et de transparence dans le choix d’un intervenant extérieur, exposition de publics mineurs à des propos volontairement provocateurs et pouvant relever d’une plainte suivie d’une action en justice. La mairie et le centre culturel ont de la chance que personne ne soit allé jusque là.
Quel exemple et quel image de l'écrivain et de l'artiste donne-t-on à des collégiens dont certains ont besoin d’acquérir des repères dans la société et dans leur vie privée si on laisse sans barguigner un intervenant recruté pour des actions en faveur de la lecture traiter en public une ministre de « connasse » ? À ce reproche qu’on lui fait, on reste pantois devant la réponse de Sané : « C’est avant tout un jeu de mot, un trait d’humour. » Si l’on ne voit vraiment pas où est le jeu de mot, on distingue encore moins l’humour.
Sané ne cesse de pratiquer le double langage. Il use de la violence verbale et déclare dans la foulée : « Je ne prône pas la violence » . Il intervient dans les collèges et affirme : « Je n’ai pas la prétention d’éduquer les gens. » Ce discours sinueux, toujours entre la provocation et l’apaisement, est la marque de fabrique des manipulateurs.
C’est à cause de l’attitude et des propos incendiaires de gens comme lui, préférant infliger leur propagande à des collégiens plus influençables que des lycéens et des adultes, que nous risquons de nous retrouver un jour avec l’extrême droite au pouvoir parce qu’ils suscitent l’exaspération légitime de ceux qui sont attachés à leur culture et à leur mode vie.
Dans cette affaire, la conclusion du maire est opportune et nette dans sa fermeté : « Nous n’avons pas accepté ses propos {ceux de Sané} tenus devant un public parmi lequel figuraient des enfants. Il a sa liberté de parole, nous avons une liberté d’action. »
Sans doute habitué à être grassement payé depuis longtemps par des collectivités où règne encore (plus pour très longtemps j’espère) l’aveuglement de la gauche caviar ou bobo face au danger dans lequel se trouve le pays, Sané est tombé sur un os avec Oyonnax où je suis rassuré de voir qu’il existe encore quelques rares personnes bien décidées à ne pas gober sans broncher les leçons de morale à la mode consistant à marteler sans cesse que sous prétexte qu’on est issu de générations immigrées et qu’on a des comptes à régler avec le passé de la puissance coloniale française, on a tous les droits, y compris celui de dire et de faire n’importe quoi auprès de n’importe quel public. Sané ne s’en est pas privé avec son apologie de l’émeute, son appel à nier les valeurs et la culture occidentales et ses insultes contre Mme El Khomri (dont on peut déplorer l’action mais qu’on n’a pas le droit d’injurier en public).
Si l’intervenant officiel pratique impunément l’injure publique devant des jeunes et des enfants, comment les en dissuader le jour où ils s’autorisent la même chose face à un parent ou un enseignant ?
Extraits de l’intervention de Sané à la médiathèque municipale devant un public où se trouvaient de nombreux jeunes mineurs (source, hebdomadaire Voix de l’Ain) :
les émeutes de 2005 : « J’étais fier de voir une jeunesse se soulever sans message politique mais qui a compris qu’elle était en train de se noyer » . La journaliste témoigne : « Il énumère alors ce qui a été brûlé : voitures, écoles, bibliothèques » (alors qu’il intervient justement dans une bibliothèque !) « tout ce qui, selon lui, retenait les émeutiers à l’enfance. » La journaliste est tolérante, elle parle de second degré et essaie de retranscrire positivement ce que Sané a peut-être voulu dire ! Je le souligne au passage, pourquoi une telle volonté de ménager un individu qui s’adresse à des enfants de manière inappropriée ?
Si Sané était un véritable écrivain, il saurait que les mots ont un sens, un pouvoir à double tranchant, et qu’il eût été de sa responsabilité d’en user avec exigence et mesure au lieu de pratiquer la démagogie la plus primaire à destination d’un public de jeunes parmi lesquels certains manquent de mots et à qui il faut justement veiller à enseigner que le langage maîtrisé et « châtié » est la clef de la civilisation.
Au lieu de cette marque de respect élémentaire qu’un écrivain doit à un public qui ne maîtrise pas forcément l’expression et la dialectique (ce respect consistant en premier lieu à éduquer à la nécessité d’acquérir un langage riche et évolué pour comprendre et se faire comprendre autrement que par la violence verbale ou physique) Sané s’est livré à l’imprécation et aux injures publiques à l’encontre de représentants de l’État, des dirigeants qualifiés de « fieffés idiots » et une ministre gratifiée du mot « connasse » dont la journaliste note : « il (le mot) lui plaît tant qu’il le répète. »
La journaliste pointe alors son discours sur l’intégration : « Le problème de l’intégration est un mythe » assène-t-il. Et Sané d’enfoncer le clou : « Je comprends la vie de celui qui est heureux sans savoir la langue » . En pleine crise migratoire que l’Europe essaie de gérer comme elle peut, on appréciera le sens, la sagesse, la modération et la portée de tels propos !
Sané se prétend un artiste engagé. On voit ici qu’il n’est engagé que dans sa critique haineuse de la culture judéo-chrétienne. Et de marteler : « C’est avec l’arrivée des Arabes qu’on a donné un nouvel élan à la civilisation française au 16ème siècle » ! La journaliste le cite aussi niant que des monuments comme le Sacré-Cœur soient issus de la civilisation judéo-chrétienne. On peut comprendre qu’il y ait eu des inquiétudes concernant ses interventions en milieu scolaire !
Ces inquiétudes étaient à mon avis d'autant plus justifiées qu'il existe un détail peu connu du grand public. Si l’on s’intéresse à l’éditeur des livres de Sané, le responsable de la collection Exprim aux éditions Sarbacane, on découvre un combat que mène cet éditeur contre la loi de 1949 régissant les publications destinées à la jeunesse, une loi indispensable et dont personne de sensé ne conteste l’utilité et la mesure. Cet éditeur estime qu’il faut parler aux plus jeunes de drogue, de violence et de tous les sujets afférents comme à des adultes. Il remet en cause cette loi en ces termes : « elle est née pour des raisons très précises, dans un contexte d’après-guerre. Cette loi, selon laquelle on ne peut pas présenter sous un jour favorable la consommation de drogues ou la violence, etc., me semble en un certain sens complètement obsolète ». C’est écrit noir sur blanc sur son site internet, et Sané est son meilleur vendeur.
Si le ou les décideurs culturels responsables de la venue de Sané à Oyonnax ignoraient cet aspect remarquable de son curriculum vitae, ils ont fait preuve de légèreté. S’ils ne l’ignoraient pas, ils se sont naïvement exposés au fiasco retentissant de cette résidence d’auteur. L’erreur est humaine mais lorsqu’on a affaire à ce genre de profil, il faut s’attendre à des problèmes.
Dans l’article du Progrès dans lequel Sané se félicite lui-même sans vergogne, « l’artiste » reconnaît quand même un bilan « contrasté » à la fin de ses trois mois d’intervention dans les collèges. « Cela restera un tache dans ma carrière » dit-il. J’ajoute quant à moi qu’il s’agit surtout d’une tache dans la réputation du centre culturel Aragon.
Voilà qui fournira sans doute matière à réflexion pour les prochains recruteurs d’illusionnistes tels que Sané qui ne leurrent que ceux qui ont envie d’être leurrés.
Rappels et résumés de l'affaire Sané :
http://cottetemard.hautetfort.com/archive/2016/03/22/rap-...
http://cottetemard.hautetfort.com/archive/2016/04/0...
http://cottetemard.hautetfort.com/archive/2016/04/10/affa...
Du rap en général :
http://cottetemard.hautetfort.com/archive/2016/03/14/carn...
00:39 Publié dans NOUVELLES DU FRONT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : insa sané, oyonnax, ain, haut-bugey, rhône-alpes auvergne, france, rap, slam, culture, centre culturel aragon, drac rhône-alpes auvergne, voix de l'ain, le progrès oyonnax, polémique, propos polémique d'insa sané à la médiathèque d'oyonnax, médiathèque municipale d'oyonnax, blog littéraire de christian cottet-emard, imbroglio, scandale, situation ubuesque, christian cottet-emard, imposture du rap, culture oyonnax, centre culturel aragon d'oyonnax
21 mai 2016
Carnet / D’une antichambre du néant
Pour me préserver du risque d’entendre à nouveau grincer le portail de la maison où j’ai passé mon enfance et mon adolescence ainsi que cela s’est produit voici quelques années, ce qui m’a littéralement coupé le souffle et les jambes, j’évite de passer dans le quartier. Mais récemment, alors que je marchais au centre de la bourgade où j’ai vécu jusqu’en 2009, j’ai vu se dégager l’horizon de l’avenue menant à la gare après la démolition des entrepôts qui longeaient la voie ferrée, ce qui m’a placé la maison et son jardin en une perspective frontale, comme si le souvenir de sa perte m’était désormais constamment rappelé en ces parages.
Impossible d’approcher de la gare sans prendre en pleine face non seulement l’image de la maison vendue mais encore la vision de toutes celles, voisines, où tout gamin je circulais le long du chemin de fer en traversant leurs parcs et leurs jardins. Les vieux entrepôts faisaient écran à cette perte irrémédiable, ils étaient une enceinte de confinement à cette colère tour à tour brûlante et froide qui me tourne dans la tête et les entrailles depuis que cette maison a échappé à ma famille et qui me tient parfois éveillé tard dans la nuit comme en ce moment quand elle ne vient pas déferler dans mes rêves comme un torrent de lave.
Cette maison n’avait pourtant rien d’extraordinaire, une bâtisse assez massive construite dans un style courant au début du vingtième siècle avec un œil de bœuf au grenier, une grande fenêtre ronde à la salle de bain du rez-de-chaussée, une ouverture plus petite à la salle de bain de l’étage et un petit perron surmonté d’une verrière. Une cour cimentée et bordée latéralement par deux corps de bâtiments parallèles qui servaient à l’origine d’ateliers, séparée du boulevard par le portail grinçant que j’évoquais précédemment. Dans un recoin de la cour, un imposant tilleul, coupé par les nouveaux propriétaires, embaumait l’intérieur dès qu’on ouvrait les fenêtres, notamment celles des deux cuisines et de la chambre de bonne. À l’opposé, côté voie ferrée, un grand jardin avec des pommiers, des poiriers et des pruniers.
À l’époque où l’artisanat de peigne et d’ornement de coiffure de l’entreprise familiale avait laissé la place à la production de petite maroquinerie et d’objets publicitaires en matières plastiques, la presse à injecter installée dans un des ateliers envoyait des effluves sucrés assez écœurants dans la cour, une odeur qu’on retrouvait dans toutes les propriétés de la ville où cette activité battait son plein lors des Trente Glorieuses.
Lorsque mes grands-parents prirent leur retraite et que mon père se décida enfin à renoncer à la chimère de relancer l’entreprise, la propriété traversa les dernières décennies du vingtième siècle comme un bateau en dérive mais à peu près soustrait aux tempêtes des temps nouveaux. Et puis, passé l’an 2000 qu’on m’avait dépeint dans mon tout jeune âge comme l’ère extraordinaire de la science-fiction débarquant dans le monde réel, ce fut le début de la fin ordinaire, non seulement celle des héros et des bonnes fées mais aussi de leur palais de vérité et d’illusion. La maison vidée et vendue.
Je me sens confronté à quelque chose de hideux, de profondément morbide et funeste lorsque mon regard bute sur cette maison désormais dévoilée par le trou béant laissé par la destruction des entrepôts. En la voyant depuis les rues du centre ville de manière totalement anormale, la maison m’apparaît dans sa définitive étrangeté, au sens où elle m’est devenue pour toujours étrangère. Dans cette perspective radicalement nouvelle, comme il était impossible et impensable de la voir sous cet angle dans le temps où elle appartenait à ma famille et où elle constituait l’univers de mes débuts dans la vie, cette maison m’apparaît maintenant à l’envers, telle une de ces anomalies qu’on rencontre dans les cauchemars où un détail absurde nous ouvre une porte sur cet envers qui est aussi l’enfer et qui nous fait franchir une des sinistres antichambres du néant.
Dans mes rêves, je rachète la maison à n’importe quel prix et je la fais aussitôt raser de manière à ce que ne subsistent même pas les fondations. Une fois le terrain remblayé, je fais semer une pelouse au centre de laquelle je fais planter un tilleul et je me débrouille avec l’aide de mon notaire pour que rien d’autre que ce tilleul ne puisse s’installer et croître en ce lieu pendant cent ans. Alors, quand j’entends remonter le grincement du portail depuis les profondeurs du temps et du sommeil, je me réveille en sursaut, le souffle court, en proie à cette rage glaciale que j’emporterai avec moi jusqu’au tombeau.
* Note concernant les papiers à en-tête reproduits ici : le nom de l'entreprise familiale était composé d'une partie du nom d'état civil tronqué (Cottet au lieu de Cottet Emard) et du nom de jeune fille de mon arrière-grand-mère (Bondet).
Sur ce lien, un petit montage sur l'entreprise familiale de peignes et d'ornements de coiffure réalisé par Marie.
02:05 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maison d'enfance, maison, demeure, propriété, carnet, note, journal, écriture de soi, autobiographie, souvenir, passé, enfance, adolescence, prairie journal, colère, rage, insomnie, cauchemar, réveil en sursaut, douleur, néant, tombeau, perte, peigne, ornement de coiffure, matières plastiques, presse à injecter, plasturgie, blog littéraire de christian cottet-emard, entrepôt, démolition, tilleul, christian cottet-emard, entreprise cottet-bondet, oyonnax, boulevard, hantise, chagrin, vision, souffle, envers, enfer, porte, ain, rhône-alpes, haut-bugey, france, vallée des plastiques