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22 novembre 2006

Dans le vent



Le vent qui chevauche la saison

Je dois apprendre la joie de ce qu’il apporte

Me nourrir de ses belles images animées

Rythmer sa musique dans les arbres

Où dans sa multitude chaque feuille n’est qu’une et nulle autre

Être cette feuille qui accueille le vent

Et se contente de ce qu’il ramène

Comme d’un visiteur qu’on n’attend plus

Parce qu’il revient toujours à l’improviste

Étranger à lui-même et à l’Histoire

Comme d’un oiseleur riche de passereaux

 

- Le Monde lisible (extrait), éditions Orage-Lagune-Express, 2004.

29 octobre 2006

Avec les arbres

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La flaque d’eau toujours à la même place sur la route forestière où la vieille voiture attend n’est ni le miroir ni le contraire du monde juste une facette de ce diamant qu’on appelle la Terre

L’image condamnée à refléter ce qui n’est pas se dissipe dans l’évidence des feuilles rendues à l’air blond

Le grand vent patientera le temps de la colchique et de la campanule et tout ce qui s’alourdissait de peurs et de chagrins indéchiffrables s’unifie dans les instants d’accord entre la route et la rivière

L’épicéa qui rafraîchit les pas de mes aïeux les moins connus penche encore ses secrets sur les miens

Autour de nous se courbe une apparente éternité un infini à nos mesures à celle des brins d’herbe

Où est cachée l’horloge ? Et qui a décidé dans l’espiègle automne qu’aujourd’hui nous nous sentirions libres ?

Le fruit du jardin s’approche de la terre inconnue comme tout ce qui semblait se tourner vers le ciel

Des temps s’éloignent à la vitesse des astres et le mystère sous chacun de mes pas ne me fait plus sourire

Les seuls à me désaltérer encore de mes premiers regards sont les arbres penchés sur mes sorties d’école tilleuls d’automne où passe la main du vent hêtres et marronniers vieux maîtres indulgents qui dessinent un cercle autour de mes erreurs

En eux se concilient envol et pesanteur et je n’étais pas né qu’ils me savaient déjà promis à l’énigme de leur premier bourgeon

La profonde étrangeté du ciel où tombent les dernières corolles

L’inexplicable joie qu’on prête au vol de l’éphèmère dans l’ordre imprévisible des vents d’octobre

Au fond de la forêt la stupeur des naissances

La lumière en cascades qui ne révèlent rien que les couleurs des chiffres sur le tableau noir

Mais toujours la fenêtre qui rend à l’écolier le monde lisible


(Extrait de : LE MONDE LISIBLE, éditions Orage-Lagune-Express. Copyright Orage-Lagune-Express, 2004)