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16 septembre 2011

Tu écris toujours ? (66)

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(À Louis Watt-Owen)

Cher
Vous m’écrivez cet Emile dans lequel vous m’informez de votre désolante découverte dans votre boîte aux lettres : une invitation à la fête des voisins.

Comme je comprends votre fureur d’être obligé, en prévision de ce jour funeste, de descendre relever votre courrier à deux heures du matin puis de vous barricader jusqu'à ce qu’il ne reste plus de cette kermesse qu’un local à poubelles saturé de sachets de chips, de gobelets en plastique, de flacons de E330 et de canettes de bières. J’ai bien de la chance, me dites-vous, d’habiter dans une campagne avec pour seuls voisins quelques sangliers de la même humeur que vous et moi lorsque nous sommes dérangés dans nos écritures. Je dois pourtant placer un bémol sur la partition de votre bucolique vision de l’habitat rural. Des voisins, ma campagne en est aussi infestée que votre grande ville, la seule différence étant leur répartition dans l’espace et leurs habitudes. Sachez qu’au moment où je tape ces lignes, j’ai aussi tapé pour la vingtième fois sur la mouche qui vient déposer ses déjections sur mon ordinateur. Pour l’instant, elle est indemne mais pas mon ordinateur. Savez-vous d’où vient cette mouche ? Comme vous l’aurez compris j’emploie ici un singulier qui désigne aussi l’infâme multitude de ces petites sœurs avec lesquelles elle copule frénétiquement jusque sur la pointe de mon nez. Eh bien cette mouche est la conséquence directe des activités de mes voisins agriculteurs qui répandent au printemps dans les champs le fumier produit tout l’hiver en circuit fermé par leurs bovins. Dès les beaux jours, le troupeau s’esbaudit es champs comme dit Rabelais et c’est reparti pour notre malheureuse couche d’ozone mitée en musique, pour peu qu’il y ait des clochettes, par les flatulences de ces ruminants. Vous me rétorquerez que le même phénomène peut se produire pendant la fête des voisins à ceci près que les vaches, elles au moins, donnent du lait.

Allons ! Foin des vaches et des diptères qui me donnent au moins l’illusion d’être un auteur suisse (j’ai toujours rêvé d’être un auteur suisse, premièrement parce que ça fait chic et deuxièmement à cause de tout ce que je n’ai pas, à savoir, un compte dans une banque de Genève, l’heure exacte, un coucou qui sort de sa mansarde pour me la donner et du chocolat sans lécithine de soja et sans arôme de vanille.

Nous en étions donc à comparer les nuisances occasionnées par nos voisins urbains et ruraux. Ainsi que vous le soulignez vous-même dans votre message, vos voisins ont une fâcheuse tendance à devenir les miens lorsqu’ils se paient des vacances au vert voire une ancienne écurie à transformer en résidence secondaire. Même s’ils ont, Dieu merci (ou plutôt merci mon aïeul qui a bien choisi les terres où je me suis réfugié) peu de chance de m’infliger de la mitoyenneté, je peux hélas les voir longer mon tas de bois lorsqu’ils se promènent le dimanche, la panse repue de tartiflette en se prenant pour Paul-Émile Victor parce qu’ils ont dépensé tout leurs sous pour s’équiper chez Gogosport au lieu d’acheter nos livres, les mufles. Et je ne vous parle pas du vététiste au derrière turquoise ou mauve fluo cloné à des millions d’exemplaires qui compromet sans cesse la chasse à la taupe du matou Sir Alfred, en poste depuis une heure devant la taupinière dans l’attente d’en voir émerger un museau qui disparaît aussitôt parce qu’un peloton de ces fessus choisit ce moment pour surgir.

Ne croyez surtout pas que nous retrouvons notre tranquillité, Sir Alfred et moi-même, lorsque ces voisins d’un week-end ont fermé les persiennes de leur pittoresque maisonnette pour ouvrir les volets de leur appartement situé dans l’immeuble où vous organisez la résistance contre la prochaine kermesse de palier. Même si l’essentiel de mon espace vital est protégé, mes voisins permanents éprouvent la constante tentation d’en franchir les limites. Vous le savez, le voisin est une espèce grégaire et invasive qui menace gravement la nôtre, celle des auteurs à ne pas déranger. Une de mes parades les plus efficaces contre ces fâcheux est la sardine grillée dont une très faible quantité dégage un épais panache odorant provoquant en un rien de temps la fermeture de toutes les fenêtres ennemies dans un rayon d’un kilomètre. Puisque je ne peux guère vous conseiller cette arme de dissuasion sans grand effet dans votre immeuble, je vous recommande l’utilisation d’un autre animal, la babarotte, vous savez, ce gros cafard dont les légions tourmentent le narrateur du petit Chose d’Alphonse Daudet. Vous en disposez une dans un bocal et vous allez sonner chez vos voisins en prenant un air étonné et en leur demandant s’ils connaissent le nom de cette bestiole que vous avez capturée dans votre salle de bains. Ça les éloignera.

Extrait de TU ÉCRIS TOUJOURS ? (FEUILLETON D’UN ÉCRIVAIN DE CAMPAGNE). Cet épisode est paru dans Le Magazine des livres n°31 (juillet/août 2011), illustré par le dessinateur Miège. Précédents épisodes parus en volume aux éditions Le Pont du Change à Lyon (Un recueil de 96 pages, format 11 x 18 cm. 13 € port compris. ISBN 978-2-9534259-1-8). En vente aux éditions Le Pont du Change, 161 rue Paul Bert, 69003 Lyon. BON DE COMMANDE

Suite de mon feuilleton dans le Magazine des Livres n°32 qui vient de sortir dans les kiosques.

Photo déguisement cafard empruntée ICI

19 juillet 2011

Tu écris toujours ? (66)

feuilleton,tu écris toujours ?,christian cottet-emard,littérature,humour,lafont presse,écrivain,auteur,magazine des livres,éditions le pont du change,lyon,paris,dskLa suite de mon feuilleton Tu écris toujours ? vient de paraître dans le bimestriel Le Magazine des livres n°31 (juillet/août 2011) actuellement en kiosques. Titre de cet épisode illustré par le dessinateur Miège : Conseils aux écrivains gênés par les voisins.

 

 

 

Retrouvez des épisodes de mon feuilleton dans l'édition en volume de Tu écris toujours ? aux éditions Le Pont du Change.

Un recueil de 96 pages, format 11 x 18 cm. 13 € port compris. ISBN 978-2-9534259-1-8

En vente aux éditions Le Pont du Change, 161 rue Paul Bert, 69003 Lyon

BON DE COMMANDE

 Sommaire


LE MAGAZINE DES LIVRES n°31 / juillet-août 2011
Couv_Hdef

DOSSIER
100 chefs-d’œuvre inconnus, méconnus, oubliés par Claude-Henry du Bord, Pierre Canavaggio, Eli Flory, Christophe Mory et Joseph Vebret


ENTRETIENS
Marc Villemain : « L’écriture est souveraine » par Joseph Vebret
Éric Poindron. Collectionneur compulsif par Joseph Vebret
PREMIER ROMAN
Stanislas Wails : « Comment creuser profondément en soi » par Joseph Vebret
APARTÉ
Philippe et Pierre Schoeller ou l’écriture synesthésique par Laure Rebois

ACTUALITÉ
Le court-circuit de l’affaire DSK par Gerald Messadié
Extrait :
Le roman vrai de Dominique Strauss-Kahn, Michel Taubmann
IDÉES
Entretien - Édouard Philippe et Gilles Boyer. Dans les coulisses du pouvoir par oseph Vebret
Entretien - Jean-Pierre Denis. Le « scandale du christianisme » par Marc Alpozzo
Entretien - Christine Clerc. Bib Bang dans l’Église par Guilaine Depis
Soral, dernier round ? par Frédéric Saenen
Le cri de désespoir de Richard Millet par Gerald Messadié
Avec Jean Raspail par Christopher Gérard
POLÉMIQUE
Les écrivains sont-ils des plagiaires ? par Claude-Henry du Bord
DÉBAT
Lettre ouverte à Stéphane Hessel et aux Indignés de l’Indignation par Joseph Bialot
CARTE BLANCHE À…
François Bon : L’édition française en danger grave
Emmanuel Delhomme : Un libraire en colère
Charles Ficat : L’amour des livres

INÉDIT
Le Fifre, Eduardo Manet
CLASSIQUE
Correspondance - Emil Cioran, Armel Guerne. Lettres (1961-1978) par Jean-François Foulon
Pierre Drieu La Rochelle. Pour une bibliothèque idéale par Frédéric Saenen
Entretien - Jacques Cantier. Le XXIe siècle hérite des traumatismes du XXe
par Frédéric Saenen
Pierre Reverdy. Une œuvre rare par Pierre Canavaggio
Perdu de vue - André Germain, grand témoin de la Belle Époque par Michel Loetscher
Maeterlinck, un Belge face à l’Absolu par Frédéric Saenen
2012 : L’année Hergé par Francis Bergeron
Correspondance - Comprendre Jean-Jacques Rousseau par Jean-François Foulon

ANNIVERSAIRES
Centenaire de Maurice Nadeau. L’éternel chercheur par Barthélemy
Antoine Blondin. Écrivain à éclipses par Guy Darol

LE CAHIER DES LIVRES
Focus • Romans • Poésie • Documents • BD • Revues • En vrac
Musique & littératures] Brassens, Ascal et les poètes par Jean-Daniel Belfond
Politique & dépendances] Zadig Évoltaire survolté par Anthony Dufraisse
Les livres que vous n’avez pas lus] Tanger par Bertrand du Chambon
Les mains dans les poches] Un mal de chien par Anthony Dufraisse
Chemin faisant] Au bout du voyage par Pierre Ducrozet
Poésies] Parole pour Maison par Gwen Garnier-Duguy
Lire la musique] Si Dick Annegarn est une truite, Captain Beefheart s’appelle Leibniz par Guy Darol

ACTUALITÉ
Actualité célinienne par David Alliot

LA SÉLECTION D’ANNICK GEILLE
Boto, ne fais pas ta naine ! par Annick Geille
L’instituteur et le Sorbonagre, Alain
Une affection longue durée, Anne Bragance
La Violencelliste, Marcel Moreau
L’appel de la transe, Catherine Clément
M. le Président, Franz-Olivier Giesbert
À quoi sert vraiment un critique gastronomique ?, Gilles Pudlowski
Merci pour tout, Pierre Kyria
Ma gauche, Edgar Morin
Le chemin de la vie, Maurice Nadeau
Pas son genre, Philippe Vilain
Le grand orchestre, Jacques Réda
Dix auteurs d’avant l’été par Annick Geille

FEUILLETONS
Bavarderies : Éléphantesque par Pierre Pelot
Voyage dans une bibliothèque : Cioran, la consolation d’être né par Raphaël Juldé
Conseils aux écrivains gênés par les voisins par Christian Cottet-Emard
Il était une fois l’Auteur : L’Auteur reçoit un prix par Emmanuelle Allibert

Avec : Emmanuelle Allibert, David Alliot, Marc Alpozzo, Barthélèmy, Jean-Daniel Belfond, Francis Bergeron, Joseph Bialot, François Bon, Éric Bonnargent, Claude-Henry du Bord, Arnaud Bordes, Pierre Canavaggio, Bertrand du Chambon, Christian Cottet-Emard, Guy Darol, Emmanuel Delhomme, Anne-Sophie Demonchy, Guilaine Depis, Pierre Ducrozet, Anthony Dufraisse, Cécilia Dutter, Charles Ficat, Eli Flory, Jean-François Foulon, Gwen Garnier-Duguy, Annick Geille, Christopher Gérard, Stéphanie Hochet, Stéphanie des Horts, Raphaël Juldé, Michel Loetscher, Valère-Marie Marchand, Gerald Messadié, Christophe Mory, Jean-Jacques Nuel, Pierre Pelot, Olivier Philipponat, Julie Proust Tanguy, Laure Rebois, Frédéric Saenen.
Photos : Louis Monier. Photo de couverture © AFP
Illustrations : Miège, Innocent et Patrice Reytier.
Coordination : Delphine Gay.

 

06 juin 2011

Tu écris toujours ? (65)

la presse littéraire n°1,journal,mensuel,feuilleton,tu écris toujours ?,christian cottet-emard,littérature,humour,lafont presse,écrivain,auteurLa suite de mon feuilleton Tu écris toujours ? vient de paraître dans le mensuel La Presse Littéraire n°1 (juin 2011) actuellement en kiosques. Titre de cet épisode : Conseils aux écrivains du dimanche.

Retrouvez des épisodes de mon feuilleton dans l'édition en volume de Tu écris toujours ? aux éditions Le Pont du Change.

Un recueil de 96 pages, format 11 x 18 cm. 13 € port compris. ISBN 978-2-9534259-1-8

En vente aux éditions Le Pont du Change, 161 rue Paul Bert, 69003 Lyon

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