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13 septembre 2014

Carnet / De la tentation de Venise

Après ces dix mois à vif, je repense souvent au titre d’un livre que je n’ai évidemment pas lu, La Tentation de Venise, signé d’un homme politique que je ne nommerai pas parce que, lui ou un (e) autre, cela n’a aucune importance.

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La tentation de Venise, c’est le désir de fuite dans la beauté et l’harmonie, dans une certaine nonchalance, une idée de lâcher prise. Chez moi, c’est un vieux démon, si vieux qu’il remonte à mon enfance. Peut-être suis-je même ce démon-là tant il m’imprègne ! C’est mal, mais j’ai des excuses. 

Ces derniers jours par exemple : 

- Assister à la saloperie d’un énième dépassement sans visibilité dans la côte de Viry et constater une fois de plus que le destin de conducteurs prudents s’est joué à quelques secondes près. Que faire ? Inventer des autos qui filment tout et dont les vidéos puissent être visionnées à l’occasion de n’importe quel contrôle puisqu’on ne pourra jamais espérer de changement de comportement chez les psychopathes ? Ou alors ériger des murets de béton ou de métal à la place des lignes continues ? Imposer la voiture sans pilote avec conduite déléguée à un ordinateur ? J’ai lu dans le magazine des sociétaires de la GMF que cette innovation était pour demain. Pour l’instant, à ma connaissance, il n’existe aucun ordinateur qui ne soit tenté de se comporter spontanément comme une sale petite ordure de la route.

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Tentation de Venise encore :

- Lire une pancarte au rayon librairie d’un hypermarché comportant un message d’excuse à l’intention de l’aimable clientèle parce que le livre de Madame qui vous savez est en rupture de stock. Dans cette affaire, à mon avis, on a tort de s’en prendre à l’opportunisme de l’auteur et de son éditeur. Cette chose existe parce que le public existe. Alors, de quoi se plaint-on au juste ?

Je note au passage que dans le même rayon librairie du même hypermarché, la vente du livre signé par un chanteur ayant fait subir l’ultime violence à sa compagne ne choque personne. Même problème que pour le livre de Madame qui vous savez. Le chanteur que vous savez remplit les salles. Son public existe et n’est manifestement pas du genre à se poser des questions. Il est vrai que certaines « musiques » peuvent rendre sourd.

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Encore la tentation de Venise parce que :

- Subir la pollution visuelle d’énormes et piteux rubans de plastique accrochés tous les dix mètres au bord d’une route de campagne sous prétexte que des gens vont faire du vélo (décidément cette année, overdose cycliste. J’aurai au moins une raison de me consoler du retour de la neige). Imaginons le résultat si chaque association ou organisation se met à faire pendouiller n’importe quoi aux buissons et aux arbres sur des kilomètres à chaque « événement » .

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- Constater une fois encore que plus on parle de quelque chose, moins on le fait. Je pense ici à la déferlante de « com » dans mon ancienne ville de résidence dans l'Ain où revient sans cesse le mot « fête » , ce qui se révèle assez pathétique dans la bourgade et dans l’époque les moins festives qui soient. Fête de l’eau, fête du printemps, fête de l’hiver, fête de la musique, fête des voisins, fête de ceci, fête de cela... Et pourquoi pas fête de la fête ? Ces fêtes-là ne sont que de l’esbroufe, de la communication politique. Quiconque exerce encore un minimum d’esprit critique sait que l’excès de communication signale le manque.

- Se rappeler, puisqu’on était hier le 11 septembre, la réaction glaçante d’une personne de ma connaissance rencontrée dans un magasin pendant l’annonce de la catastrophe, en boucle dans les médias. J’avais appris la nouvelle à la fin de ma journée de travail, en remontant des archives où j’étais complètement isolé de l’extérieur. J’étais inquiet. Un de mes cauchemars récurrents, le déclenchement de la troisième guerre mondiale, revenait me hanter. Là-dessus je rencontre cette personne, style vaguement « flower-power » et « peace and love » à qui je fais part de ma stupeur et qui me répond d’un air badin et avec un petit sourire par une phrase que je ne citerai pas tant elle était totalement dénuée de la moindre compassion mais représentative de l’anti-américanisme le plus ridiculement primaire. J’y repense chaque 11 septembre, date si sinistre qu’en 2004, la date envisagée de mon mariage étant le 11 septembre, j’ai préféré le programmer le 4.

Bien le bonjour de Venise...

... Et bientôt de Lisbonne !

Photos :  Venise, © photos Ch. Cottet-Emard

21 septembre 2011

Tu écris toujours ? (67)

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Précédents épisodes parus en volume aux éditions Le Pont du Change à Lyon (Un recueil de 96 pages, format 11 x 18 cm. 13 € port compris. ISBN 978-2-9534259-1-8). En vente aux éditions Le Pont du Change, 161 rue Paul Bert, 69003 Lyon. BON DE COMMANDE

16 septembre 2011

Tu écris toujours ? (66)

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(À Louis Watt-Owen)

Cher
Vous m’écrivez cet Emile dans lequel vous m’informez de votre désolante découverte dans votre boîte aux lettres : une invitation à la fête des voisins.

Comme je comprends votre fureur d’être obligé, en prévision de ce jour funeste, de descendre relever votre courrier à deux heures du matin puis de vous barricader jusqu'à ce qu’il ne reste plus de cette kermesse qu’un local à poubelles saturé de sachets de chips, de gobelets en plastique, de flacons de E330 et de canettes de bières. J’ai bien de la chance, me dites-vous, d’habiter dans une campagne avec pour seuls voisins quelques sangliers de la même humeur que vous et moi lorsque nous sommes dérangés dans nos écritures. Je dois pourtant placer un bémol sur la partition de votre bucolique vision de l’habitat rural. Des voisins, ma campagne en est aussi infestée que votre grande ville, la seule différence étant leur répartition dans l’espace et leurs habitudes. Sachez qu’au moment où je tape ces lignes, j’ai aussi tapé pour la vingtième fois sur la mouche qui vient déposer ses déjections sur mon ordinateur. Pour l’instant, elle est indemne mais pas mon ordinateur. Savez-vous d’où vient cette mouche ? Comme vous l’aurez compris j’emploie ici un singulier qui désigne aussi l’infâme multitude de ces petites sœurs avec lesquelles elle copule frénétiquement jusque sur la pointe de mon nez. Eh bien cette mouche est la conséquence directe des activités de mes voisins agriculteurs qui répandent au printemps dans les champs le fumier produit tout l’hiver en circuit fermé par leurs bovins. Dès les beaux jours, le troupeau s’esbaudit es champs comme dit Rabelais et c’est reparti pour notre malheureuse couche d’ozone mitée en musique, pour peu qu’il y ait des clochettes, par les flatulences de ces ruminants. Vous me rétorquerez que le même phénomène peut se produire pendant la fête des voisins à ceci près que les vaches, elles au moins, donnent du lait.

Allons ! Foin des vaches et des diptères qui me donnent au moins l’illusion d’être un auteur suisse (j’ai toujours rêvé d’être un auteur suisse, premièrement parce que ça fait chic et deuxièmement à cause de tout ce que je n’ai pas, à savoir, un compte dans une banque de Genève, l’heure exacte, un coucou qui sort de sa mansarde pour me la donner et du chocolat sans lécithine de soja et sans arôme de vanille.

Nous en étions donc à comparer les nuisances occasionnées par nos voisins urbains et ruraux. Ainsi que vous le soulignez vous-même dans votre message, vos voisins ont une fâcheuse tendance à devenir les miens lorsqu’ils se paient des vacances au vert voire une ancienne écurie à transformer en résidence secondaire. Même s’ils ont, Dieu merci (ou plutôt merci mon aïeul qui a bien choisi les terres où je me suis réfugié) peu de chance de m’infliger de la mitoyenneté, je peux hélas les voir longer mon tas de bois lorsqu’ils se promènent le dimanche, la panse repue de tartiflette en se prenant pour Paul-Émile Victor parce qu’ils ont dépensé tout leurs sous pour s’équiper chez Gogosport au lieu d’acheter nos livres, les mufles. Et je ne vous parle pas du vététiste au derrière turquoise ou mauve fluo cloné à des millions d’exemplaires qui compromet sans cesse la chasse à la taupe du matou Sir Alfred, en poste depuis une heure devant la taupinière dans l’attente d’en voir émerger un museau qui disparaît aussitôt parce qu’un peloton de ces fessus choisit ce moment pour surgir.

Ne croyez surtout pas que nous retrouvons notre tranquillité, Sir Alfred et moi-même, lorsque ces voisins d’un week-end ont fermé les persiennes de leur pittoresque maisonnette pour ouvrir les volets de leur appartement situé dans l’immeuble où vous organisez la résistance contre la prochaine kermesse de palier. Même si l’essentiel de mon espace vital est protégé, mes voisins permanents éprouvent la constante tentation d’en franchir les limites. Vous le savez, le voisin est une espèce grégaire et invasive qui menace gravement la nôtre, celle des auteurs à ne pas déranger. Une de mes parades les plus efficaces contre ces fâcheux est la sardine grillée dont une très faible quantité dégage un épais panache odorant provoquant en un rien de temps la fermeture de toutes les fenêtres ennemies dans un rayon d’un kilomètre. Puisque je ne peux guère vous conseiller cette arme de dissuasion sans grand effet dans votre immeuble, je vous recommande l’utilisation d’un autre animal, la babarotte, vous savez, ce gros cafard dont les légions tourmentent le narrateur du petit Chose d’Alphonse Daudet. Vous en disposez une dans un bocal et vous allez sonner chez vos voisins en prenant un air étonné et en leur demandant s’ils connaissent le nom de cette bestiole que vous avez capturée dans votre salle de bains. Ça les éloignera.

Extrait de TU ÉCRIS TOUJOURS ? (FEUILLETON D’UN ÉCRIVAIN DE CAMPAGNE). Cet épisode est paru dans Le Magazine des livres n°31 (juillet/août 2011), illustré par le dessinateur Miège. Précédents épisodes parus en volume aux éditions Le Pont du Change à Lyon (Un recueil de 96 pages, format 11 x 18 cm. 13 € port compris. ISBN 978-2-9534259-1-8). En vente aux éditions Le Pont du Change, 161 rue Paul Bert, 69003 Lyon. BON DE COMMANDE

Suite de mon feuilleton dans le Magazine des Livres n°32 qui vient de sortir dans les kiosques.

Photo déguisement cafard empruntée ICI