07 juillet 2007
D'un monde à l'autre
Hier soir, salon de musique chez Véronique Rougier et Olivier Leguay, tous deux organistes, qui ont convié quelques amis. Olivier joue l’intégralité de la quatrième symphonie de Louis Vierne. En jetant un coup d’œil machinal sur le pédalier puis sur les claviers, je m’aperçois que la partition (cinquante-cinq pages) n’est pas sur le pupitre de l’orgue mais dans les mains d’une invitée assise à côté de moi !
Je devrais être habitué à voir et entendre Olivier jouer de mémoire mais le talent musical est une intarissable source de surprise.
Je dois avouer que je m’étais quelque peu éloigné de l’oeuvre de Vierne après l’audition, il y a vingt-cinq ans, de vieux vinyles mal enregistrés ne restituant plus qu’une informe rumeur. Cette soirée remet Vierne au premier plan de mes organistes préférés. L’interprétation d’Olivier permet de tout entendre, d’accéder à toute la douloureuse et ténébreuse subtilité de cette musique avec laquelle il a de profondes affinités. En l’écoutant, j’avais l’impression d’assister à l’invention d’un trésor, comme on voit parfois surgir, du fond d’une obscure chapelle, le fugace reflet d’un vitrail.
Encore tout étourdi de musique, après une collation arrosée d’excellent porto, je rentre à pied à la maison et me retrouve en chemin dans la nuit en train de pousser, ventre à terre, une vieille voiture que son chauffeur n’arrive pas à démarrer.
C’est ainsi qu’en quelques heures, on passe d’un monde à l’autre.
17:10 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Louis Vierne, Olivier Leguay, Véronique Rougier, orgue, musique
09 octobre 2006
Grande fête sous la lune
Ce soir après le concert d’orgue de vingt heures en l’abbatiale Saint-Michel tu rentreras avec dans la tête la musique et l’idée des sandwiches en remplacement du repas de vingt heures
“Parce qu’on ne sait jamais la nuit” tu choisiras la route nationale et non la petite route de montagne celle qui monte et descend sous les nuages ou les étoiles et qui passe non loin du lac au milieu des sapins et des épicéas
À l’âge de vingt ans au retour d’un concert d’orgue en l’abbatiale Saint-Michel tu serais rentré avec dans la tête la musique et l’idée des sandwiches mais la route nationale ne te serait même pas venue à l’esprit pas plus que “parce qu’on ne sait jamais la nuit”
Tu n’aurais eu dans la tête que la musique, le lac, la forêt et les sandwiches et tu serais donc rentré du concert d’orgue en l’abbatiale Saint-Michel par la petite route sans hésiter malgré ton auto beaucoup moins fiable que celle d’aujourd’hui
Bien qu’impatient de manger des sandwiches tu aurais arrêté la vieille auto pour écouter le lac la nuit et seule la faim t’aurait décidé à repartir pour rentrer chez toi comme après une grande fête sous la lune
Ce soir tu rentreras du concert d’orgue en l’abbatiale Saint-Michel par la route nationale “parce qu’on ne sait jamais la nuit”
Tu dénoueras ta cravate tu enfileras ton vieux pull en coton tu mangeras des sandwiches tu boiras du vin ou de la bière une fine du Jura tu fumeras un cigare tu auras dans l’idée d’écrire un poème sur ton retour du concert d’orgue en l’abbatiale Saint-Michel avec renoncement à la petite route de montagne sous la lune “parce qu’on ne sait jamais la nuit”
Copyright : Orage-Lagune-Express 2006
02:00 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poème, orgue, abbatiale, Saint Michel, lac, forêt



























