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18 mars 2005

Tu écris toujours ? (3)

Obstacles. La vie d’un auteur en est jalonnée. Publier un livre qui bénéficie d’une diffusion commerciale équivaut certes à franchir un des premiers, celui d’une petite existence. En effet, le jour où quelques curieux de votre entourage s’aperçoivent que l’on peut demander votre livre à la fnac où il est référencé, même s’il n’a fait qu’un passage éclair de trois petits mois en rayon, vous accédez à un début de reconnaissance : “ah oui, il écrit toujours ! La preuve, on peut acheter son bouquin à la fnac.”
Mais il n’y a pas de quoi pavoiser, surtout si vous tardez à réitérer ce modeste exploit. Quelques mois suffisent à vous effacer des mémoires, que ce soit celles des gens ou des ordinateurs. Certes, le titre de votre livre à diffusion commerciale et votre nom resteront-ils tapis dans un recoin de quelque disque dur mais qui appuiera sur le bouton pour accéder à cette passionnante information ? Parmi vos amis et connaissances, peu de monde, peut-être même personne. Mais alors qui ? Peut-être quelqu’un qui est payé pour cela.
Car il faut savoir que nous, auteurs balbutiants, débutants chétifs déboulant dans les marges du milieu littéraire provincial, sommes en mesure d’intéresser quelques bureaucrates. L’ironie du sort veut en effet que si nous ne nous montrons pas capables de gagner notre pain à la force de notre plume, nous développons en revanche un réel talent pour faire vivre quelques intermédiaires.
Le premier contact avec ses hommes et ses femmes de l’ombre ne s’établit jamais directement. Ce sont souvent les organismes pour lesquels ils travaillent qui, après une recherche assez simple, vous débusquent sur internet ou dans une revue et vous envoient du courrier. Oh, cette correspondance n’a rien de personnel. Elle prend généralement la forme d’espèces de bulletins d’information destinés à quelques professionnels du livre et donc, parfois, à quelques auteurs en mesure d’ attester que leurs livres peuvent se prévaloir d’une diffusion commerciale. Alors, dans votre belle solitude créatrice, un frémissement vous parcourt l’échine : “ça y est, on m’a vu. On m’a trouvé.” Un naufragé sur son radeau doit ressentir cela : “on va m’aider à m’en sortir !”
Effectivement, ces courriers, ces notes, vous informent sur des aides financières à la création littéraire (bourses, résidences). Bien sûr, vous en avez entendu parler, mais, du fond de votre isolement, une petite voix a toujours murmuré : “pourquoi toi ?” Et maintenant, à la suite de ces courriers officiels émanant d’organismes publics ou privés, cette même petite voix se fait plus claire, plus chantante : “et pourquoi pas toi ? Tu écris toujours après tout...”
(À suivre)

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