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24 août 2005

Rentrée littéraire : sortie de secours

La rentrée littéraire me pèse déjà, aussi exaltante et surprenante que la scolaire, comme toutes les autres rentrées finalement, avec son inflation de petits romans français constipés, accouchés et promus dans un ahurissant esprit de sérieux par nos journalistes eux-mêmes romanciers à leurs heures. C’est pourquoi, en bon vieux réactionnaire (c’est-à-dire capable de réactions), le désir me prend aujourd’hui de lorgner dans la direction du passé immédiat, celui de mes lectures non pas “de” vacances mais “en” vacances. En voici quelques unes.

Roland Fuentès : La Bresse dans les pédales, (avec des dessins de l’auteur) éditions Nykta (www.editions-nykta.com), collection Petite Nuit, 2005.
Ce vélo de 1936, on pouvait penser qu’il en avait déjà vu des vertes et des pas mûres depuis sa sortie d’atelier. C’était sans compter sur les folles randonnées nocturnes de son actuel propriétaire dans une Bresse repue de cauchemars et mal habitée de ventre jaunes aux noirs desseins. Quant à raconter son histoire aux poulets, (à savoir que des malfaisants ont voulu lui mettre à l’air les boyaux) autant pédaler dans la choucroute...
Extraits : “À l’hospice, il paraît qu’ils ont des traducteurs de vieux.”
“À cette heure-ci, l’autoroute est complètement déserte. Rien qu’une étendue noire, un grand souffle froid. C’est là, sous vos pieds, ça vous regarde avec un air lugubre, et surtout ça dit rien. Rien de rien.”

Giorgio de Chirico : Hebdomeros, Flammarion, collection L’Âge d’Or, 1983, la seule édition bon marché de ce livre étrange achevé par le peintre en 1929 et publié en 1964 dans la collection créée par Henri Parisot. Désespérant de trouver cet ouvrage autrement que sous la forme d’éditions originales onéreuses sur le marché européen, je confie ma requête à internet et le livre me parvient un mois après dans une enveloppe postée à Sao Paulo, Brésil. Voici une édition d’Hebdomeros qui a franchi l’océan en aller/retour !
Un livre-promenade, un voyage dans l’univers intérieur de ce peintre si controversé, qui écrivait peut-être parce qu’il ne prenait lui-même pas assez sa peinture au sérieux ou qui peignait peut-être parce qu’il ne croyait guère en son écriture... Métaphysique, ironique et sceptique, Giorgio de Chirico, dont je m’étais aussi régalé voici deux décennies de ses Poèmes parus en 1981 chez Solin, dans la collection “Traversées des Alpes”.
Un extrait d’Hebdomeros : “Leur regard était imprégné d’une tristesse infinie (la tristesse des demi-dieux) ; il était attentif et immobile comme le regard des marins, des montagnards, des chasseurs d’aigles et de chamois, et en général le regard de ceux qui sont habitués à regarder de très loin et de très loin à distinguer les hommes, les animaux et les choses.”

Serge Prokofiev : La Tour vagabonde, éditions Alternatives (www.editionsalternatives.com), collection Pollen, illustrations David Lozach. 2005.
Dans le Transsibérien, Prokofiev écrivait de petites histoires ironiques dans lesquelles le diable intervient souvent et que je trouve quant à moi caractéristiques de ce que l’on peut se risquer à nommer “l’âme russe” en littérature. Élégance, détachement et sarcasme, traits présents dans sa musique, émaillent les récits de Prokofiev dont les épisodes fantasques pourraient conduire à se demander ce que pouvait bien boire ou fumer le grand compositeur pendant ses voyages en train...
Extraits : “... mais il n’était plus qu’un étui vide dont on avait retiré le violon...”
“Le commandement des opérations fut confié au général von Magenschmerzen, dont la gloire éclatante s’était édifiée sur la base imposante d’un entassement d’os humains.”

Frédérick Houdaer : Angiomes, éditions La Passe du vent, 2004. Adresse de l’éditeur : La Callonne, 01090 Genouilleux.
Frédérick Houdaer m’a un jour envoyé un mail pour me dire que mon blog devrait être remboursé par la Sécurité sociale. Le moment est venu pour moi de lui retourner le compliment pour ce recueil de poèmes faussement légers, faussement contemplatifs, faussement humoristiques, faussement cyniques mais vraiment à lire quand l’esprit de sérieux fait démesurément gonfler la sphère de la poésie. Pour en savoir plus, vous savez ce qui vous reste à faire : cliquer sur le lien ci-contre.
Extrait : “photos d’écrivains / fixées au mur / avec du scotch de déménagement / non / ça ne m’a pas encore passé”.

Commentaires

Tu aimes les livres ? Moi, je les adore. Mon blog est d'ailleurs entièrement consacré à mes lectures. Pourrais-tu y jeter un coup d'oeil ?
Et je te conseille aussi ce blog
http://mes-livres.hautetfort.com/
Plein d'idées pour bouquiner !

Félicitations à ton blog !

Écrit par : lucie | 24 août 2005

Je découvre aujourd'hui votre carnet de toile, qui a l'air d'une grande richesse et qui m'a déjà donné l'envie, ou plutôt le désir, de lire et d'acheter cet étrange Hebdomeros. Grand admirateur de Chirico, il faut dire...

Écrit par : Guillaume Cingal | 26 août 2005

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