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27 avril 2007

Communiqué de la Maison des écrivains

Dans le journal gratuit "20 minutes" du 16 avril, figure une interview de Nicolas Sarkozy. Entre autres sujets, il y parle de l'université et prend pour exemple de filière inutile, et qui ne devrait plus être prise en charge par les fonds publics, l'enseignement de la "littérature ancienne" :

« - Vous vous fixez comme objectif de ne laisser aucun enfant sortir du système scolaire sans qualifications. Comment comptez-vous parvenir à cet objectif ?

- Par exemple dans les universités, chacun choisira sa filière, mais l'Etat n'est pas obligé de financer les filières qui conduisent au chômage. L'Etat financera davantage de places dans les filières qui proposent des emplois, que dans des filières où on a 5000 étudiants pour 250 places.

- Si je veux faire littérature ancienne, je devrais financer mes études ?

- Vous avez le droit de faire littérature ancienne, mais le contribuable n'a pas forcément à payer vos études de littérature ancienne si au bout il y a 1000 étudiants pour deux places. Les universités auront davantage d1argent pour créer des filières dans l'informatique, dans les mathématiques, dans les sciences économiques. Le plaisir de la connaissance est formidable mais l'Etat doit se préoccuper d1abord de la réussite professionnelle des jeunes. »

http://www.20minutes.fr/article/151848/20070416-France-Le-Pen-ne-m-interesse-pas-son-electorat-si.php

Ne prenons pas à la légère ces déclarations du candidat de l'UMP. Pour lui, l'Etat n'a pas à assumer le prix de la culture.

Son jugement sur le « plaisir de la connaissance », opposé à l'utilité ou à la rentabilité érigées en principe politique, manifeste une ignorance et un mépris dangereux qui menacent le socle de toute société démocratique. Il avertit les artistes et les penseurs, nous écrivains, en particulier, du sort qu'il réserve à la culture, la littérature au premier chef, et à leur transmission par l'Education nationale

Tous les chefs d'Etat, jusqu'ici : Charles De Gaulle, Georges Pompidou, François Mitterrand comme Jacques Chirac ont, chacun à leur manière, exprimé leur attachement à l'héritage intellectuel et artistique qui fonde l'identité française. Ils ont écrit, se sont revendiqués de la poésie, du roman, de l'art.

Dans le contexte déjà alarmant que dénonce notre Appel Filières littéraires, une mort annoncée ?, la gravité de cette déclaration ne peut nous laisser d'illusions. Elle engage la communauté littéraire et éducative à se mobiliser.



26 avril 2007

Commentaires

Merci Christian, d'avoir fait surgir cet article à point nommé. Oui, c'est inquiétant, très. Des remarques similaires pourraient être faites à propos de la philosophie, au lycée et aussi à l'université. Allez, bon 1er mai !

Écrit par : J.-J. M. | 01 mai 2007

Bon 1er mai Jean-Jacques, et espérons que le film du dimanche soir 6 mai ne sera pas le Parrain !

Écrit par : Christian Cottet-Emard | 01 mai 2007

J'ai cru comprendre que sur toutes les chaînes il y avait "Le Bal des Vampires" !

Écrit par : J.-J. M. | 01 mai 2007

Discours de Ségolène ce soir à CharLéty, de mémoire :

La remontée des Champs-Élysées, ce n’est pas Bercy. Doc Gynéco n’est pas André Malraux. Bernard Tapie n’est pas François Mauriac. Et Nicolas Sarkozy n’est pas Charles De gaulle !

Écrit par : Pascale | 01 mai 2007

J'attends avec impatience les réactions horrifiées des informaticiens, des mathématiciens, des commerciaux et marketteurs qui n'ont rien à voir avec la littérature ancienne, ni la littérature tout court.
Sinon, "quand ils viendront nous chercher il n'y aura plus personne pour se lever et dire non".

Écrit par : Don Lo | 02 mai 2007

Hélas, l’apprentissage des langues anciennes a déjà bien souffert. Jacqueline de Romilly pourra encore nous écrire un livre sur le sujet, si elle en a encore la force, cela n’y changera rien. Dans une société où il n’y a plus que l’argent qui compte, la culture et l’épanouissement personnel grâce à cette culture passent au second plan. Nous vivons dans un monde de boutiquiers. Que nous reste-t-il à faire, si ce n’est espérer une nouvelle Renaissance ? Mais comme celle-ci tarde à venir !

Écrit par : Feuilly | 03 mai 2007

Et le débat de Tartuffes d'hier soir reflétait parfaitement ce monde de boutiquiers.

Écrit par : Christian Cottet-Emard | 03 mai 2007

Pourquoi es-tu si énervé Christian, la culture n'a jamais été une priorité de quelque gouvernement que ce soit et dans ce genre de débat, il est illusoire de croire qu'elle soit évoquée, non ?

Écrit par : Pascale | 03 mai 2007

Pour aller plus loin dans l'économie des moyens et pour approfondir la petite politique, je propose quelques mesures. Le but étant de réduire au minimum tout ce qui est INUTILE, tout ce qui nuit au rendement, à la consommation et tout ce qui pourrait éventuellement montrer qu'un autre monde est possible.




La cellule aérospatiale anti-phénomènes-atmosphériques-à-haut-risque-poétique crée actuellement un miroir réfléchissant de 2000 km2. Cette prouesse de la technologie française qui, sera placée dans la stratosphère dès 2012, devrait réduire de 99% le nombre d'arcs-en-ciel visibles de la Terre. Ainsi, à terme, seul le miroir réfléchira. Ce même groupe de travail constitué de mille chercheurs met également au point un procédé visant à annihiler brumes et brouillards tout en camouflant la lune. La rosée matinale demeure un problème qui pourra être diminué de manière structurelle (l'activité humaine devra commencer obligatoirement avant l'aube).

Préalablement, le laboratoire des statistiques de la lutte contre la pensée non productive de biens industriels, composé pour le moment de 678 économistes (l'état recrute http://www.etatutile.gouv.fr/879877.php), a calculé que le nombre d'étudiants se dirigeant vers les filières artistiques ou littéraires devrait baisser de 31 à 78 % (selon les sondages). De nouvelles matrices de probabilité générées par l'équipe de mathématiques appliquées devraient affiner les résultats d'ici 2024 afin de limiter au maximum la production de livres inutiles.

Le groupe infologie-biomatique (1er groupe français industriel, fleuron du savoir-faire national) a, quant à lui, composé une base de données rattachée à un environnement virtuel : dès sa naissance, l'enfant aura un double virtuel qui évoluera dans un espace déterminé (selon sa classe sociale et son origine ethnique). D'après les modèles conçus par les quelques 1933 scientifiques et informaticiens travaillant à ce projet, le double virtuel de l'enfant permettra d'évaluer les probabilités de l'individu à devenir un élément utile à la société. Des examens prénataux pourraient d'ailleurs prévenir l'avènement d'éléments inutiles.

Monsieur Sarkozy, vous êtes vous déjà demandé pourquoi l'étude des Lettres s'appelait aussi « Les Humanités » ?

Mais laissons les derniers mots à Gianni Rodari : « Un bon producteur-exécutant, un consommateur docilement soumis aux conseils de la publicité ne doit pas avoir d'imagination : il doit seulement être disposé pour tous les conditionnements. »

Écrit par : eve | 23 mai 2007

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