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06 mai 2008

Muses inquiétantes

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Tu ouvres le buffet Art Nouveau probablement un des premiers objets que tu aies pu apercevoir au début de ton existence

Tu sors un verre dans lequel ont bu tes arrière-grands-parents tes grands-parents et tes parents tu te sers une fine du Jura

Tu poses la bouteille sur la grande table Art Nouveau sous laquelle tu t’es caché avec tous les enfants de la famille et qui n’a pas bougé pendant un demi-siècle elle ne cesse maintenant de tanguer depuis que tu l’as récupérée chez toi

La stabilité de la table n’était que l’illusion d’un monde perdu

L’étrangeté ne fait plus aucun doute


© Éditions Orage-Lagune-Express 2008.

Commentaires

A propos de table qui branle, voici mon approche de la beauté :

Devons nous chercher à juger de la beauté, ou devons nous nous rendre digne de la beauté ?

L’évolution de notre société a finit par condamné l’homme à l’émiettement de son identité. L’homme est fragmenté, morcelé par son obligatoire spécialisation, fragmenté par l’obligatoire découpages des horaires, désorienté par ses déplacements qui ne forment plus chemin. Il est celui-ci ou celui-là selon les fonctions qu’il s’accorde, en short pendant les vacances, en costume au travail et lorsque le miroir tout à coup lui fait face, il s’épuise à rassembler ces bribes d’identité pour leur donner racine. Pour contrebalancer la sécheresse et l’ascendant du virtuel et de la technique, on lui propose en contrepoids un affectif surfait qui vient du dehors, une imitation d’intériorité sous forme de produits spirituels ou autre, et,ou, au contraire un discours savant qui se voudrait objectivant de son être vrai. L’homme du 21ème siècle vit dans un ressentit et des émotions déconnectés de la part essentiel de sa condition d’homme, d’homo sapiens, d’homme conscient de ses véritables savoirs et de ses véritables pouvoirs.


Cet « individu divisé » réclame naïvement son droit au libre arbitre et on le renvoie violemment à sa solitude et à sa fragilité. Sa culture qui devrait le rassembler ne l’enveloppe plus, il est ballotté entre replis sur le passé et saut désespéré dans une modernité ou il a perdu tous ses repères. La richesse de son époque au lieu d’être l’occasion de partages heureux, de découvertes constructives d’une identité en route, n’est qu’un hypermarché où il est tour à tour séduit et arnaqué par ce qu’on lui fait prendre pour sa liberté de choisir.

Quand il rêve de l’authenticité d’un besoin de nature, l’entreprise « Nature et découverte » lui propose tout l’équipement qui lui permettra de se débrouiller dans la nature, quand il rêve de désert, un tour opérator s’occupe de tout, quand il rêve de silence et de solitude une religion le récupère…Barbarisme mercantile qui tourne en dérision et récupère cyniquement toutes recherche de repère pour les transformer en besoins.

Le besoin et son comparse « l’utile » qui domine la pensée humaine quand elle veut accumuler, se protéger, autrement dit quand elle a peur. L’homme n’est plus en action, il est en réaction, il agit par réaction à ses peurs, il agit pour protéger quelque chose, quoi ? Il ne le sait pas lui-même… Mais il en veut toujours plus… Et l’utile, bien loin de le libérer ne fait que développer son asservissement à un besoin nouveau.

La beauté ne cherche pas à ajouter une pièce au puzzle des savoirs, mais à donner l’occasion de casser des schémas et de secouer des résignations. Elle veut redonner à l’homme figure humaine, inutile beauté, suis-je prêt à te recevoir ? Suis-je prêt à déplacer mes certitudes ? Suis-je prêt à cesser de chercher à vaincre ?

La beauté s’envisage comme force de résistance à ce qui se consomme, c’est là où elle n’est nullement une question de goût, on a de goût que pour ce que l’on va consommer, la beauté est une force de résistance à ce qui dégrade et altère l’homme, justement pas en vue d’une consommation esthétique et d’une satisfaction narcissique de l’individu qui contemple. Non ! Ici pas de temple, la beauté est avant, avant toute religion, avant toute politique, elle est première ! Dans une société elle devrait révéler au citoyen ce dont il est capable,
et c’est en cela qu’elle peut-être une base humaine, elle est l’harmonie du savoir et du sensible, elle est la gratuité par laquelle le sujet se découvre et se construit en s’exerçant à son véritable libre arbitre.
Alors devons nous chercher à juger de la beauté, ou devons nous nous rendre digne de la beauté ?
Jacki M.

Écrit par : Jacki Maréchal | 06 mai 2008

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