09 juin 2008
Qu'est-ce qu'un écrivain ?
Dimanche, alors que je sortais de l'église Saint-André de Châtillon-sur-Chalaronne où j'étais allé écouter ma fille jouer de l'orgue (du Clérambault), une jeune femme m'a posé une étrange question : « qu'est-ce qu'un écrivain ? »
Peut-être quelqu'un qui est capable de retenir votre attention, même avec une histoire sans intérêt... ai-je répondu, Flaubert avec Madame Bovary (une bourgeoise qui s'ennuie et qui prend des amants), Nabokov avec Lolita (un homme d'âge mûr qui s'amourache d'une jeune fille ordinaire), Cossery avec Les fainéants dans la vallée fertile (la vie au ralenti d'une famille de paresseux), etc...
Une question sur mon cher Louis-Nicolas Clérambault m'aurait peut-être mieux inspiré.
23:52 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : carnet, écrivain, flaubert, nabokov, cossery, blog littéraire christian cottet-emard
Commentaires
Non, c'est bien comme réponse.
Une façon de trancher l'éternel débat entre l'histoire et le style.
Écrit par : Don Lo | 10 juin 2008
Voilà ce que j’aurais répondu :
(D’abord à voix basse)
Un artiste (écrivain ou autre) est avant tout quelqu'un en quête de reconnaissance (sûrement parce qu'il en a été frustré à un quelconque moment clé de sa vie), et ce désir qui pourrait être malsain devient chez lui une force - et il en faut une sacrée de force pour passé autant de temps à essayer de se mettre au service de l'inutile. Inutile, je dis bien, car « l’utile » domine la pensée humaine quand elle veut accumuler, se protéger, autrement dit quand elle a peur, et là, dans un tout petit hiatus, l'artiste se positionne avec vigueur comme force de résistance, force de la résistance de ses faiblesses, de ses maladresses, car c’est là tout ce qui donnent ardeur à la beauté.
(Puis à voix haute et crescendo jusqu’à force faconde !)
L'artiste ne cherche pas à ajouter une pièce au puzzle, ma chère ! Il n’est que l’homme à la triste figure, il souhaite « sans arme et sans armure » loin des avoirs, des pouvoirs ou des savoirrrrrs... redonner à l’inaaaattendu alter ego, bonne figurrrre humaine - Art inutile, suis-je prêt à te serbir ? Suis-je prêt à prendre le risque de balayer mes zertitudes ? Suis-je prêt à cesser de chercher à accumuler pour ne convaincre que mon cher Sancho ? Alors je suis le plus grand des artistes : DON QUIJOTE De La MANCHA !!! Et là je rabats ma cape avec superbe et je pars en imitant le galop du cheval…
Que pense tu de ça mon cher Christian ? !!!
Écrit par : Jacki Maréchal | 11 juin 2008
Ta réponse est très bonne Christian, c'est là toute la gageure de l'écrivant. Et Jacki décrit très bien les deux premières phases de la mise en route, l'orgueil et l'amour propre qui vous font gratter, puis bien plus tard vient la certitude (avec tout de même une pointe d'orgueil qui reste) l'idée que tout à déjà était fait et qu'il faut donc se situer dans une tout autre dimension. Mais notre propre puzzle est passionnant et rejoins les préceptes bouddhistes de s'améliorer soi-même avant (ou afin?) de changer le monde ou les autres. Jacki tu as surement une idée sur la 3eme phase?
Écrit par : marie-ella | 11 juin 2008
Commentaire de la troisième phrase.
Un jour un disciple de Bouddha lui dit la chose suivante : Que dois-je faire maître, car parfois je me sens cerné par les cons...
Le Bouddha lui répondis :
-Tu files !!!
Écrit par : Jacki Maréchal | 12 juin 2008
Le plus dur, chers Jacki et Marie-Ella, est de savoir ce qu'en pensa Sancho... Et s'il bouda !
Écrit par : Christian Cottet-Emard | 12 juin 2008
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