16 juin 2008
Avoir peur de Virginia Woolf
Samedi matin, 14 juin, je furète dans les étagères de la librairie Zadig de Saint-Claude (Jura) où je finis par trouver un recueil de trente nouvelles de Virginia Woolf. Le lendemain soir, avant d’ouvrir ce volume, je vais faire mon petit tour sur le site internet d’Hubert Nyssen où, dans ses carnets datés du 15 juin, je tombe sur deux citations de Virginia Woolf extraites du Journal intégral :
« Les pauvres n'ont aucune chance ; pas de bonnes manières ni de maîtrise de soi pour se protéger. Nous avons le monopole de tous les sentiments généreux. » et « Sur le chemin de halage nous avons croisé une longue file d'idiots. (…) C'était parfaitement horrible. Il est bien évident qu'on devrait les supprimer. »
Moi qui voulais aborder ces nouvelles sans préjugés, je sens que ces deux notes sinistres ne vont pas me quitter durant ma lecture. À moins que je ne parvienne à m’imprégner de ce que disait Jorge Luis Borges à propos des opinions : « l’aspect le moins important d’un écrivain » ...
00:53 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : virginia woolf, hubert nyssen, borges, librairie zadig, saint-claude, jura, blog littéraire christian cottet-emard
Commentaires
Certaines personnes n’ont que leur opinion pour identité ce qui provoque chez elles des jugements arbitraires aussi forts et dévastateurs en politique qu’en religion. Cette grave faiblesse les amène à juger les autres, selon leurs opinions, en oblitérant totalement tout autre plan relationnel. Il faut être d’un côté ou de l’autre ! Et cette relation frontale éclipse l’essentiel de beaucoup d’êtres. C’est en ce sens là je pense, que Nietzsch disait qu’il faut protéger les forts contre les faibles, les forts sont ceux qui sont capables d’un véritable libre arbitre et qui ne se situent pas nécessairement d’un côté ou de l’autre d’une opinion pour construire une relation humaine. Ils n’ont donc parfois pas peur de dire une vérité difficile, même s’ils savent que les imbéciles qui ne se situent que en rapport à leurs opinions, c'est-à-dire en fait, en sécurité dans le groupe dont ils font partie, seront d’un ostracisme terrible à leur égard.
On peut prendre n’importe quel ouvrage et en extraire des bribes pour en faire cheval de bataille, mais on peut aussi lire l’ouvrage en entier et ainsi comprendre le véritable fond du discours qui n’est certainement pas manichéen chez Virginia Woolf - je confesse que je ne l’ai jamais lue mais je pense comprendre ce qu’elle ressent car j’ai moi aussi parfois l’impression « philosophique » de vivre parmi les singes !
Écrit par : Jacki Maréchal | 16 juin 2008
C'est tout le problème des phrases extraites de leur contexte, encore que le contexte politique dans lequel ces notes ont été écrites par Virginia Woolf était, hélas, pour le moins favorable, ainsi qu'on a pu le constater par la suite.
Écrit par : Christian Cottet-Emard | 17 juin 2008
Lis Katherine Mansfield plutôt...
Écrit par : Loïs de Murphy | 18 juin 2008
Les commentaires sont fermés.