Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11 juin 2020

Carnet / Dans le seul but de bien rêver

carnet,note,journal,carnet de voyage,carnet de lecture,lisbonne,portugal,buenos aires,argentine,capitales littéraires,photographie,lisbonne pessoa et ses ombres,revue instinct nomade,les 7 vies de fernando pessoa,éditions germes de barbarie,christian cottet-emard,ain,jura,vallons,forêts,blog littéraire de christian cottet-emard,borges,bibliothèques,labyrinthe,rêve,géographie rêvée,regard,rome,italie,sept collines,capitales d'europe,continent européen,voyageur,touriste,lumière,ombre,terrasse de café,vert,bleu,jaune

Photo © Ch. Cottet-Emard

Moi qui suis accroché pour le meilleur et pour le pire à ces vallons et à ces forêts où j’habite aux confins de l’Ain et du Jura, je me demande toujours, piètre voyageur, touriste des plus ordinaires, ce qui me rend si familier de mes villes étrangères préférées parmi lesquelles, évidemment, Lisbonne où je me rendis pour la première fois en octobre 2013.

Cette photo date de cette époque. Sept ans déjà, et le souvenir intact, comme neuf, de cet instant privilégié, de ce moment à poème où un changement d’angle et de perspective transformait en quelques pas ma vision de ce coin de place.

carnet,note,journal,carnet de voyage,carnet de lecture,lisbonne,portugal,buenos aires,argentine,capitales littéraires,photographie,lisbonne pessoa et ses ombres,revue instinct nomade,les 7 vies de fernando pessoa,éditions germes de barbarie,christian cottet-emard,ain,jura,vallons,forêts,blog littéraire de christian cottet-emard,borges,bibliothèques,labyrinthe,rêve,géographie rêvée,regard,rome,italie,sept collines,capitales d'europe,continent européen,voyageur,touriste,lumière,ombre,terrasse de café,vert,bleu,jauneDans le carnet de voyage et de lecture que j’ai récemment publié dans le cinquième numéro de la belle revue Instinct nomade (éditions germes de barbarie) intitulé Les sept vies de Fernando Pessoa (Lisbonne est bâtie sur sept collines, comme Rome) je me demande si la capitale portugaise est une ville borgésienne. Malgré toutes ses bibliothèques, je ne le crois pas.

Cette question m’est pourtant venue à l’esprit au moment de prendre la photo, peut-être à cause de quelques couleurs aux nuances sombres malgré la lumière qui se joue des courbes et des plis de la ville et qui entre partout. Rien de suffisant pour penser à Borges et Buenos Aires.

Chaque regard invente sa propre géographie dans le seul but de bien rêver.

 

26 août 2017

Carnet / De l’inconvénient de mourir pour un écrivain

carnet,note,billet,journal,opinion,autobiographie,littérature,blog littéraire de christian cottet-emard,tabucchi,pereira prétend,Camões,lusiades,borges,politique,lecture,apolitique,christian cottet-emard,réception de l'œuvre littérairePour beaucoup de gens mourir est ennuyeux mais pour les écrivains, l’un des inconvénients supplémentaires est la récupération. Rien de plus facile que de sortir de son contexte une phrase, une affirmation ou une idée d’autant que l’écrivain n’est plus là pour apporter contradiction ou démenti. Seule demeure son œuvre pour le défendre, à condition qu’elle soit bien lue par un lectorat honnête. Tout récemment sur le réseau social, en conversation privée, quelqu’un m’a fait part de son étonnement à la lecture de mes éloges à propos d’Antonio Tabucchi. Cette personne se place évidemment sur le terrain politique et je comprends sa perplexité.

Antonio Tabucchi, hélas décédé en 2012 à soixante-neuf ans, est un intellectuel de gauche très représentatif des années soixante-dix et quatre-vingt du vingtième siècle. Je ne partage pas beaucoup de ses opinions politiques, surtout dans les temps que nous connaissons, mais cela ne m’empêche pas de le considérer comme un très grand écrivain d’un point de vue strictement littéraire et cela suffit à mon bonheur de le lire.

Je crois que c’est Borges qui disait que les opinions politiques individuelles d’un écrivain n’avaient guère d’intérêt, ce que je pense moi aussi. Par exemple, s’il m’est arrivé de citer Tabucchi à propos des Lusiades de Camões, ce n’est pas du tout pour étayer ma lecture personnelle de l’épopée nationale portugaise, ce à quoi je me garderais bien de me hasarder.

carnet,note,billet,journal,opinion,autobiographie,littérature,blog littéraire de christian cottet-emard,tabucchi,pereira prétend,Camões,lusiades,borges,politique,lecture,apolitique,christian cottet-emard,réception de l'œuvre littéraireJ’ai lu une grande partie de l’œuvre publié de Tabucchi et, dans les années quatre-vingt-dix, j’ai été très impressionné par son livre Pereira prétend, roman éminemment politique mais surtout, à mes yeux, ouvrage d’une rare virtuosité narrative. Le message politique ne m’a certes pas échappé mais il est pour moi resté au second plan. Ce qui m’a retenu est essentiellement l’atmosphère du roman, le cadre, Lisbonne, le style, la composition, la narration, l’intégration des dialogues dans le corps du récit sans guillemets ni tirets.

Quant au personnage principal, ce Pereira qui prétend, ce n’est pas son évolution politique qui m’a le plus intéressé mais sa nature, ses habitudes, son cadre de vie, ses sentiments, sa mélancolie, sa manière d’être au monde, de se déplacer, de bouger, de se nourrir, de vivoter.

Comment un écrivain est-il compris ou espère-t-il l’être par le lecteur ? Vaste question. Peut-être Antonio Tabucchi serait-il très mécontent de ma lecture apolitique de son Pereira prétend, c’est même fort probable...

 

16 juin 2008

Avoir peur de Virginia Woolf

Samedi matin, 14 juin, je furète dans les étagères de la librairie Zadig de Saint-Claude (Jura) où je finis par trouver un recueil de trente nouvelles de Virginia Woolf. Le lendemain soir, avant d’ouvrir ce volume, je vais faire mon petit tour sur le site internet d’Hubert Nyssen où, dans ses carnets datés du 15 juin, je tombe sur deux citations de Virginia Woolf extraites du Journal intégral :
« Les pauvres n'ont aucune chance ; pas de bonnes manières ni de maîtrise de soi pour se protéger. Nous avons le monopole de tous les sentiments généreux. » et « Sur le chemin de halage nous avons croisé une longue file d'idiots. (…) C'était parfaitement horrible. Il est bien évident qu'on devrait les supprimer. »
Moi qui voulais aborder ces nouvelles sans préjugés, je sens que ces deux notes sinistres ne vont pas me quitter durant ma lecture. À moins que je ne parvienne à m’imprégner de ce que disait Jorge Luis Borges à propos des opinions : « l’aspect le moins important d’un écrivain » ...