30 mai 2023
Carnet / Moment « Paradiso »
Une brève mélancolie suit toujours la dernière bouffée d’un cigare parce que le temps de le fumer lentement, on s’est élevé avec ses volutes, on a regardé le monde de plus loin, on a laissé au vestiaire le pardessus élimé des vieux soucis qu’on veut tarder à récupérer lorsque la cendre est froide.
Samedi et dimanche quand les orages jurassiens ont hésité puis renoncé comme des fauves perplexes, pas un souffle n’agitait l’air humide et saturé d’effluves d’arbres en fleur.
Moments parfaits pour le cigare, mon dernier Paradiso Révélation Leviathan (cape, sous-cape et tripe Nicaragua). Ses dimensions imposantes et l’aspect maduro de sa cape n’en font pas pour autant un cigare corsé et complexe puisqu’il se caractérise au contraire par une douceur et des arômes presque floraux après une attaque un peu rustique. Si l’on veut rester dans cette subtilité après le deuxième tiers pour gagner un peu d’onctuosité, il peut être utile de le purger un peu des gaz de combustion en les soufflant sur la flamme d’un briquet (attention, évidemment jamais de contact direct de la flamme sur la cape). Les dégustateurs lui trouvent parfois une légère astringence au final, ce que je n’ai quant à moi pas constaté.
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