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05 janvier 2009

Après l’Épiphanie

Gaspard Melchior et Balthazar avaient déjà rejoint le temps des merveillesIMG_0047.JPG

Leur étoile n’était pas de ces abominations de la désolation que les savants ravissent avec enthousiasme des ténèbres aux éperviers de leurs calculs

Tu as bien rangé sa petite sœur de papier brillant et le sapin reprend son souffle au jardin

Il veut absolument vivre ce gringalet d’épicéa et tout connaître encore de la terre et du ciel de l’an nouveau y compris le retour la tête dans leur étoile de ceux que leur espoir fit rois

 

© Éditions Orage-Lagune-Express, 2009.

(Photo C.C-E)

04 janvier 2009

L’Abîme horizontal

abimehorizontal.jpgFrançois Montmaneix
L’Abîme horizontal
La Différence, 2008, 124 p.

L’ombre du grand Giono hante les pages de l’Abîme horizontal de François Montmaneix. Certes, bien d’autres passants considérables sont-ils invités dans ce recueil où se télescopent, ainsi que le veut la maturité des poètes, les éblouissements juvéniles et la lucidité, les fraîches colères et les instants d’accord avec le monde. Les compositeurs, Rameau, Schubert, Mahler, Richard Strauss, Mozart, Debussy, Chopin, Guillaume de Machaut, Monteverdi, côtoient les poètes, Valéry, Mallarmé, Michaux, Bonnefoy, Colette Kowalski, Hésiode, Eichendorff, Nerval, Clément Marot, Ronsard, Goethe, Malherbe. On rencontre aussi Galilée, Jérôme Bosch, Jean Villard, Brassens, Raymond Carver, Dürer. La nostalgie des bonheurs intenses affleure dans l’élégance des hommages rendus aux reines du chant, Kiri Te Kanawa, Élisabeth Schwarzkopf.
François Montmaneix vit depuis toujours dans la musique, le chant, les livres. À Lyon, il a poussé son engagement artistique au-delà des mots en dirigeant l’Auditorium Maurice Ravel et en créant deux centres d’art, L’Atrium et le Rectangle. On ne peut donc s’étonner des accents d’inventaire qui ponctuent parfois ce recueil mais cela ne pèse point et cet inventaire-là ne doit rien à Prévert.
Même si François Montmaneix a consenti à lâcher un peu la bride à son écriture, la parole est toujours tenue, voire retenue. Le poète agit ici comme le compositeur qui aurait à diriger sa propre musique. Il a l’œil et l’oreille partout, se méfie des emballements du lyrisme mais refuse la raideur et la solennité en leur appliquant leur classique antidote, l’humour, en touche légère. Mélomane éclairé, François Montmaneix est sans doute de ces poètes qui écrivent dans la nostalgie de la musique, ce qui lui permet de se tenir à distance, sans pour autant s’en exclure totalement, des courants les plus formalistes de la poésie de la fin du vingtième siècle.
L’Abîme horizontal est un recueil qui s’éloigne de ces courants. Le récit revient en force sans céder à la prose. Saisons et paysages, animaux et personnages rentrent dans la ronde du poème mais si cette ronde était une valse, ce serait celle de Ravel, parfois ironique, souvent sombre, inquiétante, tourmentée. L’arbre, figure récurrente dans l’œuvre de François Montmaneix, dispense toujours sa profusion de rêve et de vie, y compris « l’arbre d’octobre âprement fastueux » du poignant « Retour en ville » , mais c’est surtout « à la fourche du hêtre complice » — nous revenons ici à Giono — que le lecteur accédera au sens profond de ces poèmes nés, dirais-je pour paraphraser Jean Tardieu, d’une « poignée de jours en flammes ».

croquant59:60.JPG(J'ai publié cette note de lecture dans le n° 59/60 de la revue Le Croquant)

03 janvier 2009

Ils sont fous ces viennois !

Où que je me trouve le premier janvier, je me débrouille toujours pour écouter le concert du Nouvel An à la radio et pour en attraper quelques images à la télévision puisqu’il est diffusé en simultané. Cependant, l’image ne rend pas forcément service à la musique.

L’année du passage à la monnaie unique, j’avais déjà été choqué par la vulgarité qui s’exprimait avec la suspension du sigle euro en majesté au-dessus de la fosse d’orchestre. Effet « Kolossal » garanti ! Quelle « déliKate » attention, vraiment ! Au moins, la fausse note ne venait pas des musiciens.

Heureusement, il en faut plus pour me gâcher le plaisir du concert du Nouvel An.

Tant que la caméra se promène dans la fastueuse « Salle Dorée » du Musikverein et parmi les musiciens, tout va bien, mais, tradition viennoise oblige — « tradition = désordre » , disait Gustav Mahler — lorsqu’elle s’échappe dans les demeures aristocratiques pour suivre les kitschissimes évolutions chorégraphiques bêtement plaquées sur la merveilleuse musique de la famille Strauss, quel désastre !

Cette année 2009, la palme du kitsch revenait à de filasses jeunes femmes aux sourires carnassiers et aux muscles enrubannés de bleu, couratées dans des dédales de marbre par des lutins dont les paires d’ailes froufroutant laissaient supposer qu’il s’agissait d’angelots... Des angelots certes, mais en pleine puberté si l’on considérait leurs longs bras et leurs grands pieds en lieu et place des coussins d’amour et des plis et replis de leurs petits frères baroques. Fallait-il convoquer, en même tant que ces blondinets ailés, les grandes sœurs de la schtroumpfette sous prétexte de Beau Danube bleu ?