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23 septembre 2010

Tu écris toujours ? (57)

1211803237.jpgConseils aux écrivains qui envisagent de commencer leur journal intime
 
Cet épisode de TU ÉCRIS TOUJOURS ? illustré par le dessinateur Miège est paru dans le Magazine des Livres n° 24  (mai/juin 2010)
 
Je ne sais plus quelle année de la décennie 2000, l’idée d’écrire mon journal intime m’effleura. Après tout, de nombreux auteurs s’imposent chaque jour cet exercice, alors pourquoi pas moi et pourquoi pas vous ? Si j’avais déjà commencé, je vous conseillerais sur le champ d’en faire autant mais vous comprendrez que je m’abstienne de formuler avec plus de conviction un conseil que je n’ai pas encore mis en œuvre moi-même pour des raisons indépendantes de ma volonté.
Tout d’abord, il est excessif d’affirmer que je caressais ce projet car, je le répète, il s’agissait d’une simple idée qui m’effleura et l’on ne peut, que je sache, disposer d’assez de temps pour caresser quelque chose qui ne fit que vous effleurer. À ce stade d’un raisonnement auquel ne peuvent accéder que les caractères enclins à une certaine qualité de vie contemplative, je préfère me contenter d’expliquer pourquoi la première page de mon journal intime est encore vierge aujourd’hui.
Le jour où cette idée se manifesta, je n’étais pas dans mon état normal. J’étais en pleine forme, débordant d’énergie et de soif d’entreprendre. Peut-être avais-je trop bu de café. Si je me souviens bien, c’était  la Toussaint, donc pas question de me lancer dans une nouvelle activité en plein milieu d’un jour de fête. Après les fêtes, il y a toujours des restes mais pour ma part, le lendemain, il ne me restait déjà presque plus d’énergie, peut-être parce que c’était le jour des Défunts. Par la suite, revenu à mon état normal, j’hésitai : un journal intime... Est-ce vraiment une bonne idée ? Je décidai de me donner quelques jours pour faire le point. On ne fait jamais assez le point mais encore faut-il bien le faire, c’est-à-dire y consacrer du temps. Faire le point à la va-vite ? Allons, allons ! Ce serait trop facile. Cette fois-ci, je m’appliquai encore plus que d’habitude. Je fis le point cinq jours d’affilée et à la fin, j’étais presque décidé mais c’était sans compter avec l’Armistice de 1918. Travailler un onze novembre ? Jamais !
Le lendemain, 12 novembre, Saint Christian, constitue pour moi une date plus propice à la réception de nombreux témoignages d’affection qu’à la concentration nécessaire à cette activité hautement intellectuelle qu’est la rédaction d’un journal intime. Du 12 novembre, on a vite fait d’arriver sans s’en apercevoir au 24 qui est pour moi entièrement consacré à l’ouverture de mes cadeaux d’anniversaire. Je me vois mal dire aux gens en ce jour spécial : « merci, vous êtes gentils mais maintenant, je dois vous laisser pour rédiger mon journal intime. »
N’allez cependant pas croire à mon renoncement. Il ne faut jamais renoncer. Moi, je préfère ne rien faire du tout plutôt que de renoncer. Ainsi m’abîmai-je, chaque soir avant d’aller au lit, dans la contemplation du grand cahier de mon futur journal intime ouvert à la première page. Je déposai même sur ma table de chevet une lampe de poche dont le discret faisceau m’eût éventuellement permis de me lever, à la faveur d’une insomnie, pour me rendre à l’écritoire sans me cogner dans le noir et sans réveiller mon épouse. Par malchance, sur une bonne vingtaine de nuits, je ne connus durant cette période que dix minutes d’insomnie, à peine le temps d’appuyer sans résultat sur l’interrupteur de la lampe de poche, d’ouvrir le boîtier pour constater qu’il ne contenait pas de pile et de me rendormir aussitôt jusqu’à une heure plus habituellement réservée à l’apéritif qu’au petit déjeuner.
Novembre me laissant encore quelques jours, je ne désespérai point de fixer un bel instantané de ma vie sur la surface immaculée de mon cahier tout neuf. Hélas, le temps que je prenne conscience de ce délai qui m’était offert, le premier dimanche de l’Avent me surprit en pleine méditation sur cette incroyable accélération du temps qui permet à Noël d’arriver chaque année alors qu’on se demande comment Pâques devint si vite un souvenir. Tout cela pour dire que j’ai l’habitude, pendant les quatre semaines de l’Avent, de m’imprégner de l’esprit de Noël et, à la rigueur, de faire un peu le point.
Cette année, en ces heures printanières où je vous parle, j’observe depuis ma fenêtre mes frères les grands frênes qui sont les premiers arbres à se débarrasser de leurs feuilles et les derniers à s’en revêtir. N’ayant toujours pas trouvé comment débuter la rédaction de mon journal intime, j’ouvris au hasard celui d’un écrivain célèbre et je lus : « aujourd’hui, il a plu et les enfants sont venus déjeuner. » Trop fort !

Extrait de TU ÉCRIS TOUJOURS ? (FEUILLETON D’UN ÉCRIVAIN DE CAMPAGNE), inédit. 
Retrouvez des épisodes de mon feuilleton dans l'édition en volume de Tu écris toujours ? publié aux éditions Le Pont du Change.

08 septembre 2010

Tu écris toujours ? Critiques récentes (suite).

2485231723.jpgUn article sur le blog SOLKO

Un nouvel article consacré à "Tu écris toujours ?"

sur le blog SOLKO tenu par Roland Thévenet :

http://solko.hautetfort.com/archive/2010/09/06/manuel-de-...

 

02 septembre 2010

Tu écris toujours ? Critiques récentes (suite).

675673868.jpg- Un article dans la revue Diérèse

Alain Helissen a signé cet article sur "Tu écris toujours ?", dans Diérèse n° 50 :

Comme Christian Cottet-Emard, j’ai un copain de lycée qui, à chacun de ses appels téléphoniques, me pose cette question qui a le don de m’irriter : « Tu écris toujours ? » Peut-être espère-t-il avec soulagement que je lui réponde enfin « NON ». Face à ce harcèlement, Christian Cottet-Emard a décidé d’écrire un manuel de survie à l’usage de l’auteur et de son entourage. Loin d’être fastidieux, le manuel en question rassemble une suite de conseils destinés autant à l’écrivain qu’à ceux qui le « subissent » au quotidien. Des conseils trempés d’humour un brin caustique : « Votre écrivain est trop gros : il n’a pas assez d’exercice. Emmenez-le en promenade. » Voici quelques uns des sujets d’urgence abordés par Christian Cottet-Emard : la tentation des prix littéraires, l’écrivain en recherche d’emploi, l’allergie à la rentrée littéraire, la rédaction de lettres de motivation, le déménagement d’un écrivain, l’écrivain sollicité pour une interview, les questions embarrassantes… Plus que de véritables réponses il faut trouver dans cet ouvrage une embardée éclaboussante dans l’univers de l’écrivain observé avec une distance salutaire et raconté dans un style des plus alertes. Sans doute la survie de l’auteur et de son entourage n’est-elle pas le réel enjeu de ce prétendu manuel qui vaut plus par son regard ironique sur la condition littéraire. L’ouvrage paraît aux récentes éditions Le Pont du Change, sises à Lyon et dirigées par Jean-Jacques Nuel à qui nous souhaitons la meilleure réussite.

Tu écris toujours ? Manuel de survie à l’usage de l’auteur et de son entourage ; éd. Le Pont du Change, 161 rue Paul Bert 69003 Lyon. http://lepontduchange.hautetfort.com