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08 février 2011

Interview

interview,presse,journalisme,le grand variable,éditions éditinter,christian cottet-emard,magnétophoneL’homme que j’attendais arriva exactement à l’heure prévue, ce qui me disposa assez mal à son égard. Je patientai, le temps qu’il fût bien assis, pour appuyer sur le bouton « marche » de mon petit magnétophone et je lui posai une première question stupide. Il s’en montra ravi et développa une réponse pétrie d’éloquence préfabriquée qui me permit de regagner au moins un quart d’heure de sommeil sur une matinée trop tôt commencée. Pour prolonger mon repos, je me fendis cette fois d’une autre question dont je connaissais la réponse. Comblé, l’homme y répondit longuement et je pus me rendormir sans qu’il parvînt à s’en apercevoir puisque je gardais les yeux ouverts et la tête haute. Hélas, ayant quitté le sommeil très superficiel qui me permettait de deviner, au ton de la voix de mon interlocuteur, qu’il allait bientôt finir, je m’assoupis profondément. Ma tête roula alors sur la table et l’homme démasqua mon sommeil clandestin.
Voilà pour l’essentiel de cette journée de désordre.

(Extrait de : Le Grand Variable, éditions Éditinter, 2002.)

12 septembre 2009

Tu écris toujours ? (52)

mdl18_couv-hdef.jpgConseils aux écrivains qui se font interviewer

Cet épisode de TU ÉCRIS TOUJOURS ? (FEUILLETON D’UN ÉCRIVAIN DE CAMPAGNE) est paru dans Le Magazine des Livres n°18, juillet/août 2009.

Pendant que je donnais son bain au canari — le pauvre ne peut plus monter tout seul dans sa baignoire en raison de son grand âge — le téléphone a sonné.  À la voix qui me demandait si j’étais bien moi-même, j’ai répondu « non, il s’est absenté » , histoire de me voir venir et de noter qu’un journaliste souhaitait m’interviewer. J’ai promis de transmettre le message dans les meilleurs délais, ce qui, de ce point de vue, était la stricte vérité, et j’ai décidé de faire le point. J’aime beaucoup faire le point, mais comme je le fais plusieurs fois par jour, je n’ai pas forcément le temps de m’occuper du reste.

Tel est mon premier conseil si l’on vous demande une interview : faire le point et ne pas sauter de joie, car même si l’on ne peut pas voir à l’autre bout du fil que vous vous pendez au lustre d’allégresse, cela peut se deviner. Le journaliste risque d’en conclure que vous n’êtes pas souvent interviewé et en déduire que, finalement, vous ne méritez point de l’être. Ne faites pas le point trop longtemps. Après un ou deux mois, on pourrait croire que la proposition vous laisse froid. Le journaliste a été muté pendant que vous faisiez le point ? Tant pis pour lui, ça lui apprendra à être patient. Sa hiérarchie ne l’a pas encore désigné comme volontaire pour une mutation ? Tant mieux. Vous allez pouvoir l’informer du bout des lèvres de votre décision de lui être agréable en acceptant de bien vouloir lui parler.

Maintenant que le rendez-vous est fixé, comprenez le but de votre interlocuteur. On est en plein mois d’août en sous-préfecture et vous avez affaire à un localier ? Cela signifie que même les chiens écrasés sont partis en vacances et qu’il ne reste plus qu’une solution au malheureux pour remplir sa page : vous. Si vous tenez malgré tout à ce papier dans Le Républicain Populaire Libéré du Centre, demandez le stagiaire d’été. Il vous soignera mieux, avec ses illusions juvéniles et ses participes aux accords imparfaits, que le vieux caïman en fin de carrière allergique à la littérature et capable de vous fourguer un pigiste des sports pour critiquer vos œuvres. C’est ce qui m’est arrivé lors de la parution d’un de mes premiers livres. L’article promis a mis un an à paraître sous la signature d’un spécialiste de la boule lyonnaise. Le papier n’était pas mal mais rédigé dans un style — comment dire ? — un style très « boule lyonnaise » . J’ai dû me pincer plusieurs fois en lisant cette prose tardive. Moralité, quand le bouliste se pique de littérature, l’écrivain prend les boules.

Bien choisir le lieu de l’interview. Si le journaliste vous propose son bureau, méfiance, cela peut être le bar du coin où une radio qui n’a rien de commun avec France-Culture confisque tout l’espace sonore public. Vous n’entendrez pas les questions du journaliste qui comprendra vos réponses de travers, ce qui peut donner un résultat intéressant si vous êtes nostalgique du surréalisme. Dans le cas contraire, faites-vous livrer le journaliste à domicile.

À l’époque où j’habitais encore en ville, j’ai tenté une fois cette expérience que je n’ai jamais reconduite en raison du comportement de ma voisine,  chanteuse candidate à Décibel-Académie dans la section amateurs. Elle ouvrit ses fenêtres au moment de l’interview et commença à s’entraîner. Elle entama une longue vocalise déchirante qui monta en puissance pour mourir une première fois en un profond sanglot auquel succéda une plainte entrecoupée de hoquets de type tyroliens. Le journaliste dressa l’oreille. La voisine en profita pour offrir un deuxième service. Le journaliste roula de gros yeux inquiets et demanda :
« Quels sont ces cris affreux ? Quelqu’un s’est-il blessé ? »
— Ce n’est rien, dis-je, c’est la voisine.
Le journaliste me lança un regard sévère.
— Comment ça, ce n’est rien ? Il faut porter secours à cette malheureuse !
Comme pour confirmer les craintes du journaliste, la voisine cala sa voix éraillée sur un grave soupir qu’elle transforma en un terrible crescendo vibrato aussitôt relayé par un hurlement sauvage (probablement une chanson adaptée du Fado) agrémenté de trois vigoureuses reprises. Les tourterelles tranquillement occupées à fracasser du bec le crâne de quelques passereaux pour leur engloutir la cervelle interrompirent leur déjeuner et s’envolèrent à grand fracas en même temps que moineaux, merles, mésanges, pies et corbeaux épouvantés.
— Pauvre femme, crut bon de compatir le journaliste. Là,  je crois qu’elle fait un malaise, il faut appeler d’urgence un médecin !
— Ah non !  répliquai-je au milieu d’une nouvelle batterie de vocalises.
Le journaliste me dévisagea encore plus sévèrement : « Quel manque de compassion pour vos semblables ! Je suis outré ! » Et il me fit un très méchant article. Je me suis consolé en apprenant que la voisine n’avait pas été retenue à Décibel-Académie. Bien fait pour elle !




26 avril 2009

Interview du BSC News Magazine

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Ce n'est pas la première fois qu'on me demande pourquoi je tiens un blog et comment je me débrouille avec cette étrange activité. On peut lire mes réponses dans l'interview (pages 42 et 43) que vient de publier le magazine culturel en ligne BSC News dirigé par Nicolas Vidal. Le dossier spécial s'intitule Littérature et internet.

Pour lire le magazine : BSC News .

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