25 mai 2013
Commerce
Les jours où tu te sens un peu plus que d’habitude un pauvre type tu rencontres le diable occupé à essayer d’acheter et de vendre tout un tas de trucs
Tu lui dis que finalement
Vu que que tu n’es pas sûr qu’il existe le diable
Vu que tu n’es même pas certain qu’elle existe cette fameuse âme tu pourrais pratiquer le troc la lui échanger contre quelque chose qui te fait envie ou plaisir
Mais le diable te répond mon pauvre ami que veux-tu que je fasse d’une âme comme la tienne qui va contre son intérêt si ça lui chante
Désolé mais ton âme n’a pas le profil que puis-je faire d’une telle âme qui s’amourache s’attache
Ton âme toujours à deux doigts de verser une larme en écoutant Salut d’Amour d’Edward Elgar
Ton âme plus elle vieillit plus elle aime
Ton âme plus elle pâlit plus elle préfère le rose et le vert tendres
Ton âme même pas grise à défaut d’être noire
Et le diable s’éloigne en haussant les épaules
Alors tu rentres dans l’église elle est déserte la musique d’orgue tombe comme une pierre sur les dalles séculaires lustrées par tant de pas qui ne laissent aucune empreinte
Tu donnes quelques pièces pour allumer la bougie d’une veilleuse et tu sors sous les étoiles qui brillent très loin et très haut telles des femmes inconnues
© Éditions Orage-Lagune-Express, 2013.
01:19 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, note, journal, littérature, âme, edward elgar, compositeur britannique, salut d'amour, violon, piano, musique, blog littéraire de christian cottet-emard, veilleuse, bougie, église, étoile, femme, récit des lisières, estime-toi heureux, recueil, prose poétique, poème en prose, éditions orage lagune express, droits réservés, copyright
15 juin 2008
Peser un peu
Vous êtes le premier ce matin te dit le nouveau curé une petite quarantaine peut-être moins en te donnant du feu
D’habitude tu trouves déjà une veilleuse rouge ou bleue pour allumer la tienne mais en ce très sombre matin de la belle saison tu es le premier on finit un jour ou l’autre par être le premier qu’est-ce que ça peut faire
Il a entendu la chute de ta pièce dans le tronc à cause de l’écho dans les chapelles peut-être croit-il que tu as la Foi pour venir de si bon matin signifier aux ténèbres qu’elles n’ont pas encore gagné et qu’après toi viendra quelqu’un d’autre et ainsi de suite jusqu’à ce que s’éteigne sous la dernière voûte la dernière bougie
Dans cette abbatiale de petites flammes taquinent l’ombre depuis le douzième siècle alors
Si le curé entrait dans la grotte primitive de tes pensées il trébucherait là-dessus : pour toi rien n’était le 24 novembre 1958 puisque tu es né le 24 novembre 1959 et un certain 24 novembre encore non écrit rien ne sera de plus que le 24 novembre 1958
Avec ta veilleuse à cinquante centimes tu as l’air d’un ver luisant qui se signale aux confins de l’univers
Dehors sur l’esplanade du grand lac glaciaire le forain laisse trembloter l’enseigne de son camion frites boissons nougats berlingots
Commande-lui un café et un hot-dog histoire de peser un peu sur la Terre
© Éditions Orage-Lagune-Express, 2008.
00:15 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : bougie, veilleuse, abbatiale saint-michel, nantua, lac glaciaire, blog littéraire christian cottet-emard
29 février 2008
La campanule des talus et le fantôme du chevalier
Elle te dira encore la campanule des talus en défroissant sa petite robe au soleil :
Cette lourde canne en buis qui fut dans ton enfance ton épée de chevalier ne te quitte jamais aux lisières même si tu la laisses dans la voiture avant d’entrer dans l’abbatiale Saint-Michel
De la pénombre où pétille le buisson de veilleuses tu fais surgir une de ces flammes fragile comme la corolle de la campanule
Ainsi attends-tu un signe en ces futaies de pierre mais sans doute en vain si tu ne peux te résoudre à lâcher l’autre canne l’invisible plus résistante que le buis
Que crains-tu ? demande la campanule des talus qui se contente même d’une fissure dans la paroi rocheuse le long du chemin de montagne
Et tu lui répondras : heureuse tu vis de si peu que tu es la plus forte alors en souvenir du « chevalier des jours à venir »* veilleras-tu de ta douce flamme l’ombre inquiète qui se promène auprès de toi avec sa canne en buis ?
* « chevalier des jours à venir » : citation extraite du poème de Pierre Seghers intitulé Paysage pour un enfant à venir dans Poèmes choisis, 1952. (NDA)
© Éditions Orage-lagune-Express, 2008.
00:32 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : campanule, canne en buis, abbatiale saint-michel, nantua, veilleuse, blog littéraire de christian cottet-emard