09 décembre 2022
Concert de Noël à l'église de Viry (Jura) avec Les Chants d'Hélios demain samedi 10 décembre à 20h30
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11 novembre 2022
Carnet / Du 11 novembre
Les commémorations sont nécessaires mais il faut hélas bien reconnaître qu'elles tournent de plus en plus en kermesses alors qu'elles devraient être des jours de deuil pour nous rappeler et surtout rappeler aux jeunes générations que les guerres, même celles qu'on dit « justes » sont de terribles escroqueries pour les peuples.
Un jour ou l'autre, après le massacre, les gouvernants négocient (parce qu'il n'y a tout simplement pas moyen de faire autrement) et ils boivent du champagne entre eux pendant que les simples soldats et les familles ont tout perdu.
Lors des commémorations, l'accent est hélas surtout mis sur l'héroïsme, ce qui contribue à légitimer la guerre et, d'une certaine manière, à trahir la mémoire des pauvres gens qui ont été embarqués dans cette lugubre absurdité et qui n'avaient ni désir ni vocation à devenir des héros malgré eux.
Cela ne signifie pas qu'il n'y ait pas de comportements héroïques, notamment dans la solidarité et le secours mutuel de citoyens arrachés à leur famille et à leurs pays natal et jetés dans le chaos, mais il importe cependant de bien faire la différence entre ce type d'héroïsme et celui des têtes brûlées qui ne deviennent des héros (s'ils en réchappent) que par de rares coups de chance. La valorisation de cet héroïsme-là relève de la propagande belliciste et de l'imagerie militaire, non de la mémoire.
Sur ce point, on le voit encore aujourd'hui dans l'actualité, rien n'a changé dans la manière qu'ont les autorités gouvernementales de tous pays et de tous bords de considérer et pire encore de promouvoir la guerre quand cela sert leurs intérêts purement matériels.
Se trouver embarquer dans une guerre, c'est être là au mauvais endroit au mauvais moment, lorsque, comme disait René Char à ce sujet, la vie d'un homme peut être bue comme un verre d'eau.
Autres réflexions sur le 11 novembre : ici et là
14:15 Publié dans carnet, NOUVELLES DU FRONT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : 11 novembre, littérature, viry, jura, franche comté, oyonnax, ain, rhône-alpes, france, europe, commémoration, sdf, ordre établi, nouveau conformisme, engagement, vie privée, paix, sécurité, paix sociale, occident, individu, notion d'individu, anatole france, 14-18, première guerre mondiale, blog littéraire de christian cottet-emard, prairie journal, carnets, éditions orage lagune express
03 mai 2022
Comment tu t’es transformé en érable champêtre
Tu arrivais contre le vent le chevreuil ne t’a pas senti (une chevrette avec son faon)
Lorsqu’elle t’a vu il était trop tard le faon se risquait trop loin pour qu’elle puisse le récupérer tout de suite et bondir avec lui dans le monde des chevreuils
Tu ne bouges plus elle te fixe dresse les oreilles tu ne bouges plus elle ne bouge plus
Son réflexe de détaler mélangé avec l’idée de récupérer le faon l’immobilise
Elle te fixe et guette le moindre de tes mouvements un battement de paupières une respiration et son faon pas très loin mais trop loin d’elle
Elle te jauge elle s’inquiète mais ne fuit pas elle te fixe toujours tu n’as pas bougé d’un cil
Elle cherche à t’impressionner par toute une série de bruits comiques elle souffle chuinte jappe elle veut t’intimider tu ne bouges toujours pas
Tu sais très bien faire ça ne pas bouger pendant longtemps
Et au-delà d’un certain temps elle va t’oublier
Car pour elle une créature qui ne bouge pas pendant longtemps disparaît tout simplement de la circulation
La chevrette t’a oublié parce que tu ne bouges plus et comme tu es arrivé contre le vent elle ne te sent pas tu n’es plus pour elle
Tu n’es plus pour elle qu’un détail de la forêt peut-être cet érable champêtre sous lequel tu ne bouges plus et que pour cette chevrette tu es devenu
L’érable champêtre n’est pas un arbre qui se donne en spectacle il a peu d’ambition comme toi si ce n’est celle de vivre et d’éviter les ennuis
Te transformer en érable champêtre tu aurais bien aimé y arriver plus tôt dans les premières périodes pénibles ou stupides de ta vie
Devant la haute porte fermée de l’école primaire Sainte-Jeanne d’Arc qui faillit si souvent devenir la grande porte de la fugue : disparu le gamin en retard à sa place un érable champêtre
Au-dessus du gouffre du cahier de calcul où les baignoires débordent où les trains n’arrivent jamais à l’heure où s’additionnent les retenues : plus personne juste un érable champêtre
Au tableau poésie à réciter par cœur (qu’est-ce que le cœur et la poésie ont à voir là-dedans ?) : hop un érable champêtre
Dommage qu’il ait fallu attendre quarante-six ans mais ça valait le coup quand même ô vaillante et ingénieuse petite chevrette !
(Extrait de Poèmes du bois de chauffage, © éditions germes de barbarie, 2018). Un nouvelle édition vient de paraître chez le même éditeur en grand format relié.
Présentation du livre à la radio, à l'initiative du regretté Christian Lux :
Ici, podcast de l'émission.
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15:24 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : carnet, note, journal, autobiographie, blog littéraire de christian cottet-emard, animal sauvage, campagne, forêt, prairie, renard, chevrette, faon, nature, bois, promenade, érable champêtre, faune, flore, oyonnax, ain, viry, jura, poèmes du bois de chauffage, éditions germes de barbarie, récits, christian cottet-emard, bourbon, woodford reserve, labrot & graham, kentucky straight bourbon, igor stravinsky, ensemble inter contemporain, youtube