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11 mars 2008

Bon signe

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La fleur première du printemps fut un feu de feuilles sèches

Derrière la corolle espiègle tu vis trembler l’image de ton père et celle de ton grand-père puis celle des autres chers défunts

Ils t’encourageaient certainement à vivre encore dans les parfums fantasques de la Terre et dans la joie de l’air

Bientôt le merle lancera son appel des soirs d’avril

Pour l’instant il ne fait que frôler de vieilles herbes

Comme toi il se protège et scrute le ciel dont il n’a pas à espérer de faveur particulière hormis celle de cette fantaisie climatique qu’on appelle les beaux jours

 

© Éditions Orage-Lagune-Express 2008.

Photo Marie-Christine Caredda 

08 mars 2008

Marqué d'une Croix

1000860927.gifL’auteur en forêt est une espèce plus difficile à dénicher que le lynx ou le chat sauvage. Pourtant, la journaliste Paula Pinto Gomes du quotidien La Croix, daté samedi 8 dimanche 9 mars 2008, page Loisirs, l’a fait. Lire ici, à propos de ce blog et de quelques autres,
l'article Écriture sur toile.

03 mars 2008

Apolitique !

672704199.jpgLe clair de lune égara l’ombre d’Effron Nuvem contre une palissade recouverte d’affiches et l’une d’entre elles retint son regard parce qu’il y reconnut la tête du marchand de chaussures. Il se souvint alors que les élections approchaient. Pour la première fois, le club des pantouflards présentait une liste conduite par le petit gros. Maintenant, Effron Nuvem comprenait mieux ses approches mais tout de même, aller jusqu’à lui proposer de l’accueillir au sein du club... Que pouvait valoir l’adhésion d’un chômeur, une de ces « âmes mortes » à peine bonnes à émigrer d’un fichier à un autre au gré des fluctuations d’une comptabilité d’actifs et de passifs que se jetaient sans cesse à la figure lors de joutes télévisées les dignes héritiers de l’escroc Tchitchikov?
Le jour du scrutin, Effron Nuvem, muni de sa carte d’électeur et de sa carte d’identité, alla aux urnes avec l’intention de voter contre et peu importait contre qui. Mais sur le trajet, son soulier droit s’enfonça mollement dans une énorme crotte de chien de couleur orange. Saisi d’une bouffée de colère, il mit un bon quart d’heure à nettoyer sa chaussure dans les toilettes publiques moyennant une pièce de vingt centimes, ce qui ne fit que décupler encore sa rage au point qu’il arriva tremblant et le visage congestionné au bureau de vote. Monsieur Nuvem ! Quelque chose ne va pas ? Vous ne vous sentez pas bien ? s’enquit le marchand de chaussures qui se tenait à proximité de la table où étaient disposés les bulletins et les enveloppes et qui saluait tout le monde. Tout à son exaspération, Effron Nuvem abandonna en une seconde ses intentions de vote et choisit ostensiblement un bulletin où figurait la liste du club des pantouflards sous l’oeil approbateur du petit gros qui lui décocha un clin d’oeil de connivence.
Toujours contrarié, il décida d’aller respirer l’air de la Saône. Sur le pont Masaryk, il croisa une femme accompagnée d’un garçonnet qui le mit en joue avec un pistolet en plastique.

(Extrait de mon dernier roman, Le Club des pantouflards, éditions Nykta, collection Petite nuit).

Note de l'auteur : comme de bien entendu, la liste présentée aux élections par le Club des pantouflards est totalement « APOLITIQUE » !