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06 août 2019

À ciel ouvert

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Enfants, la conscience de notre disproportion au monde nous pousse à rêver d’habiter les lieux les plus saugrenus. Qui n’a pas réajusté l’univers à sa dimension en construisant des cabanes, en aménageant des placards et même en s’appropriant un gros arbre creux ?

 

Précaires, rien de ce qui abrite, recouvre, englobe, recèle, en un mot embrasse, n’a échappé à notre élan de conquête. Corolles de tulipes, trous de grillons, coquilles désertées, bauges de sangliers ou caves moussues, tout nous fut recoin de ciel, surtout le grenier craquant de soleil sous la tuile tiédie comme un lézard de pierre.

 

Ne nous arrive-t-il pas de surprendre de temps à autres, nos proches dans les endroits les plus extravagants ? Adultes, nous nous plaisons par exemple, sous prétexte de vérifier la toiture de la maison, à recoller les lambeaux de nos ciels enfantins en dérangeant au détour d’une cheminée notre vieux chat secret chasseur de pipistrelles.

 

L’impossibilité d’habiter nos lieux d’enfance nous conduit cependant à les visiter assidûment. De ces espaces refusés à l’ordinaire des jours, le toit est le plus fréquenté. On raconte ainsi que le grand-père du peintre Marc Chagall s’y réfugiait pour jouer du violon en paix. Voilà pourquoi Chagall a souvent peint dans ses toiles un violoniste sur le toit.

 

Extrait de mon recueil de proses courtes L'inventaire des fétiches, © Éditions Orage-Lagune-Express, 1988. Droits réservés.

Tableau : Le violoniste bleu, Marc Chagall.

 

02 février 2014

Dans le tramway

tramway,lisbonne,souvenir,neige,mer,poésie,note,poème,foehn,visage,rétroviseur,blog littéraire de christian cottet-emard,colère,étrangeté,corolleJe vois des choses étranges dans le rétroviseur du vieux tramway

Le premier souvenir la première neige la première mer la première femme tout ce qui va vite

La belle colère qui s’épanouit comme une corolle un soir de fœhn

Et ce visage incompréhensible qui est pourtant le mien

 

Photo : dans un tramway de Lisbonne

© Éditions Orage-Lagune-Express 2014 (texte et photo)

 

 

 

 

 

11 mars 2008

Bon signe

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La fleur première du printemps fut un feu de feuilles sèches

Derrière la corolle espiègle tu vis trembler l’image de ton père et celle de ton grand-père puis celle des autres chers défunts

Ils t’encourageaient certainement à vivre encore dans les parfums fantasques de la Terre et dans la joie de l’air

Bientôt le merle lancera son appel des soirs d’avril

Pour l’instant il ne fait que frôler de vieilles herbes

Comme toi il se protège et scrute le ciel dont il n’a pas à espérer de faveur particulière hormis celle de cette fantaisie climatique qu’on appelle les beaux jours

 

© Éditions Orage-Lagune-Express 2008.

Photo Marie-Christine Caredda