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21 novembre 2022

Vient de paraître / VEILLEUSES

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Le titre de ce recueil fait référence aux veilleuses votives qu'on trouve dans les églises. Il s'agit de petites bougies disposées sur un candélabre dans des photophores de différentes couleurs. On les allume lors d'une visite après avoir fait tomber une ou deux pièces de monnaie ou pourquoi pas un billet dans le tronc disposé à cet effet. Même si l'on ne sait pas prier, ce geste exprime une intention ou un désir de prière, en tous les cas une offrande. Qu'on ait ou non la foi, cet humble rituel témoigne d'une recherche de sens, d'une ouverture à un peu de spiritualité ou du moins de recueillement.
Veilleuses évoque les grandes fêtes chrétiennes (la Toussaint, Noël, l'Épiphanie, Pâques, l'Assomption...) vécues dans l'intériorité de la réflexion et de la narration poétiques.

 

L'illustration au début du livre représente la croix située sur la route de Rogna, non loin de Viry dans le Jura. Elle rend hommage, de la part de ses paroissiens, à l'abbé Paris, curé de Viry, mort à cet endroit dans une tourmente de neige le 14 janvier 1895 à l'âge de quarante ans.

 

Informations : ici et .

Nombre de pages de l'édition imprimée :
116 pages
 
Langue :
Français
 
Date de publication :
14 novembre 2022
 
Dimensions :
11 x 0.74 x 18.01 cm
 
ISBN-13 :
 
979-8362915209
 
Prix public :
10 €
 

13 octobre 2022

Le début de mon roman LE SONGE DE L'HOMME ARMÉ

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Du haut de cette roche poudrée de neige, il avait précédé la meute dont il était l’un des éclaireurs. Le vieux loup vit une forme étrange et mouvante se déployer au-dessus de l’horizon sinueux des collines. C’était vif, rouge et or comme une flamme ou alors comme une fleur menaçante en éclosion ou encore comme le battement d’ailes d’un grand papillon dans le ciel gris et bas. S’il avait eu conscience humaine, il aurait su qu’il s’agissait de l’étendard du seigneur de Bellegarde qui flottait dans la bise et qu’à la seule vue de cette bannière, tout commun des mortels se tenait sagement à distance ou rentrait vite chez lui. L’animal observait maintenant la lente progression du petit groupe de cavaliers, leur étendard et leur léger attelage. Il ne pouvait pas savoir que ces hommes, six archers de la garde du seigneur, son écuyer, son éminence grise l’archidiacre déchu Bruno d’Aoste, un valet et le conducteur de l'attelage étaient menés par Hugues Guillaume Enguerrand de Bellegarde dit Hugues le loup, Guillaume le taiseux et Enguerrand le pieux. Le premier surnom du seigneur de Bellegarde lui venait de sa dentition qu’un rictus d’expression accentué par une vieille cicatrice de guerre rendait partiellement apparente et qu’il avait encore presque complète et saine pour un homme de son âge, quarante-cinq ans. Comme il n’avait guère à parler pour se faire obéir de ses troupes lorsqu’il combattait encore, puis de ses proches et serviteurs une fois retiré dans ses terres où il vivait dans le silence, on l’appelait Guillaume le taiseux, mais c’est par sa prodigalité au bénéfice de l’Église qu’il était maintenant établi jusqu’en haut lieu comme le suzerain à la plus remarquable piété, ce qui faisait désormais de lui Enguerrand le pieux. Sa foi était pourtant secrètement chancelante mais l’afficher par financements, dons et offrandes de toutes sortes au clergé lui avait épargné ennuis et disgrâces en rapport avec la dénonciation par l’Église des excès de brutalité de la chevalerie à l’encontre des populations. Bien que dur au combat, au commandement et à l’administration de ses terres, Hugues le loup n’était pas personnellement compromis dans ces affaires mais il ne pouvait en permanence tenir la bride aux plus crapuleux de certains soudards coupables d’exactions et de rapines au détriment des villageois. Un autre de ses soucis avait été de faire oublier un scandale de moines débauchés et corrompus dont le retentissement avait si durablement affecté la réputation de leur abbaye que la hiérarchie avait dû se résoudre à sévir, certes mollement, notamment à l’encontre de l’archidiacre, confident et aux dires de quelques-uns, âme damnée du seigneur de Bellegarde. Enguerrand le pieux plaidant lui-même en faveur de l’archidiacre et se portant garant de lui était un fait d’une portée considérable qui ne pouvait que contribuer à calmer l’ardeur répressive de ceux qui n’ignoraient rien de ses libéralités. Dans l’étendue de son domaine, qu’il fût question d’entretien ou de construction, chaque église, chapelle ou calvaire pouvaient défier le temps grâce à la fortune du seigneur de Bellegarde.

Le vieux loup observa encore quelques instant les cavaliers et l’attelage puis retourna vers la meute en s’engouffrant dans une haute et sombre futaie.

L’attelage traversait maintenant une combe sous un ciel si épais qu’on eût dit le crépuscule avant l’heure. La température baissait mais c’était surtout la menace de la neige qui inquiétait Bruno d’Aoste. On avançait plus lentement que prévu et se retrouver immobilisé à découvert sans avoir eu le temps d’atteindre au moins la forêt profonde n’était pas une perspective rassurante. Bruno d’Aoste chevauchait au côté du seigneur de Bellegarde parce que celui-ci lui en avait exceptionnellement donné l’autorisation. Il fit part de son inquiétude. Allez voir au chariot si tout va bien avec le seau à braise et épargnez vos grivoiseries au valet, répondit le seigneur de Bellegarde. Et arrêtez de siffloter cette rengaine qui trouble mon attention. Bruno d’Aoste revint rapidement. Pas de problème avec le seau à braise, Messire. Il eut à peine le temps de siffloter de nouveau quelques mesures de la chanson de l’homme armé que le seigneur de Bellegarde le fit taire d’un regard noir. Pardonnez-moi, Messire, j’avais oublié. J’ai sans cesse cet air dans la tête depuis que je l’ai entendu savamment repris par notre grand musicien qui porte un de vos prénoms. Le seigneur de Bellegarde s’irrita. Ça va, l’abbé, vous allez encore m’ennuyer avec votre musique, comme si nous n’avions rien d’autre à penser à l’heure qu’il est ! Bruno d’Aoste avait voulu flatter le seigneur de Bellegarde en soulignant qu’un de ses prénoms était le même que celui d’un aussi grand compositeur que Guillaume Dufay mais il avait manqué son but. Il se risqua tout de même à insister. Vous en conviendrez, Messire, sauf votre respect, cette messe « L’homme armé » que nous avons tous deux écoutée l’année dernière, en nos provinces reculées grâce à votre générosité… Quelle musique ! L’attelage arrivait enfin en lisière de forêt. Pour toute réponse, le seigneur de Bellegarde haussa les épaules et héla deux des six archers. Toi, et toi aussi, allez en reconnaissance. Bruno d’Aoste leur jeta un coup d’œil furtif. On eût dit que ces archers sinistres étaient tous sortis du même ventre et qu’ils n’étaient venus en ce monde que pour décocher leurs flèches qu’on disait partout guidées par le diable lui-même tant elles rataient si peu leur cible au premier coup ; quant au deuxième, plus personne n’était là pour en parler. Avant la nuit, on établit le campement dans une clairière sans avoir besoin de trop entamer le contenu du seau à braises parce que l’air, certes froid, était encore sec et les branchages à l’avenant. Chacun obtint chichement sa ration de salaisons qu’on passait dans les flammes parfumées aux résineux. Les six archers, l’écuyer et le jeune valet mangeaient à part, près des chevaux. Le jeune valet que Bruno d’Aoste poursuivait de ses assiduités dès qu’il en avait l’occasion ne quittait pas des yeux le seau à braises dans le chariot. Bruno d’Aoste regardait sournoisement dans cette direction mais il croisait à chaque fois le regard perçant du seigneur de Bellegarde qui luisait derrière les flammes du feu de camp et qui semblait lui dire : n’en rêve même pas ! Lorsqu’il dardait ce regard, le seigneur de Bellegarde redevenait celui qui sommeillait toujours en lui : Hugues le loup, avec son rictus.

© Éd. Orage-Lagune-Express, 2022.

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La musique qui m'a inspiré pour ce passage et qui correspond aux premières lignes et à la première scène.

26 janvier 2022

Carnet / Souvenir du monde d’avant

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Souvent ces jours ensoleillés, je passe pas mal de temps à observer la lumière qui ricoche sur les petites feuilles incurvées du buis devant la maison. Le buisson brille au milieu des plaques de neige qui scintillent. Grâce au soleil d’hiver, je fais le plein par les yeux de cette vitamine D dont le Sénat qui n’a que cela à faire, veut interdire ou du moins limiter l’usage, pour notre bien évidemment... Et voilà que la politique vient ainsi polluer jusqu’à mes plus anodines rêveries, surtout depuis deux ans lorsque dès le début de la folie furieuse, j’ai écrit sur ce blog qu’ils (nos gouvernants actuels) oseraient tout.
 
Aujourd’hui plus encore que durant toute ma vie passée, je suis extrêmement contrarié de devoir ne serait-ce qu’une minute me soucier de politique car j’ai toujours pensé que tel n’était pas mon destin, même lorsque je perdais mon temps dans la presse régionale à recueillir laborieusement et dans la plus totale indifférence les résultats des élections avec le fleuve de boue dont elles ouvraient les vannes par les bouches d’égouts de leurs commentateurs les plus zélés.
 
En temps normal, lorsqu’aucune des crises permanentes que traverse le pays depuis longtemps n’autorise la moindre mesure d’exception, même pas le terrorisme, on arrive assez facilement à s’en laver les mains et surtout l’esprit, de la politique. Mais pas en ce moment.
 
C’est peut-être la raison pour laquelle me revient fréquemment à l’esprit le souvenir plus insouciant que je ne le croyais de ce jour du mois de mai 1981 où je tentais de m’extraire de la foule parisienne célébrant l’élection de Mitterrand.
 
Je me demandais comment j’allais rentrer chez moi à Oyonnax parce que Paris est une ville où je n’ai jamais réussi à trouver seul mon chemin. Je sortais d’une gargote où je venais d’engloutir une choucroute garnie moins bonne qu’une en boîte et je ne pensais qu’à deux choses : manger un sandwich car j’avais encore les crocs et sauter dans le train. J’avais vingt et un ans et j’étais loin d’imaginer que le président qui venait d’être élu serait un peu plus tard l’inventeur de la nasse électorale dans laquelle nous sommes encore piégés aujourd’hui. J’étais vraiment trop jeune pour m'en douter et au cas où j’eusse été capable d’une telle lucidité, trop intellectuellement constipé pour l’admettre.
 
En ces heures sombres pour ce qui reste de notre démocratie, je me dis au moins que c’est sous Mitterrand que j’ai échappé au service militaire l’année suivante grâce à de très socialistes intermédiaires qui ont plaidé ma cause auprès de l’entourage proche de Charles Hernu.
 
Bénéficierais-je de cette sorte de tolérance dans la société d’aujourd’hui où l’on risque de s’acheminer vers la vaccination obligatoire après les élections en cas de victoire de Pécresse ou de plébiscite du roitelet ? Sans doute non. J’ai la sensation d’un étau qui se resserre et je n’aime pas du tout cela pour la simple raison que je suis grand-père.