11 février 2011
Ils ne manquent pas d'air
Encore un pays où on ne pourra plus faire de tourisme...
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08 février 2011
Interview
L’homme que j’attendais arriva exactement à l’heure prévue, ce qui me disposa assez mal à son égard. Je patientai, le temps qu’il fût bien assis, pour appuyer sur le bouton « marche » de mon petit magnétophone et je lui posai une première question stupide. Il s’en montra ravi et développa une réponse pétrie d’éloquence préfabriquée qui me permit de regagner au moins un quart d’heure de sommeil sur une matinée trop tôt commencée. Pour prolonger mon repos, je me fendis cette fois d’une autre question dont je connaissais la réponse. Comblé, l’homme y répondit longuement et je pus me rendormir sans qu’il parvînt à s’en apercevoir puisque je gardais les yeux ouverts et la tête haute. Hélas, ayant quitté le sommeil très superficiel qui me permettait de deviner, au ton de la voix de mon interlocuteur, qu’il allait bientôt finir, je m’assoupis profondément. Ma tête roula alors sur la table et l’homme démasqua mon sommeil clandestin.
Voilà pour l’essentiel de cette journée de désordre.
(Extrait de : Le Grand Variable, éditions Éditinter, 2002.)
00:26 Publié dans Et à part ça ? | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : interview, presse, journalisme, le grand variable, éditions éditinter, christian cottet-emard, magnétophone
15 janvier 2011
Le rendez-vous dont je me serais bien passé est fixé dans un bar du centre ville.
Tout me contrarie dans cette affaire. Premièrement, je n’entre pas souvent dans les cafés. Deuxièmement, j’ai du mal à m’en rappeler les usages. Faut-il payer à l’instant où le garçon apporte la commande ou au moment de partir ? Faut-il être aimable avec lui, disert ou indifférent ? Troisièmement, je n’aime pas manger ou boire devant quelqu’un que je ne connais pas.
Pour ce rendez-vous qui décidément me pèse, il a été convenu que le premier arrivé s’attablerait en disposant bien en vue un exemplaire de la Quinzaine Littéraire. Dans cette petite ville industrielle fatiguée et dans ce bar qui est le siège de quelques associations sportives, le risque d’erreur avec un tel signe de reconnaissance est à peu près nul.
J’entre et j’inspecte la salle. À cette heure, le débit de boisson est encore assez peu fréquenté. Point de Quinzaine Littéraire. Je suis le premier et j’en suis soulagé. Je m’installe non loin de la porte et je dispose mon journal de telle sorte que le titre apparaisse bien en évidence. Je règle tout de suite le vin chaud que j’ai demandé et je lorgne la porte qui s’ouvre maintenant devant des clients de plus en plus nombreux. La salle s’anime, le volume sonore monte et l’atmosphère s’opacifie.
À ma deuxième cigarette, une délicieuse sensation d’irresponsabilité m’enveloppe et me réchauffe le coeur. Tout ragaillardi, je plie la Quinzaine Littéraire dans la vaste poche intérieure de mon manteau et je continue d’attendre en observant toujours les clients qui entrent et qui sortent.
Bientôt, un homme se présente à l’entrée du bar. Il regarde sa montre puis l’intérieur de la salle. Je le vois s’installer à une table voisine de la mienne, ouvrir la Quinzaine Littéraire et commander à boire. Il fume. J’observe à la dérobée cet inconnu avec qui j’ai rendez-vous et je profite d’une vague de clients qui se lèvent de table pour sortir dans la rue en me fondant à leur groupe.
Dehors, le ciel nocturne est bien dégagé et très étoilé. Cela fait un certain temps que je n’ai pas vu d’étoiles filantes...
(Extrait de : LE GRAND VARIABLE, éditions Éditinter, 2002. Épuisé.)
Dessin de Frédéric Guénot pour l'édition en feuilleton du GRAND VARIABLE dans la revue SALMIGONDIS en 1999.
16:07 Publié dans Et à part ça ? | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : le grand variable, éditions éditinter, christian cottet-emard, frédéric guénot, dessin, littérature, feuilleton, bar, quinzaine littéraire, rendez-vous