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15 octobre 2008

L’apothéose du potiron

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Citrouilles, courges, courgettes, giraumonts, potirons et coloquintes ne nous fascinent pas seulement parce que nous les utilisons pour apostropher nos semblables. Leur rôle d’acteur vedette dans notre langage usuel comme dans nos contes de fées confirme ces cucurbitacées dans l’attrait mythique que nous leur vouons. Ainsi l’automne voit-il se disputer, dans l’ocre des villages, de fastueux concours de courges où l’on peut même se classer champion hors catégories en se contentant d’arriver les mains vides. Blague à part, il faut pourtant se rendre à l’évidence : la contemplation de ces chefs-d’œuvre du règne végétal, un matin de soleil dans le jardin, n’est plus à la portée de tous. Comment ne pas s’écœurer d’injustice en sachant que certains gosses, nés au milieu du béton, accèdent parfois à « l’âge de raison » sans avoir assisté au triomphe, à l’apothéose d’un potiron au milieu d’un carré de choux ? La fée n’a pourtant pas choisi ce fruit par hasard pour dépanner Cendrillon qui avait besoin d’un carrosse !

(Texte paru il y a longtemps dans la revue Germes de barbarie n°7 dirigée par Bernard Deson)

22 juin 2008

Foot et ordre

« ... Ce dispositif ingénieux et subtil permet  d'annihiler sans grands frais les frustrations quotidiennes que produisent les boulots insatisfaisants, les salaires modestes, les biens de luxe inatteignables et les humiliations sociales... »

À lire chez Alain Bagnoud.

12 juin 2008

Cachez cet élitisme que je ne saurais voir !

La suppression de l’émission littéraire Le Bateau-Livre de la grille des programmes de la chaîne France 5 suscite à juste titre regrets et réprobation. Frédéric Ferney, capitaine du navire désormais échoué, a envoyé une lettre à ce sujet au Président de la République « juste pour l’informer directement ». C’est du moins ce qu’on peut lire sur le blog de Pierre Assouline, La République des livres. (Oui, tout cela fait beaucoup de Républiques en quelques phrases mais la France compte tellement de présidents...) Je passe sur l’aspect pathétique d’un tel courrier et je précise que ne captant pas France 5, je n’ai hélas jamais vu cette émission sans doute de grande qualité.

Chaque fois qu’on pleurniche sur la disparition d’un programme littéraire à la télévision — une véritable hécatombe ces dernières années, mais qui peut vraiment s’en étonner dans le contexte actuel ? — je pense à la défunte « Qu’est-ce qu’elle dit Zazie », de loin la meilleure émission littéraire jamais programmée sur le service public. Comme toutes ces grandes sœurs, elle était bien sûr diffusée à une heure tardive. Il lui arrivait aussi fréquemment de faire les frais d’une spécialité de France 3, « le décrochage régional », au profit d’importants débats entre élus de terroir « modérés » par des chefs de rubriques en attente de destins nationaux sur des thèmes aussi excitants que l’extension de l’habitat urbain ou l’éclatement de l’habitat rural quand ce n’était pas au bénéfice de basketteurs venus sans prévenir nous infliger leur course à la ba-balle alors même que le générique de l’émission était déjà lancé. Dans le meilleur des cas, on pouvait rallumer le poste une ou deux heures après et retrouver Zazie. Pas toujours.

Le Bateau-Livre s’est vu reprocher son élitisme. On pouvait en dire autant de Qu’est-ce qu’elle dit Zazie ? avec ses reportages sur des fous de littérature sortant des livres et des revues avec des imprimantes, ses portraits d’écrivains tirant à mille ou deux mille, ses virées dans les librairies de province... Vous avez dit « élitisme » ? Et alors, serait-ce un gros mot ?