04 août 2011
Robert Walser à propos de son roman Les enfants Tanner :
« L’écrivain doit se laisser aller, avoir le courage de se perdre, d’oser tout, chaque fois ; il doit espérer, il ne peut qu’espérer. Je me souviens d’avoir commencé la rédaction du livre en alignant des mots sans suite, mêlés à des dessins et des gribouillages qui ne voulaient rien dire. Je n’aurais jamais cru alors pouvoir réussir quelque chose de sérieux, quelque chose de beau et de bon. Les idées, et avec elles le courage, ne vinrent que lentement, d’une façon qui me paraissait d’autant plus mystérieuse qu’elles sortaient d’abîmes où il n’y avait rien sinon le refus de me prendre au sérieux et la légèreté de ne pas croire à ce que je faisais. »
(Propos cités par le traducteur Jean Launay dans la postface de l’édition Folio Gallimard des Enfants Tanner.)
Photo : Robert Walser en couverture d'une édition de textes préfacée par Susan Sontag.
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27 juillet 2011
L’enseigne de vaisseau Mhorn
constata avec satisfaction que son corps d’homme âgé glissait dans l’eau sans grand effort.
Après une, deux puis trois balises fixées au fond de la mer, il dépassa la limite où se brisent les vagues et progressa dans une étendue à peine ridée de vent mourant. Parfois, il se retournait et pouvait encore distinguer la plage et les dunes.
En nageant sur le flanc, il leva un peu la tête et aperçut, éclairé par le soleil en déclin, le ventre blanc d’une hirondelle de rivage. Elle frôla l’eau en plusieurs passages, tout près de lui, puis s’éloigna. Ce fut ensuite un vol de libellules transparentes qui gagnaient en hâte les étangs salés.
Maintenant, l’enseigne de vaisseau Mhorn flottait sur le dos. Un papillon apparut dans son champ de vision avec ceci de remarquable qu’il était impossible, dans le vide du ciel, de déterminer sa taille. Communes ou extraordinaires, ses dimensions ne pouvaient être mesurées en l’absence de tout objet de référence. C’est alors que l’enseigne de vaisseau Mhorn repensa à ses navigations sur des mers et des océans dans lesquels il ne s’était jamais baigné.
Son regard se porta tour à tour vers le grand large et la côte et, pour la première fois de sa vie, il hésita un instant dont la durée, comme l’envergure du papillon, ne pouvait se mesurer.
Extrait de mon roman Le grand variable, éditions Éditinter, 2002. Épuisé.
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22 juillet 2011
Festival Voix Vives, de Méditerranée en Méditerranée
Communiqué
Après une édition 2010 marquée par la pleine adhésion du public au festival, c’est du 22 au 30 juillet 2011 qu’aura lieu le prochain festival Voix Vives, de Méditerranée en Méditerranée.
Au cœur de l’été sétois, une centaine de poètes issus de tous les pays de la Méditerranée seront de nouveau présents sur les places, dans les jardins et dans les rues du Quartier Haut pour des rencontres, débats, lectures… et gageons que, en ces temps de bouleversement du monde arabe, l’accueil de ces poètes sera un moment fort d'enthousiasme, de partage des cultures et de réflexion sur notre monde.
Parmi les 97 poètes originaires de 39 pays, notons:
- Antonio Gamoneda, l’un des plus grands poètes espagnols
- Salah Faik, poète irakien exilé ayant fait dans son pays plusieurs années de prison pour délit d’opinion
- Moncef Ghachem, grande voix de la poésie tunisienne – Tunisie, qui sera cette année au festival, porteuse d’une odeur de jasmin
- Nouri Al Jarrah, poète syrien en exil à Londres, reconnu comme l’une des plus grandes voix de la poésie arabe contemporaine
- Roberto Mussapi, immense poète italien traduit par Jean-Yves Masson et dont les publications en France sont préfacées par Yves Bonnefoy (La veneziana)
- Salma Khadra Jayyusi, poète palestinienne, grande voix de la poésie arabe féminine
- Andrée Appercelle, une écriture belle et personnelle, son œuvre poétique abondante a été couronnée de nombreux prix
- Abbas Beydoun, grand poète libanais qui avait été invité l’an dernier, mais qui n’avait pas pu venir car victime d’un grave accident de la route dans la semaine précédant le festival
- Tal Nitzan, voix féminine israélienne dont la poésie, traduite dans de nombreuses langues, est indissociable de son militantisme pour la paix
- E,t bien entendu, Salah Stétié, le président d’honneur du comité international de coordination ainsi que Sapho, la marraine du festival
Dans le programme de 400 événements proposés au public, douze spectacles se déroulent au Théâtre de la mer, sur la scène du Château d’eau et Place des Herbettes. Parmi les temps forts, notons que c’est dans la correspondance d’Antonin Arthaud, et plus particulièrement dans les poèmes sur son amour pour Genica, sa maladie, sa jalousie et sa folie que Carole Bouquet a puisé les textes de la lecture musicale qu’elle propose le samedi 23 juillet. Avec la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton, Fanny Ardant a conçu et interprètera pour la première fois sur scène le lundi 25 juillet Le Navire night, œuvre dans laquelle Marguerite Duras convoque des thèmes qui lui sont chers : l’amour, le désir et la solitude.
Enfin, de poésie il sera également question lors du concert de Juliette le mercredi 27 juillet : le No parano show est un récital de textes pleins d’humour, volontiers provocateurs, délicatement posés sur des musiques jazzy et enlevées. À travers cette programmation éclectique et de haut niveau – sans être élitiste–, le festival souhaite montrer la diversité de la création poétique et artistique de Méditerranée.
À l'affiche, Patrick Dubost, l'un des nombreux poètes invités du festival.
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