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12 février 2017

Dans la presse / En liaison directe avec mon post précédent :

Pascal Bruckner démonte pièce par pièce les mécanismes du politiquement correct.

À lire ici.

 

07 février 2017

Insa Sané va attaquer la Ville d'Oyonnax en justice. Son avocat veut lui obtenir plusieurs milliers d’euros.

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Le rappeur slameur se présentant comme écrivain et artiste a décidé d’attaquer la Ville d’Oyonnax en justice. Il porte l’affaire devant le tribunal administratif parce qu’il s’estime victime de censure, de non-respect d’un contrat et de harcèlement (!).

Celles et ceux, embarrassés, qui souhaitaient au plus vite « passer à autre chose » selon la formule magique caractéristique de ces temps de zapping permanent se voient ainsi de manière prévisible rappelés à son bon souvenir, et pas de la manière la plus désintéressée ! Dans cette catégorie, Sané n’est pas tout seul. Il est un produit de l’époque, je dirais même du système, copié à des milliers d’exemplaires. Il a beau jeu de se présenter comme un rebelle face à des collégiens qui n’ont pas forcément tous les éléments pour constater qu’il n’est qu’un rebelle subventionné. 

Je ne reviens pas sur cet épisode pour focaliser l’attention sur un banal fournisseur de biens de consommation qu’on a peine à qualifier de culturels mais parce que cette affaire locale est un résumé de ce qui se passe actuellement en France et bien au-delà.

Quant à la décision délibérée du choix de ce personnage issu du show-business le plus insignifiant « recruté pour sensibiliser les jeunes à la lecture » (!) , on ne perdra pas de temps à en analyser les motivations obscures de la part des personnes qui ont pris la responsabilité de mettre le centre culturel Aragon au service de la diffusion d’une idéologie et d’une sous-culture que les jeunes publics ciblés soi-disant pour des raisons éducatives et sociales reçoivent déjà en abondance sur leurs téléphones portables. Nous avons là un exemple de ce que le politiquement correct produit de plus niais et de plus nocif.

Le vrai sujet, le fond de cette affaire est que de nos jours, avec un peu d’opportunisme et de calcul, n’importe qui peut exploiter sous n’importe quel prétexte (idéologie, prosélytisme, appât du gain, etc...) l’organisation et les structures culturelles de notre pays.

Les réseaux officiels de diffusion d’une culture abandonnée à un relativisme au sein duquel tout se vaut sont devenus des usines à gaz où prospèrent des intouchables distraits qu’aucun pouvoir politique ne cherche à déranger.

Encore trop de responsables culturels, d’enseignants,  d’associations de parents d’élèves et bien sûr d’élus semblent rechigner à prendre l’exacte mesure du problème : le secteur de la culture, notamment dans le cadre des intervenants extérieurs, est soumis à la  pression d’individus et de groupements divers pour lesquels l’action culturelle (qu’ils considèrent comme le ventre mou d’une société avec laquelle ils sont en conflit) constitue un espace propice à leurs motivations pas forcément bienveillantes. Le sujet est hélas trop vaste pour être développé ici.

Revenons donc à l’affaire Sané, je le répète, parfaitement représentative des dérives que je viens d’évoquer.

Il appartiendra à la justice de juger du respect ou non du contrat passé entre la mairie et Sané. Peut-être eût-il fallu s’intéresser de plus près à son CV et à son parcours (notamment éditorial) plutôt que de se contenter de saisir une opportunité d’animation en forme de (fausse) bonne affaire parce que financée par la Direction Régionale des Affaires Culturelles...

De la gestion à la petite semaine qui, espérons-le, ne conduira pas au final la Ville à « indemniser » le plaignant dont l’avocat se fait fort de réclamer « plusieurs milliers d’euros » pour son client. On notera au passage que pour quelqu’un déclarant qu’il « ne veut pas avoir, à l’avenir, la réputation d’un artiste à problème » le fait d’engager une procédure tend à prouver le contraire !

En ce qui concerne l’accusation de censure ou de violation de la liberté d’expression, le rappeur semble oublier qu’il est normal pour les pouvoirs publics de contrôler la légalité de l’information diffusée aux publics mineurs. Les contenus à leur intention sont soumis, ne lui en déplaise, à la Loi.

Quant à l’accusation de harcèlement, chacun en appréciera la portée avec une rémunération intégralement versée pour une résidence prévue trois mois qui ne dura guère plus de trois semaines, environ 6000 euros lit-on dans le journal Le Progrès (j’avais quant à moi connaissance de 9113 euros. Qui a la bonne réponse ?) En matière de harcèlement, on a vu plus violent...

Sané a l’art de se faire passer pour une victime alors qu’il dégaine toujours en premier. À la médiathèque d’Oyonnax, il a semé le vent et s’étonne de récolter la tempête. Il proteste alors de sa recherche de la confrontation d’idées avec son franc-parler.

Ses défenseurs inconditionnels ont tenté de minimiser la portée de ses propos en évoquant un simple dérapage (mot à la mode), comme s’ils étaient prononcés par un post-adolescent inexpérimenté emportés par la fougue de ses convictions.

Cette version romantique du rebelle entraîné par sa spontanéité et son franc-parler est démentie par son CV, celui d’un routard expérimenté de la résidence d’auteur, par son âge (43 ans) et par sa maîtrise de la communication manipulatrice caractérisée par l’alternance permanente entre la provocation, la posture victimaire et l’attaque.

Cette résidence d’auteur, première du genre dans une ville soumise à l’injonction de faire du social plus que de la culture exigeante, s'est terminée par un échec cuisant qui laisse le goût amer de la fâcherie et de la gabegie.

À l’évidence, les responsables ont choisi la mauvaise personne pour de mauvaises raisons. On peut dire que l’affaire aurait pu en rester là. Hélas, nous sommes encore dans une période, bientôt finissante je l’espère, où Sané peut gagner contre la Ville d’Oyonnax. Le contribuable doit en être conscient. Voilà dans quel monde nous vivons.

Et à part ça ? Le Printemps des poètes se profile, je l’avais oublié celui-là. Et si on invitait un poète en résidence ? Pardon, je sors, comme on dit sur Facebook !...

 

Liens vers les articles à mesure de leurs parutions :

http://cottetemard.hautetfort.com/archive/2016/06/06/en-f...

 http://cottetemard.hautetfort.com/archive/2016/04/0...

http://cottetemard.hautetfort.com/archive/2016/03/22/rap-...

De l'imposture du rap :

http://cottetemard.hautetfort.com/archive/2016/03/14/carn...

 

 

11 janvier 2017

Carnet / Dans l’ère du soupçon

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Plus que jamais, nous pouvons soupçonner chaque scrutin, du local au national, de se résumer à cette phrase et il ne fait pas bon l’envoyer dans la figure de ces militants prompts à vous accoster dans la rue ou sur le marché avec leurs affiches et leurs tracts, surtout celles et ceux arborant une quarantaine motivée et bien pensante encore fraîche émoulue de sa petite nuit debout et autres monômes printaniers qui n’en doutons pas, refleuriront au premier soleil comme les crocus, fripés à peine éclos.

C’étaient d’ailleurs les mêmes spécimens qui m’avaient fait les gros yeux lors d’un café philo sur le thème de la démocratie parce que j’avais eu l’indélicatesse de risquer une allusion à Thomas Hobbes. Pour ces gens confits dans le politiquement correct, la seule mention de ma part de Thomas Hobbes les conduisait de facto à me soupçonner d’adhérer à la totalité des idées de ce philosophe qui peut certes apparaître à certains égards comme un intellectuel sulfureux mais qui fut aussi l’un des premiers penseurs à dessiner le cadre de l’État tel que nous le connaissons aujourd’hui dans ses fonctions régaliennes. De même que j'ai trouvé dans mes dix-huit ans de l'intérêt aux théories de Max Stirner dans son ouvrage L'Unique et sa Propriété, je n'en ai pas pour autant fait mon livre de chevet.

À l’époque, je m’étais fourvoyé dans ce débat sans savoir que les cafés philo, outre le fait qu’ils relèvent plus souvent du café du commerce, peuvent parfois être organisés dans des contextes assez douteux. En relisant le compte-rendu de celui-ci, je m’aperçois du manque de vigilance dont j’avais fait preuve à ce moment-là, notamment au sujet d’une conférencière présentée comme spécialiste des questions religieuses et de l’islam dans leurs rapports à la démocratie qui accompagnait l'animateur et dont j’avais tout de même trouvé les propos suspects, le discours filandreux et le positionnement politico-religieux très ambigu.

J’étais sorti suffisamment perplexe et mal à l’aise de cette rencontre pour ne point remettre les pieds dans ce genre d’animations échappant parfois au contrôle de leurs organisateurs. Plusieurs des thématiques suivantes et certains intervenants (dont l’un qui déclencha un scandale) confirmèrent ma méfiance.

Sans tomber dans le contrôle excessif, il faut tout de même savoir que de nombreuses formes de prosélytisme connaissent un inquiétant regain, qu’elles avancent souvent masquées et qu’elles empruntent volontiers les réseaux des structures culturelles, sociales voire scolaires chaque fois que leurs responsables,  leurs usagers et leur public qui ne sont évidemment pas infaillibles baissent la garde.

Ce n’est pas de gaieté de cœur que ce constat nécessaire doit être dressé : voici l’ère du soupçon.