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14 mars 2023

Carnet / Avons-nous besoin de frontières ?

Voici ma petite contribution au très superflu Printemps des poètes dont le thème cette année est « Frontières » .

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Dans mon adolescence, je n’aimais pas les frontières et je m’offrais un petit plaisir assorti d’un jeu de mot un brin narcissique en répondant que j’étais un homme du monde à toute demande concernant ma nationalité. C’était dans le goût des postures de l’époque, ces années 70 et 80 encore à peu près paisibles en comparaison de la situation que nous connaissons aujourd’hui tant à l’intérieur de nos frontières hexagonales devenues dangereusement poreuses qu’à l’extérieur, c’est-à-dire en Europe.

Et puis il y eut les années 90 au milieu desquelles le devoir régalien de la sécurité nationale incombant aux États se rappela à notre souvenir à l’occasion des vagues d’attentats pilotées depuis l’étranger puis de l’intérieur. Vint alors assez rapidement la fin de l’utopie d’une Europe sans frontières consécutive à la signature de l'accord de Schengen et de la convention de Schengen (signés à Schengen) en 1985 et 1990.

Il est certes agréable, quand on fait du tourisme, de passer les frontières sans autres obligations que de ralentir un peu l’allure de la voiture entre deux postes de douane dont les barrières toujours levées nous rappellent les décennies de paix que nos générations ont eu la chance de considérer comme un progrès qu’on aimerait désormais acquis. C’était bien le moins qu’on pouvait espérer après deux guerres mondiales dont la durée et l’organisation méthodique conduisent l’esprit le plus rationnel à penser que durant ces périodes maudites, le monde tenait dans la main du diable, lequel sait bien que l’enfer est pavé de bonnes intentions.

Le rêve réalisé en Europe d’un monde sans frontières est une de ces bonnes intentions pavant le seuil de l’enfer dans le contexte actuel des nouvelles menaces liées à l’instrumentalisation politique d’une religion étrangère qui pousse partout ses pions de manière de plus en plus belliqueuse. De ce fait, les frontières que nos générations d’après guerres pouvaient considérer comme menaçantes deviennent aujourd’hui ce qui peut, entre autres outils, nous protéger.

Ceux qui nous disent que les frontières ne servent à rien parce qu’elles sont ingérables mentent pour protéger leur petit commerce. Si par extraordinaire ce commerce était de nouveau favorisé par les frontières, ils nous diraient qu’elles sont indispensables.

Souvenons-nous que lors de la première guerre mondiale lorsqu’il n’y avait ni informatique ni téléphones cellulaires ni satellites, pas un gamin en âge de partir au front niché au fond de sa campagne la plus reculée n’a pu hélas échapper à la mobilisation en imaginant se sauver au-delà des frontières pour échapper au sacrifice absurde et révoltant de sa jeunesse à l’abattoir. Si les frontières pouvaient déjà être aussi bien gardées à cette époque sans les technologies de pointe d’aujourd’hui, comment ne le seraient-elles pas de nos jours ?

Les frontières sont certes des outils à double tranchant, capables de garantir la sécurité d’un pays ou de le transformer en redoutable souricière lorsque, par exemple, un gouvernement devient l’ennemi de son propre peuple.

Se pose alors la question du droit d’asile. Dans nos démocraties occidentales pacifiques, il faut être conscient que la sécurité des bénéficiaires en règle du droit d’asile est assurée par les frontières du pays souverain qui veut bien les accueillir. Une grande part de la génération qui a bloqué le compteur sur ses certitudes adolescentes et dont les spécimens les plus caricaturaux sont devenus trop vieux pour comprendre le monde dans lequel ils vivent aujourd’hui feraient bien d’y réfléchir (je parle ici notamment des soixante-huitards allergiques aux frontières par idéologie mais aussi de leurs divers héritiers politiques des générations suivantes engoncés malgré leur âge encore jeune dans des positions de principe).

16 janvier 2023

Carnet / Dix ans sur les réseaux sociaux : mon bilan provisoire. 

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Petits malentendus sans importance

J’ai commencé à utiliser internet, en particulier le circuit des blogs, pour promouvoir mon activité littéraire en priorité. L’extension à Facebook n’était au début que la continuité de ce processus. Dans un second temps, j’ai ouvert cet espace toujours principalement dédié à la littérature à des interventions plus politiques, ce qui m’a amené à un constat amusant : les personnes qui se sont au début rapidement ajoutées en nombre à ma liste de contacts étant en majorité issues de la gauche culturelle parce qu’elles me croyaient de leur bord en raison de mon activité littéraire ont été surprises ou déçues de mes positionnements politiques (je précise que je ne suis inscrit à aucun parti même si le sinistre épisode du passeport vaccinal m’a rapproché de certains d’entre eux). Parmi ces gens, quelques-uns m’ont fait part directement de cet étonnement et de cette déception, en un mot de leurs reproches auxquels je n’accorde évidemment aucune importance. 

Je m’attendais donc à voir ma liste de contacts rapidement et drastiquement réduites mais rien de tel ne se produisit. Au contraire, je gagnai même en diversité d’opinions et de personnalités. Il y eut certes quelques rares départs (rapidement compensés par de nouveaux arrivants) mais je serais bien incapable de les identifier. À partir d’un certain nombre de contacts, dès qu’on arrive à plusieurs centaines, on peut difficilement savoir qui s’en va, sauf s’il s’agit de personnes proches et très actives sur vos pages.

Une expérience inédite

Contrairement à ceux qui sous-estiment la portée et l’intérêt des réseaux sociaux par réflexe corporatiste (les journalistes encartés, j’allais dire officiels mais ceci est en train de devenir un pléonasme dans une presse largement subventionnée), par dédain relevant souvent du mandarinat (de nombreux universitaires — on se souvient du raccourci entre le comptoir de bistrot et internet de feu Umberto Eco, intellectuel pourtant brillant mais pas à l’abri des réductions hâtives et à l’évidence peu documentées), par crainte voire panique (les politiques et les responsables d’organisations syndicales qui perdent le contrôle de leurs sympathisants et adhérents), je considère quant à moi ces réseaux sociaux comme des médias à part entière, comme un phénomène de société extrêmement important et comme une expérience d’auteur totalement inédite dans l’histoire de la publication et des rapports entre auteurs et éditeurs. Petite parenthèse, j’ai la même analyse en ce qui concerne les plateformes d’édition personnelle (notamment celle d’Amazon que je considère comme la meilleure) parce qu’elles suscitent aussi la condescendance et la crainte des maisons d’édition et de tous les représentants de la bien nommée « chaîne du livre » , tous ces détenteurs de monopoles ayant bien compris la concurrence redoutable déjà à l’œuvre à leur encontre.

Pourquoi pratiquer les réseaux sociaux ? …

Revenons essentiellement aux réseaux sociaux. Comme tous les outils, les résultats dépendent de la manière dont on s’en sert et surtout du but recherché. Personnellement, je n’y suis pas forcément pour me faire des amis mais pour informer le public de mes activités littéraires et bien sûr de la parution de mes livres. Dans le domaine politique, je n’y suis pas non plus pour convaincre la foule d’individus qui ne pensent pas comme moi (ni bien sûr pour être convaincu par eux) mais pour contribuer à l’existence d’un débat contradictoire qui ne s’exerce plus dans la majorité des grands médias, le véritable objectif étant plutôt de m’adresser aux indécis, à ceux qui cherchent à se faire eux-mêmes une opinion au spectacle (c’en est un) des contradictions, des disputes voire des affrontements entre interlocuteurs et adversaires.

… Et pourquoi y rester ? 

C’est sur ce dernier plan que j’entame désormais une réflexion sur ma pratique actuelle des réseaux sociaux, surtout Facebook qui est celui où l’on argumente et écrit encore. Avant de m’expliquer sur ce point précis, je rappelle que je distingue trois phases dans l’évolution du comportement sur Facebook : celle des débuts, la première, où l’on se regroupe, la seconde où l’on dialogue, où l’on échange, et puis la troisième, celle où l’on renonce aux deux premières en se contentant de tenir sa position. À ce stade, pourquoi rester ? 

La question se pose d’autant plus lorsqu’on se retrouve, comme moi, avec une liste de contacts aux trois quarts constituée de personnes avec qui l’on est si peu d’accord que l’on s’en tient désormais à un silence prudent, à une sorte de réserve plus ou moins hostile qui finira un jour ou l’autre par une radiation de la liste de contacts ou, de manière plus sournoise, par l’utilisation de quelques procédures techniques offertes par Facebook pour, en toute discrétion, exclure quelqu’un ou s’exclure soi-même pour éviter ainsi de « virer » brutalement ou de partir en claquant la porte. On peut par exemple configurer pour cesser de voir les publications de quelqu’un en les masquant provisoirement pendant un certain temps. On peut sélectionner les personnes de la liste de contacts qui pourront voir ou non ce que vous publiez sans que ces gens s’en rendent compte. Il m’arrive (certes rarement) de procéder ainsi ; et j’imagine bien qu’on puisse me réserver le même traitement. Personnellement, je « vire » très rarement car je préfère que le « ménage » se fasse tout seul. Parvenir à ce stade de réflexion indique-t-il que les limites de l’outil du réseau social sont atteintes ? Peut-être.

Des ondes à la toile : espoirs, déceptions et limites

Cette éventualité me ramène à une de mes anciennes expériences médiatiques, celle liée à la fin du monopole d’État de diffusion sur la bande FM en 1981, un événement vécu comme un progrès considérable grâce auquel les radios pirates devinrent des radios libres. La mesure semblait ouvrir de belles et vastes perspectives propices à la démocratisation de la culture, à la liberté d’expression, au débat, à la créativité, à l’échange social, à la vie associative, autant de bienfaits qui décidèrent le jeune homme de vingt-deux ans que j’étais à m’investir en produisant et en animant assez longtemps des émissions culturelles hebdomadaires. 

Hélas, la déception se révéla à la mesure des espoirs suscités, la plupart des radios libres à véritable contenu rédactionnel ayant peu à peu dérivé vers l’adoption de programmes stéréotypés pour finir par se faire supplanter par des radios essentiellement commerciales du genre de celles qu’on entend désormais déverser leurs décibels, leur matraquage publicitaire, leurs rengaines débiles et leur musique d’ascenseur dans les supermarchés et les salons de coiffure. 

Mettre à disposition des populations un puissant outil d’expression et de communication ne signifie pas que ces mêmes populations aient forcément le désir de s’en emparer ou d’en faire un usage créatif. Des ondes à la toile, à plus de quarante ans d’intervalle, l’histoire semble vouloir se répéter…

07 octobre 2020

Carnet / Le point où j’en suis (notes en désordre). Volet 1 : mon rapport à la politique.

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Contrairement aux apparences, la politique ne m’a jamais beaucoup intéressé et cela continue. Cependant...

 

Issu de la première génération qui n’a jamais connu de conflit militaire, j’ai vécu la majeure partie de ma vie dans le monde bipolaire opposant les systèmes communistes et capitalistes parvenus tous deux à un niveau d’armement leur interdisant mutuellement toute guerre directe. L’Europe a pu ainsi échapper à son destin de champ de bataille des grandes puissances tandis que la France devenait elle-même une puissance nucléaire.

 

Il en a résulté quelques décennies (à chacun d’en apprécier le nombre en fonction de son âge, de son expérience et de son ressenti personnel) de relative tranquillité dans les pays développés, ce qui a favorisé une parenthèse inédite d’insouciance pour les générations apparues dans ce contexte. De ce fait, la confrontation politique qui succède toujours aux conflits armés s’est déplacée de la ligne de front idéologique au terrain économique et social. Clausewitz disait que la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens tandis que Foucault inversait la proposition en déclarant que la politique est la continuation de la guerre par d’autres moyens.

 

Dans ces conditions, depuis la seconde moitié du vingtième siècle, il était tout à fait possible de vivre une vie sans politique jusqu’à s’abstenir de voter puisqu’au fond, le choix proposé entre un centre gauche et un centre droits (blanc bonnet, bonnet blanc) ne pouvait que faiblement mobiliser un individu appartenant au large spectre de la classe moyenne longtemps majoritaire dans les démocraties représentatives des pays riches, y compris si cet individu se trouvait en bas de l’échelle de cette même classe moyenne hélas aujourd’hui bien rétrécie.

 

Malheureusement, la politique revient aujourd’hui par le plus inattendu des canaux, celui de la religion et pas n’importe laquelle, celle qui pose un redoutable problème aux démocraties puisqu’elle en conteste non seulement le fonctionnement mais en encore le fondement et l’existence. Depuis ce qui précéda la seconde guerre mondiale, l’Occident se retrouve ainsi pour la première fois aux prises avec un système politico-religieux totalitaire déterminé (comme le fut le nazisme) à combattre son mode de vie, ses institutions démocratiques (certes perfectibles mais qui ont le mérite d’exister) et sa culture.

 

C’est ce constat qui m’a conduit, à défaut de m’engager dans quelque parti que ce soit, à ne plus pouvoir ignorer la politique et à ne plus jamais envisager de voter pour la gauche, y compris la gauche centriste, ainsi que cela a pu m’arriver parfois dans le passé. Cela ne fait pas pour autant de moi un homme de droite ou d'extrême droite, même si mes opinions en matière de sécurité et d’ordre public ne m’ont jamais permis d’adhérer aux idées de la gauche qui a une écrasante responsabilité dans le péril où nous nous trouvons aujourd’hui face à un nouvel épisode de l’offensive du plus archaïque des fanatismes religieux.

 

Cet affrontement séculaire entre deux cultures irrémédiablement incompatibles a connu dans l’histoire et sur le continent européen des phases éruptives et des périodes de stabilisation. Nous sommes hélas de nouveau entrés dans une phase éruptive et si nous ne pouvons nous considérer officiellement en guerre malgré les attaques sur notre sol (environ 260 morts la plupart civils sur le territoire national en quelques années) nous ne sommes à l’évidence plus tout à fait en paix.

 

Malgré la timide et récente tendance à sortir du déni de cette réalité qui commence seulement à s’exprimer dans les discours officiels trop longtemps verrouillés par le clientélisme électoral, le politiquement correct et la récurrente technique d’intimidation de la gauche consistant à dénoncer toute pensée différente ou opposée à la sienne comme réactionnaire ou carrément fasciste, le combat est encore long avant que les démocraties du vieux continent n’affirment à nouveau leur légitime autorité sur les entreprises (au sens guerrier du terme) des différentes factions plus ou moins minoritaires mais bruyantes et agissantes cherchant à déclencher une forme de guerre civile.

 

Je pense qu’une partie considérable de ce combat se joue sur les réseaux sociaux, ce qui m’a conduit depuis quelques années à ne plus me contenter de les utiliser comme simple support de diffusion de mes activités et travaux littéraires. Ainsi que je m’en suis souvent expliqué sur diverses tribunes, l’expression politique sur les réseaux sociaux n’a pas pour but de convaincre mais de maintenir tant qu’il est possible l’existence et la visibilité d’un débat qui parvient de moins en moins à se tenir ailleurs, ni au sein de la collectivité ni même dans la sphère privée où il est devenu impoli d’aborder, même entre amis, peut-être surtout entre amis, ces sujets dits sensibles qui sont pourtant au cœur de notre avenir et en particulier celui de nos enfants et petits-enfants.

 

Les conséquences de ma volonté de défendre et d’illustrer des idées en opposition souvent frontale avec une majorité de mon environnement social artistique, intellectuel et parfois amical majoritairement de gauche (je ne sais pourquoi) n’ont pas tardé, ce qui non seulement ne me surprend pas mais encore me réjouit. Bien que je laisse le plus souvent la porte ouverte, je ne crains pas que des gens plus ou moins proches s’éloignent en silence et que des relations récentes ou virtuelles se dissolvent comme une mayonnaise qui ne prend pas.

 

Les amitiés de vingt, trente et quarante ans résistent, c’est le principal. Il n’est ni grave ni triste de perdre des amis, surtout pour des raisons de divergences d’opinions, parce que si vous les avez perdus ou s’ils vous ont perdu, c’est qu’ils n’étaient pas des amis. J’aime que le ménage et le rangement se fassent tout seuls et pour conclure provisoirement cette page de carnet sans doute un peu trop solennelle sur une note plus légère, je dirais que je n’ai pas été biberonné pour rien à Merlin l’enchanteur de Walt Disney !