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07 mai 2012

Tu écris toujours ? (71)

La suite de mon feuilleton humoristique Tu écris toujours? vient de paraître dans le trimestriel le Magazine des livres n°35 actuellement en kiosques : titre de ce nouvel épisode : Conseils aux auteurs locaux.

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TU ÉCRIS TOUJOURS ? (FEUILLETON D’UN ÉCRIVAIN DE CAMPAGNE). Précédents épisodes parus en volume aux éditions Le Pont du Change à Lyon (Un recueil de 96 pages, format 11 x 18 cm. 13 € port compris. ISBN 978-2-9534259-1-8). En vente aux éditions Le Pont du Change, 161 rue Paul Bert, 69003 Lyon. BON DE COMMANDE  

03 mai 2012

Florence Grasset chante en mai et juin 2012

 

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Florence Grasset accompagnée à la harpe au dernier festival Chromatica

Mai

CONCERTS 2012

Dimanche 6 Mai à 17h • Eglise de CHATILLON-sur-CHALARONNE
AUDITION d’ORGUE des élèves de la classe de Véronique ROUGIER - CRD d’Oyonnax
Intermèdes du QUINTETTE VOCAL “Confluence(s)”

chant : Céline ROBERT, Alexis JOSSERAND, Michel HARDOUIN,
Dominique BONNETAIN, Florence GRASSET • orgue : Olivier LEGUAY
- oeuvres de REGNARD, MONTEVERDI, CHARPENTIER [a cappella et avec orgue]. Entrée libre.

Mardi 15 Mai à 20h • Temple de la Madeleine à GENEVE (vieille ville)
“ORFEO DOLENTE” de Domenico BELLI
Re-création d’un Opéra de 1616, mis en espace, avec instruments et voix,
par un ensemble d’étudiants de la Haute Ecole de Musique de Genève
Direction : Alessandro URBANO
pour son examen de maestro al cembalo - classe de Leonardo GARCÍA ALARCÓN

Mardi 22 Mai à 20h • Temple du Bas à NEUCHATEL
Mercredi 23 Mai à 20h • Théâtre de Beausobre à MORGES (près de Lausanne)

CHOEUR de CHAMBRE de la HAUTE ECOLE de MUSIQUE de GENEVE
composé de 40 étudiants des classes de chant de la HEM
- Béla BARTÓK - Mélodies populaires hongroises [a cappella]
- Igor STRAVINSKY - Les Noces [choeur et solistes en russe, avec 4 pianos et percussions]
Direction : Celso ANTUNES, professeur de direction de choeur

Juin

Mardi 12 Juin (soirée) • Petit Théâtre du Centre Culturel Aragon à OYONNAX
Tricentenaire ROUSSEAU • 1712 - 2012
CONFERENCE - CONCERT par Dominique BONNETAIN

chant : Céline ROBERT & Florence GRASSET • clavecin : Catherine FOURNIER-HOLLEVILLE
- Jean-Philippe RAMEAU, Jean-Jacques ROUSSEAU - Le Devin du Village ... extraits d’opéras français du XVIIIe siècle

Dimanche 17 Juin à 17h • Abbatiale Saint Michel à NANTUA
Samedi 23 Juin à 20h30 • Eglise Saint Léger à OYONNAX
“REQUIEM” de Gabriel FAURÉ
CHOEUR du CONSERVATOIRE d’OYONNAX

solistes : Florence GRASSET, soprano • Alexis JOSSERAND, baryton
Direction : Michel HARDOUIN

Vendredi 22 Juin à 20h • Espace Fusterie à GENEVE
*
Mercredi 27 Juin à 20h30 • Grande Salle du Conservatoire, Place Neuve, à GENEVE **
Samedi 30 Juin à 21h • Auditorium Santa Margherita à VENISE **
ENSEMBLE de MADRIGALISTES du Centre de Musique Ancienne de la HEM de GENEVE

*grand ensemble : 15 chanteurs & 25 instruments /**ensemble réduit : 7 chanteurs & 13 instruments
[violon, alto, violoncelle, viole de gambe, luth, théorbe, flûte à bec, sacqueboute, orgue, clavecin, cornet, percussions]
- MONTEVERDI, WILLAERT, GABRIELI ... musique vénitienne du XVIIe siècle
Direction : Gabriel GARRIDO, professeur de flûte à bec


30 avril 2012

Carnet des rencontres : Charles Juliet

Réveillé à 6h dimanche matin après m’être couché à 2h30. Dehors, dans le faible jour et sous un ciel bas, des bourrasques tièdes et sèches, inhabituelles en cette saison, agitent les frênes encore nus. Plus loin, au village, l’éclairage public est encore en veille. Le gros chat vagabond que je nourris patrouille déjà autour de la maison.

Samedi après-midi, j’ai assisté à l’intervention de Charles Juliet à la bibliothèque municipale d’Oyonnax. Ambiance amicale et décontractée.

 

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Charles Juliet à la bibliothèque du centre culturel Aragon à Oyonnax. (Photo © Christian Cottet-Emard, 2012)

Ma dernière rencontre avec Charles Juliet devait dater de la fin des années 80 ou du début des années 90, époque à laquelle je l’avais photographié pour un journal quotidien et pour la revue de littérature et de sciences humaines Le Croquant. Hier, par la magie des appareils qui fonctionnent en silence et sans éclairs, j’ai tiré quelques photos en l’écoutant parler de sa naissance laborieuse à l’écriture, de ses années de doute, de sa quête de soi, de ses souvenirs de jeunesse et de maturité et du degré d’exigence qu’il s’efforce d’apporter à sa pratique d’écrivain.

Ce moment d’échange entre les lecteurs et Charles Juliet m’a rappelé les circonstances professionnelles parfois marquées d’anecdotes comiques qui m’ont conduit par le passé à me trouver en sa présence. J’avais abordé le sujet dans ces colonnes dans ce texte sur le thème des rencontres avec les écrivains que je redonne aujourd’hui :

L’écriture, c’est bien sûr la rencontre avec le lecteur, la principale, mais aussi les rencontres, plus contingentes, avec d’autres écrivains. Alchimie incertaine, moments délicats, instants de grâce, rendez-vous manqués et festival de gaffes au programme.
Lors de mes débuts dans la presse, au début des années 80, je vois encore Charles Juliet, s’adressant à des lycéens depuis une estrade au lycée Paul Painlevé d’Oyonnax, rouler des yeux anxieux dans ma direction parce que je me contorsionnais sous son nez pour lui tirer le portait lors d’une interminable séance de photos au terme de laquelle je m’aperçus avec horreur qu’il n’y avait pas de pellicule dans l’appareil, Jean-Marie Auzias me préciser que cet enfant qui était tout son portrait n’était pas son petit-fils mais son fils et Serge Montigny encaisser sans broncher mes vieilles aigreurs contre Tel quel et le polar avant que je n’apprenne son influence dans ces deux sphères littéraires.
En matière de communication avec mon prochain, mes jours les moins inspirés sont souvent ceux que j’essaie de transcender par des assauts de sincère bienveillance. Dans ces moments-là, j’ai ceci de commun avec l’enfer : pavé de bonnes intentions. « On a frôlé le chef-d’œuvre » ai-je déclaré à mon amie (et qui l’est restée) Marie-Ella Stellfeld à propos de son excellent roman noir, L’homme aux oreilles de jazz.
Attention aux petites blagues censées détendre l’atmosphère autour d’une bonne table : « quelle est la différence entre un critique gastronomique et un critique littéraire ? Le premier crache dans la soupe, le second la sert » ai-je soufflé à l’oreille de Marcel Bisiaux qui, je le savais pourtant pour être un de ses fidèles lecteurs, signait dans la Quinzaine Littéraire une chronique mêlant littérature, philosophie et gastronomie.
Difficile de se refuser le subtil plaisir de mettre les pieds dans le plat, surtout avant de passer à table. À Meillonnas dans l’Ain, lors d’un apéritif en plein air, en petit comité et en bonne compagnie, en présence, notamment, de Charles Juliet, quelqu’un se fendit de cette classique et non moins étrange question, version assez voisine et collective de la récurrente « Tu écris toujours ? » : « pourquoi écrivez-vous ? » Je ne me souviens plus de quelle manière Charles Juliet se tira de cet embarras mais lorsque les regards convergèrent vers moi, j’en étais encore à allumer un petit Davidoff et, Dieu sait ce qui me passa par la tête, je répondis que j’écrivais pour payer mes cigares, ce qui eut pour effet de faciliter le passage d’un ange et de couper court à tout dialogue, notamment avec mon voisin de fauteuil en rotin, l’auteur de L’année de l’éveil qui m’envoya un regard éteint sans toutefois renoncer à un haussement de sourcil désapprobateur.
Après le dîner, Michel Cornaton, le maître de maison, demanda à Charles Juliet s’il voulait bien accepter de poser pour une photo et me désigna pour appuyer sur le déclencheur. Mon appareil était certes chargé ce soir-là mais le flash ne voulut jamais partir. Je suggérai donc à notre hôte de braquer un petit abat-jour sur la tête de Charles Juliet, ce qu’il s’empressa de faire en une laborieuse gymnastique qui mit notre écrivain assez mal à l’aise. Après les photos sans pellicule, on lui refaisait le coup sans flash et en lui braquant une ampoule dans la figure, comme dans les films policiers... Quand vint l’heure du digestif, pour me faire pardonner ces enfantillages et lui prouver que je le lisais depuis longtemps, je demandai à Charles Juliet de me dédicacer un opuscule imprimé en ronéo par les éditions du Dé bleu, un petit recueil de fragments de son fameux journal. Il sembla surpris et perplexe de voir réapparaître cette humble et ancienne publication qu’il parapha poliment. Avec tout ce que je lui avais fait endurer, peut-être me soupçonnait-il maintenant d’être un de ces collectionneurs d’autographes n’ayant de cesse de revendre l’objet pour acheter des cigares !
J’ai dû m’entretenir, jusqu’au moment où j’écris ces lignes, avec une bonne trentaine d’écrivains, connus et inconnus, peut-être même un peu plus, ce qui est peu, compte tenu de mes activités de presse et de mes déplacements (de plus en plus rares) dans des salons et autres lieux du livre. Que reste-t-il de ces contacts ? Quelques anecdotes, de franches rigolades, une certaine mélancolie et les reproches affectueux de quelques amis estimant que « je n’avais pas su cultiver ces relations pour faire mon chemin dans le monde littéraire » (sic). Ils ont probablement raison mais mon caractère ne me permet pas d’instiller de la stratégie dans mes relations amicales ou simplement cordiales avec les écrivains et les artistes que le destin met sur mon chemin. De plus, je préfère passer pour un ours que d’être soupçonné du moindre comportement courtisan. Enfin, s’il est presque toujours intéressant d’approcher un écrivain en chair et en os, la vraie rencontre est évidemment dans l’œuvre, celle-ci pouvant parfois se révéler bien supérieure aux qualités humaines de son auteur.
Lorsqu’il m’arrive de franchir l’étrange frontière entre l’auteur et le lecteur, matérialisée par une méchante petite table destinée aux signatures, et de m’essayer à l’exercice des dédicaces, j’appréhende la déception de celle ou de celui qui a pris plaisir à la lecture de mes livres et qui ne découvre qu’un bonhomme empêtré dans la recherche de l’équilibre entre convenances sociales et spontanéité, art où je n’excelle guère. Mais j’arrête là l’autocritique, suivant ainsi le conseil de Sacha Guitry : « ne dites pas trop de mal de vous. On vous croirait. »