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05 mars 2018

Patrick Dubost en lecture à la médiathèque d’Oyonnax

Auteur d’une vingtaine de livres de poésie et habitué des lectures en scène, Patrick Dubost est l’invité de la médiathèque municipale d’Oyonnax au centre culturel Aragon vendredi 29 mars 2018 à 20h (entrée libre en fonction des places disponibles). Il propose, dans le cadre du printemps des poètes, une lecture poétique intitulée Manisfeste pour habiter la lune.

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Premier plan : Roland Tixier. Deuxième plan de droite à gauche : Patrick Dubost et moi. Arrière-plan : de droite à gauche : Jean-Jacques Nuel et Frédérick Houdaer après la Scène poétique du 12 mai 2010 à Lyon

 

Patrick Dubost est un des premiers à m’avoir publié lorsque j’avais une vingtaine d’années, notamment dans le cinquième numéro de sa revue de poésie qui portait un nom d’étoile, Fomalhaut. Je me souviens aussi, dans ces mêmes années 80, d’une journée littéraire qu’il avait organisée en Beaujolais dans une belle maison de maître où j’avais rencontré entre autres poètes Roland Tixier.

 

Bien des années plus tard, en mai 2010, Patrick Dubost m’avait invité à lire mes textes à son fameux cycle de la Scène poétique à l’époque où celle-ci avait lieu à la bibliothèque de la Part-Dieu à Lyon. J’en garde un très bon souvenir (organisation professionnelle, contrat de travail, affiches, tracts et information dans Topo, le magazine de la bibliothèque). Les lectures de la Scène poétique étant enregistrées et archivées, il existe une vidéo de ma lecture qui se balade sur internet mais je n’en fais pas la publicité car je trouve ma prestation très mauvaise, notamment à cause de mon affreux accent d’Oyonnax.

 

Patrick Dubost a quant à lui une belle présence sur scène, acquise au cours des nombreuses années à pratiquer cet art difficile de faire passer, comme le disait Jean Tardieu, le mur du son à la poésie.

 

01 mars 2018

Oyonnax mouchée sur internet

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Faut-il que la presse locale soit creuse (c’est l’adjectif qu’on emploie dans le métier de localier lorsque l’actualité se fait rare) pour consacrer une page à un site internet (Ville-idéale.fr) qui prétend attribuer une note chiffrée à une ville sur la base de quelques commentaires mal écrits et, semble-t-il, postés au gré de l’humeur du moment par des personnes qui en sont parties. Une entreprise bien hasardeuse qui ne méritait peut-être pas un tel écho sans doute artificiellement amplifié par l’angoisse de la page vide, un sentiment que je ne songerais pas à reprocher au rédacteur sous pression puisque je l’ai connu moi-même quand j’étais contraint d’exercer cette profession.

 

Pas question non plus de mépriser l’opinion et le droit de s’exprimer de quiconque souhaite partager son vécu à Oyonnax. Je ne m’en prive pas moi-même sur ce blog et je ne suis pas toujours tendre avec la ville où j’ai passé presque toute ma vie, que j’ai quittée pour m’installer à dix kilomètres mais où je continue de me promener, de voir des amis et de faire mes courses.

 

Il est sain de critiquer à condition de toujours garder à l’esprit que la critique est aisée mais que l’art est difficile. Comme beaucoup de petites villes, Oyonnax a d’indéniables atouts locaux. Quant à ses problèmes, ils sont souvent les mêmes que ceux qui se posent au niveau national, notamment sur le front de la délinquance et de l’insécurité routière, thèmes figurant parmi les points négatifs abordés par les commentateurs du site.

 

Pointée elle aussi, l’offre commerciale doit composer avec la réalité nationale de la dévitalisation des centres-villes, ce qui constitue un défi difficile à relever.

 

En ce qui concerne l’offre culturelle, était-il opportun de souligner dans l’article du Progrès le commentaire d’une personne qui se trompe sur le nombre de cinémas et qui qualifie de manière absurde la médiathèque de l’adjectif dégueulasse ? Malgré une retentissante erreur de casting (la résidence d’Insa Sané), la médiathèque est avec le conservatoire un des secteurs qui marchent le mieux au centre culturel. Certes, je l’ai déjà dit, la saison de spectacle n’est même pas digne d’une programmation de MJC des années soixante-dix et le centre culturel n’a rien à gagner à se transformer en centre social sous prétexte de satisfaire aux exigences de la politique de la ville. La responsabilité en incombe plus aux élus qu’aux chefs de services.

 

Sur le plan sportif, les commentateurs plus positifs ne considèrent que le rugby alors que dans toutes les autres disciplines, les équipements sont nombreux et, de mon point de vue personnel plus que suffisants. Je n’en dirai pas plus sur ce point car pour être franc, le sport à Oyonnax comme ailleurs, je m’en bats l’œil.

 

La critique la plus pertinente émanant des internautes s’exprimant sur Ville-idéale.fr est celle qui déplore un chauvinisme exagéré et non justifié eu égard à ce que propose Oyonnax. Il est vrai que la débauche d’affichage et les slogans grotesques de la communication officielle relevant de la méthode Coué prêtent le flanc à ce reproche. On peut y ajouter l’embauche d’une personne qui a pour tâche de faire rayonner la ville à l’international ! On lui souhaite bon courage ! Oyonnax s’est déjà forgée une réputation dans le monde sur le plan de l’innovation industrielle et technologique. Pour le reste, un peu plus de mesure ne nuirait pas mais le syndrome de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf ne date pas d’aujourd’hui à Oyonnax.

 

En matière d’attractivité et de qualité de vie, Oyonnax a encore beaucoup à faire même si les efforts sont réels. On peut les mesurer entre autres dans l’aménagement urbain, la création du nouveau quartier de la Croix Rousse (une réussite) et l’entretien des parcs publics malgré les fausses notes au parc Nicod avec les alignements de chaudrons de sorcière rouillés et les affreux berlingots à notables qui ressemblent à des moulins à prière tout droit sortis des cauchemars d’un confiseur de fête foraine en burn-out.

 

Je sais que je vais encore me faire disputer en publiant ce billet mais j’y consens d’autant plus volontiers que je n’ai rien à vendre, pas de carrière à protéger et personne à ménager.

 

07 février 2017

Insa Sané va attaquer la Ville d'Oyonnax en justice. Son avocat veut lui obtenir plusieurs milliers d’euros.

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Le rappeur slameur se présentant comme écrivain et artiste a décidé d’attaquer la Ville d’Oyonnax en justice. Il porte l’affaire devant le tribunal administratif parce qu’il s’estime victime de censure, de non-respect d’un contrat et de harcèlement (!).

Celles et ceux, embarrassés, qui souhaitaient au plus vite « passer à autre chose » selon la formule magique caractéristique de ces temps de zapping permanent se voient ainsi de manière prévisible rappelés à son bon souvenir, et pas de la manière la plus désintéressée ! Dans cette catégorie, Sané n’est pas tout seul. Il est un produit de l’époque, je dirais même du système, copié à des milliers d’exemplaires. Il a beau jeu de se présenter comme un rebelle face à des collégiens qui n’ont pas forcément tous les éléments pour constater qu’il n’est qu’un rebelle subventionné. 

Je ne reviens pas sur cet épisode pour focaliser l’attention sur un banal fournisseur de biens de consommation qu’on a peine à qualifier de culturels mais parce que cette affaire locale est un résumé de ce qui se passe actuellement en France et bien au-delà.

Quant à la décision délibérée du choix de ce personnage issu du show-business le plus insignifiant « recruté pour sensibiliser les jeunes à la lecture » (!) , on ne perdra pas de temps à en analyser les motivations obscures de la part des personnes qui ont pris la responsabilité de mettre le centre culturel Aragon au service de la diffusion d’une idéologie et d’une sous-culture que les jeunes publics ciblés soi-disant pour des raisons éducatives et sociales reçoivent déjà en abondance sur leurs téléphones portables. Nous avons là un exemple de ce que le politiquement correct produit de plus niais et de plus nocif.

Le vrai sujet, le fond de cette affaire est que de nos jours, avec un peu d’opportunisme et de calcul, n’importe qui peut exploiter sous n’importe quel prétexte (idéologie, prosélytisme, appât du gain, etc...) l’organisation et les structures culturelles de notre pays.

Les réseaux officiels de diffusion d’une culture abandonnée à un relativisme au sein duquel tout se vaut sont devenus des usines à gaz où prospèrent des intouchables distraits qu’aucun pouvoir politique ne cherche à déranger.

Encore trop de responsables culturels, d’enseignants,  d’associations de parents d’élèves et bien sûr d’élus semblent rechigner à prendre l’exacte mesure du problème : le secteur de la culture, notamment dans le cadre des intervenants extérieurs, est soumis à la  pression d’individus et de groupements divers pour lesquels l’action culturelle (qu’ils considèrent comme le ventre mou d’une société avec laquelle ils sont en conflit) constitue un espace propice à leurs motivations pas forcément bienveillantes. Le sujet est hélas trop vaste pour être développé ici.

Revenons donc à l’affaire Sané, je le répète, parfaitement représentative des dérives que je viens d’évoquer.

Il appartiendra à la justice de juger du respect ou non du contrat passé entre la mairie et Sané. Peut-être eût-il fallu s’intéresser de plus près à son CV et à son parcours (notamment éditorial) plutôt que de se contenter de saisir une opportunité d’animation en forme de (fausse) bonne affaire parce que financée par la Direction Régionale des Affaires Culturelles...

De la gestion à la petite semaine qui, espérons-le, ne conduira pas au final la Ville à « indemniser » le plaignant dont l’avocat se fait fort de réclamer « plusieurs milliers d’euros » pour son client. On notera au passage que pour quelqu’un déclarant qu’il « ne veut pas avoir, à l’avenir, la réputation d’un artiste à problème » le fait d’engager une procédure tend à prouver le contraire !

En ce qui concerne l’accusation de censure ou de violation de la liberté d’expression, le rappeur semble oublier qu’il est normal pour les pouvoirs publics de contrôler la légalité de l’information diffusée aux publics mineurs. Les contenus à leur intention sont soumis, ne lui en déplaise, à la Loi.

Quant à l’accusation de harcèlement, chacun en appréciera la portée avec une rémunération intégralement versée pour une résidence prévue trois mois qui ne dura guère plus de trois semaines, environ 6000 euros lit-on dans le journal Le Progrès (j’avais quant à moi connaissance de 9113 euros. Qui a la bonne réponse ?) En matière de harcèlement, on a vu plus violent...

Sané a l’art de se faire passer pour une victime alors qu’il dégaine toujours en premier. À la médiathèque d’Oyonnax, il a semé le vent et s’étonne de récolter la tempête. Il proteste alors de sa recherche de la confrontation d’idées avec son franc-parler.

Ses défenseurs inconditionnels ont tenté de minimiser la portée de ses propos en évoquant un simple dérapage (mot à la mode), comme s’ils étaient prononcés par un post-adolescent inexpérimenté emportés par la fougue de ses convictions.

Cette version romantique du rebelle entraîné par sa spontanéité et son franc-parler est démentie par son CV, celui d’un routard expérimenté de la résidence d’auteur, par son âge (43 ans) et par sa maîtrise de la communication manipulatrice caractérisée par l’alternance permanente entre la provocation, la posture victimaire et l’attaque.

Cette résidence d’auteur, première du genre dans une ville soumise à l’injonction de faire du social plus que de la culture exigeante, s'est terminée par un échec cuisant qui laisse le goût amer de la fâcherie et de la gabegie.

À l’évidence, les responsables ont choisi la mauvaise personne pour de mauvaises raisons. On peut dire que l’affaire aurait pu en rester là. Hélas, nous sommes encore dans une période, bientôt finissante je l’espère, où Sané peut gagner contre la Ville d’Oyonnax. Le contribuable doit en être conscient. Voilà dans quel monde nous vivons.

Et à part ça ? Le Printemps des poètes se profile, je l’avais oublié celui-là. Et si on invitait un poète en résidence ? Pardon, je sors, comme on dit sur Facebook !...

 

Liens vers les articles à mesure de leurs parutions :

http://cottetemard.hautetfort.com/archive/2016/06/06/en-f...

 http://cottetemard.hautetfort.com/archive/2016/04/0...

http://cottetemard.hautetfort.com/archive/2016/03/22/rap-...

De l'imposture du rap :

http://cottetemard.hautetfort.com/archive/2016/03/14/carn...