31 décembre 2009
Carnet de la Saint-Sylvestre
Geneviève, ma marraine qui enchanta mon enfance et ma vie d’adulte, disparue le 20 décembre dans sa soixante-septième année, souhaitait que sa mémoire fût évoquée dans la joie qu’elle sut si bien distribuer autour d’elle.
Je termine donc cette année 2009 en pensant à elle et en la remerciant de son dernier cadeau, cette belle soirée du 27 décembre à l’opéra de Lyon où elle aurait dû aussi être présente pour assister à la comédie musicale Moscou, quartier des cerises, de Dimitri Chostakovitch. Geneviève nous avait réservé, à moi et à ma famille, les meilleures places pour apprécier cette œuvre espiègle, pétillante, colorée. Ces trois adjectifs me viendront aussi à l’esprit chaque fois que mes pensées iront vers Geneviève.
Photos : le 27 décembre dernier à l'opéra de Lyon, pendant l'entracte.
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29 avril 2009
Hier, pour la première fois de ma vie,
à quarante-neuf ans tout de même, j’ai allumé un feu dans la cheminée avec du bois coupé par mon père décédé en 2003. La veille, j’ai profité de la visite de José, un ami, pour lui demander des conseils sur la façon d’utiliser la cheminée en toute sécurité.
C’est aussi grâce à José que la table sur laquelle j’écris ces notes ne tangue plus. Comme les autres enfants de la famille, je m'installais sous cette grande table Art nouveau pour lire ou rêvasser. Pendant de nombreuses décennies, elle n'a jamais bougé mais a pourtant perdu tout équilibre après son arrivée dans mon ancienne maison d’Oyonnax, à la suite du décès de ma grand-mère. La voici enfin stabilisée, comme si elle avait retrouvé à la campagne, dans cette autre résidence de famille où j’habite désormais, une maison à sa convenance.
Lorsque je regarde José ainsi que mes autres amis et proches voler à mon secours pour réparer ce qui se détraque, entretenir ce qui s’use et remettre en marche ce qui tombe en panne, je pense à mes écrits et je me demande à quoi et surtout à qui va bien pouvoir servir cette prose...
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21 avril 2009
Silences
Les petits travaux de la vie quotidienne me plongent dans une hébétude qui me fait honte. Depuis au moins trois semaines, je ne réponds pas au courrier, ne donne pas de nouvelles aux amis et trouve pourtant que le temps passe trop vite. Et ce spleen qui m’envahit chaque fois qu’une fête est passée, en particulier Pâques que j’aime beaucoup.
Au courrier de ces vacances de Pâques, un nouveau livre dédicacé de François Perche * au titre prometteur, Les Petites filles de mon enfance ne clignent pas les yeux (éditions MLD) que je lirai lorsque je ne me sentirai plus fermé comme une vieille serrure grippée.
Répondu à une interview du magazine en ligne BSC News qui paraît vendredi. J’avais donné mon accord voici quelques temps, donc pas question de me défiler au dernier moment.
Encore pas réagi à la proposition du responsable d’une revue que je lis depuis longtemps et dont il m’ouvre amicalement les pages pour une chronique régulière où, pour reprendre son expression, j’aurais le champ libre. J’hésite en voyant mes livres en cours prendre du retard mais j’ai bien envie d’accepter. Toujours ces hésitations, ces réticences à me lancer. Un pas en avant, deux pas en arrière. Je voudrais lasser tout le monde que je ne m’y prendrais pas autrement. Ce doit être ce que Montale appelait « la vie à 5 % » (je cite de mémoire et ne suis donc pas sûr du pourcentage).
Retrouvé dans des papiers anciens un mot de Christian Bobin qui m’adresse de sa belle écriture ronde des gentillesses sur mon recueil de petites proses L’Inventaire des fétiches, publié en 1988. Étrange de voir remonter cette lettre du désordre de mes archives au moment où je commence à feuilleter son livre La Dame blanche avec ces lignes en quatrième de couverture : « Sous le soleil clouté d’Arabie et dans la chambre interdite d’Amherst, les deux ascétiques amants de la beauté (Arthur Rimbaud et Emily Dickinson, NDR) travaillent à se faire oublier. » N’étant ni l’un ni l’autre et encore moins ascétique, j’ai bon espoir de me rappeler bientôt au souvenir de celles et ceux qui ont bien du mérite à ne pas m’oublier... Comme ce jeune chat en quête d’un territoire qui me toise à juste raison, tous les soirs à la même heure, d’un regard perplexe.
* François Perche lisant un de ses livres au salon du livre de Saint-Claude, Jura. (Photo MCC)
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