20 novembre 2008
Saint-Saëns, l'ingénieux lyrique
Les courtes et sombres journées de novembre sont pour moi propices à l’écoute des concertos pour piano de Saint-Saëns. Mon goût pour ce compositeur laisse parfois perplexes certains de mes amis musiciens. Je me promène dans son œuvre depuis très longtemps. Enfant, j’avais fait main basse sur de vieux vinyles appartenant à mon grand-père. L’évocation des squelettes s’entrechoquant dans la Danse macabre s’accompagnait des craquements de ces disques souvent balafrés et des grincements de violon accentués par la vitesse approximative du plateau de ce qu’on appelait à l’époque un tourne-disque. Si ma passion de gosse pour la Danse macabre s’est aujourd’hui apaisée, je n’en reste pas moins un admirateur sans complexe d’une œuvre qui n’éveille pas uniquement ma curiosité musicale.
En écoutant mon intégrale des concertos pour piano, je suis toujours frappé par le décalage que je crois discerner entre le puissant souffle lyrique, caractéristique du genre et de l’époque, et la personnalité publique de ce Camille décrit comme si peu charismatique.
Camille Saint-Saëns, avec son prénom unisexe, son nom aux consonances bizarres, son physique de vieux notaire, sa voix de fausset (d’après les témoignages de ceux qui l’ont approché) et l’étiquette d’académisme qui lui colle à la redingote, nous arrive au début de ce XXIème siècle, âge d’or de l’apparence, avec une image de compositeur vieillot, incarnation d’un ténébreux et décadent XIXème. Qu’importe, seule compte sa musique, et quel souffle, quelle énergie, quelle invention dans ses concertos pour piano !
Donnait-il tout à l’oeuvre ou n’était-il qu’un faiseur ? Je me pose souvent la question, ce qui ne m’empêche pas de vibrer à l’écoute du cinquième dit « l’égyptien » qui n’a d’ailleurs pas grand-chose d’égyptien. Il faut être de bois pour ne pas être emporté par le premier mouvement. C’est à la fois échevelé et très bien fait. L’ingéniosité au service du lyrisme et, il est vrai, un certain sentimentalisme dont il se défiait pourtant. Grand romantique contrarié ou habile technicien ? Sans doute les deux, ainsi que le laisserait supposer le compliment ou la vacherie de Debussy : « M. Saint-Saëns est l'homme de France qui connaît le mieux la musique. » Voilà ce que j’appelle un éloge à la retourne...
Debussy et Saint-Saëns, le rapprochement de ces deux noms me rappelle une conversation avec le poète Jean Tardieu. Nous parlions de la difficulté de reconnaître et d’accepter les formes nouvelles en art : « on le voit bien avec Debussy, me disait Jean Tardieu, au début, les gens poussaient des cris, trouvaient sa musique insupportable ! Même de grands musiciens comme Saint-Saëns avec qui ma famille était en relation : j’ai une lettre assez amusante à ce propos où il se disait excédé par Debussy ! »
02:21 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : musique, saint-saëns, piano, concerto, debussy, tardieu, liszt
06 octobre 2008
Six musiciens très applaudis à l’abbatiale de Nantua

Six musiciens très applaudis ont réuni leurs talents dimanche 5 octobre en l’abbatiale Saint-Michel de Nantua en présence de nombreux mélomanes. Pour ce beau concert d’automne bénéficiant du label « Patrimoine en Musique » et du soutien de l’ADDIM de l’Ain, au programme s’étendant du XVIIe au XIXe siècle, les professeurs de l’École de Musique du Haut-Bugey s’étaient joints aux organistes Véronique Rougier, professeur d’orgue au Conservatoire à Rayonnement Départemental d’Oyonnax, organiste de Nantua, et Olivier Leguay, organiste, claveciniste et professeur au CRD d’Oyonnax et au Conservatoire de Lons-Le-Saunier.
Dans ce répertoire du XVIIe qu’elle affectionne, Véronique Rougier a interprété dans leurs nuances les plus variées le plein jeu, le duo, le récit tendre et le grand dialogue de la suite du premier ton du deuxième livre de Jacques Boyvin. La voix de Céline Dombon a ensuite instauré un dialogue subtil avec l’orgue dans des arias extraits du petit livre d’Anna Magdalena Bach de Johann-Sebastian Bach. Toujours aux claviers, Véronique Rougier a été rejointe à la tribune par Betty Raucaz-Antonelli pour une claire et précise interprétation à quatre mains des fantaisies en do mineur et ré mineur d’Adolf Friedrich Hesse (1809-1863).
Après un entracte au cours duquel le président des Amis de l’orgue, Renaud Donzel, a proposé au public une présentation du tableau de Delacroix exposé dans l’abbatiale, Mathilde Convert a joué avec intensité et recueillement la passacaille pour violon de Heinrich Biber (1644-1704). Pour l’interprétation de la sonate « L’Annonciation » , du même compositeur, c’est l’organiste Olivier Leguay qui a retrouvé la violoniste à la tribune où il a ensuite donné une version très sobre, éloignée de tout pathos, du prélude, fugue et variation de César Franck. Pour la dernière œuvre au programme, la troisième sonate en trio en ré mineur de Johann-Sebastian Bach, le Hautbois de Laurent Boutaine s’est allié en toute clarté et avec beaucoup d’élégance à l’orgue toujours tenu par Olivier Leguay.
Afin de répondre à l’enthousiasme du public et puisqu’il fallait bien se résigner à sortir après ces riches moments musicaux, ce fut aux accents délicieusement surannés d’une célèbre sortie de Louis-Alfred-James Lefébure-Wély (1817-1870) offerte en bis par Véronique Rougier.
Prochain concert d’orgue : abbatiale Saint-Michel de Nantua, samedi 6 décembre à 15h. Au programme, concert- lecture sur les thèmes de l’Avent et de Noël par les élèves de la classe d’orgue du Conservatoire à Rayonnement Départemental d’Oyonnax. Textes : abbé Pierre Le Bourgeois. Organisation : paroisse Saint-Michel, Amis de l’orgue de Nantua, CRD d’Oyonnax.
Photo : de gauche à droite, Mathilde Convert, Betty Raucaz-Antonelli, Olivier Leguay, Véronique Rougier, Céline Dombon, Laurent Boutaine, quelques instants avant le concert.
11:25 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, orgue, nantua, abbatiale, ain, rougier, leguay
28 septembre 2008
Orgue, violon, hautbois et chant à l'abbatiale Saint-Michel de Nantua le 5 octobre
(Communiqué)
Le dimanche 5 octobre à 17h l’association des Amis de l’Orgue de Nantua propose un concert réunissant des professeurs de l’École de Musique du Haut-Bugey et les organistes Véronique Rougier, professeur d’orgue au Conservatoire à Rayonnement Départemental d’Oyonnax, organiste de Nantua, et Olivier Leguay, organiste, claveciniste, professeur au CRD d’Oyonnax et au Conservatoire de Lons-Le-Saunier.
Au programme, des œuvres de J.S. Bach, Jacques Boyvin, Heinrich Biber, César Franck et Adolf Friedrich Hesse interprétées par Laurent Boutaine, hautbois, Mathilde Convert, violon, Céline Dombon, chant, Betty Raucaz, Véronique Rougier et Olivier Leguay, orgue.
Ce programme varié, du XVIIe au XIXe siècle, mettra en valeur la palette sonore de l’orgue construit en 1845 par Nicolas-Antoine Lété dans le cadre prestigieux de l’abbatiale St Michel.
Ce concert a obtenu le label « Patrimoine en Musique » et le soutien de l’ADDIM de l’Ain.
À cette occasion, les amateurs d’orgue pourront se procurer le dernier CD enregistré sur cet instrument exceptionnel : des œuvres de Boëly magistralement interprétées par Marie-Ange Leurent et Éric Lebrun.
Prix des places 12€ . Gratuit pour les moins de 16 ans.
Photo : Laurent Boutaine, Céline Dombon, Mathilde Convert, Véronique Rougier et Betty Raucaz-Antonelli à la tribune de l’orgue de Nantua.
23:38 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, orgue, abbatiale, nantua, ain, addim, lété