Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18 mars 2020

De la migraine

feuilleton tu écris toujours,éditions le pont du change,le magazine des livres,christian cottet-emard,chronique humoristique,humour,condition d'auteur,littérature,service de presse,journaliste,localier,pigiste,presse,pétanque,bistro,blog littéraire de christian cottet-emard,communication,rendez-vous manqué,rubrique,article,édition,parution,rubrique locale,province

La migraine n’est pas seulement une maladie d’écrivain, elle touche aussi les journalistes et probablement d’autres créatures. Parfois, j’ai l’impression qu’elle tourmente même Sir Alfred, le chat de mon voisin, lorsqu’il multiplie les aventures. Et les céphalopodes ? Souffrent-ils de la migraine ? On peut se poser la question et toute une série du même genre mais à quoi bon se casser la tête ?

À propos de tête, je me demandais, attablé à une terrasse de café en cette fin de matinée, à quoi pouvait bien ressembler celle de la journaliste avec qui j’avais rendez-vous pour lui parler d’une chose aussi importante pour l’humanité souffrante qu’un pet de souris mais à laquelle j’accorde tout de même un peu d’intérêt : la parution de mon dernier livre. Lors du contact téléphonique, j’avais proposé à la rédactrice de l’attendre en ce lieu si propice à l’échange culturel qu’est le bistrot en arborant un signe de reconnaissance, le Républicain Populaire Libéré du Centre ouvert à la page culturelle. Cette idée pourtant originale faillit échouer.

En effet, on était lundi et la page culturelle avait disparu au profit de la publication des résultats d’un tournoi interdépartemental de pétanque particulièrement endiablé. Cet inconvénient eût été négligeable si la moitié des clients du bar n’avaient pas tous décidé le même jour de déplier le Républicain Populaire Libéré du Centre en s’hydratant le gosier. La localière finit tout de même par me reconnaître au milieu de tous ces passionnés de pétanque. Sans doute ne ressemblais-je point à un lecteur régulier de son journal. J’en conclus que mon idée de signe de reconnaissance avait finalement fonctionné mais à l’envers. Qu’importe ? La vie n’est pas un exercice de mathématiques dont le résultat pourtant juste est considéré comme faux s’il n’est pas établi au moyen du bon raisonnement.

Je vis donc se plier sur la chaise en face de moi une grande jeune femme au style neurasthénique. Elle s’excusa de garder au visage ses larges lunettes noires en raison d’une migraine qui avait dû lui déclencher pour quelques temps des humeurs aussi chagrines que celles d’une araignée veuve noire privée de son amant qui est aussi, ne l’oublions pas, son déjeuner. À certains moments, la vie nous dépossède de tout. « Bienvenue au club des migraineux ! » lançai-je pour dédramatiser.

Les lunettes descendirent d’un cran et deux yeux sombres noyés de douleur coulèrent en direction de mon insignifiante personne, fait remarquable quand on sait que le vrai migraineux en crise n’est plus en mesure de s’intéresser aux affaires du monde puisque pour lui, plus rien n’existe, pas même le monde, rien que la migraine.

Un pâle sourire s’évada sous les verres fumés : « alors vous aussi ? » Connexion en cours ! « Hélas... » répondis-je d’un air contrit. Il faut toujours se mettre à la portée de son interlocuteur. Jai lu cette recommandation dans un manuel intitulé « Bien communiquer avec les autres » écrit par un ancien directeur des ressources humaines devenu moine trappiste puis ermite des montagnes quelque part dans l’Himalaya où il a auto-édité tous ses autres livres à tirage limité sur feuilles de papier de riz humectées à la bave de lama et reliées avec des poils tressés du même animal. Pourquoi du papier humecté à la bave de lama ? Je préfère ne pas m’étendre sur un sujet aussi dégoûtant juste avant le repas.

« Que prenez-vous pour soulager votre migraine ? » s’enquit la journaliste. Nous nous livrâmes alors à un échange d’une rare intensité sur le thème des différents mérites et inconvénients de l’effervescence et des anti-inflammatoires combinés aux trucs et astuces permettant de tenir le fléau à distance au moins quelques minutes.

« Dans nos activités littéraires, c’est embêtant la migraine » assénai-je au bout d’une heure de considérations pharmaceutiques, dans l’espoir de rappeler à la journaliste que nous n’étions pas là pour préparer l’assemblée générale des meurtris de la casquette mais pour présenter mon livre aux lecteurs avides. La jeune femme opina du chef qu’elle avait semble-t-il encore plus douloureux qu’à son arrivée et me demanda pardon de devoir prendre congé car elle risquait de s’évanouir.

Elle oublia sur la table l’exemplaire dédicacé de mon ouvrage qu’elle avait reçu en service de presse et m’abandonna au moment où je sentis naître au fond de mes yeux un mal pesant. Contagieuse, avec ça ! Quelques jours plus tard, je lui téléphonai pour solliciter un autre rendez-vous mais elle m’expliqua qu’elle avait finalement trouvé ma prose « un peu trop prise de tête » (selon son expression) pour les lecteurs d’une rubrique locale.

Si j’avais su, j’aurais écrit un livre moins brillant, baissé un peu le niveau, mais que voulez-vous, je doute fort d’en être capable.

- Extrait de TU ÉCRIS TOUJOURS ? inédit.  Précédents épisodes parus en volume aux éditions Le Pont du Change.

Cet épisode de TU ÉCRIS TOUJOURS ? illustré par le dessinateur Miege est paru dans le Magazine des Livres n°25 (juillet-août 2010).

 

24 septembre 2019

Revue / Instinct nomade n°4 : dossier Jim Morrison (éditions Germes de barbarie)

Le n°4 de la revue Instinct nomade publiée par les éditions Germes de barbarie est sorti. Il est consacré à Jim Morrison. Je suis quant à moi présent au sommaire dans la troisième section (chroniques) de ce numéro dans lequel je signe un article : Aides et récompenses littéraires, coups tordus et foire d'empoigne.

revue instinct nomade,éditions germes de barbarie,jim morrison,blog littéraire de christian cottet-emard,parution,édition,christian cottet-emard,presse,chroniques,aides et récompenses littéraires,coups tordus,foire d'empoigne,coulisses de l'édition,littérature,poésie,chanson,rock

Voici la présentation de l'éditeur :

Tout a été dit et écrit à propos de Jim Morrison. Il n'y a plus grand chose à révéler ni de sa vie, ni de son œuvre et ni des conditions de sa mort. Pourtant, assez curieusement, peu de ses hagiographes ont mis en avant le Jim Morrison poète alors que c'est la seule reconnaissance à laquelle il aspirait. Certes, au fil des années, la publication de ses carnets a permis au grand public de découvrir la face cachée de la rock star mais qui répondrait aujourd'hui à la question : « Savez-vous qui était Jim Morrison ? » par «  Un poète américain du vingtième siècle ! » ? La quinzaine de contributeurs rassemblés ici ont tous participé à un exercice d'admiration. Dans cette auberge espagnole, chacun est venu comme il était et a apporté ce qu'il avait de plus cher pour le partager avec nous lors de ce feast of friends [festin entre amis] : José Correa a amené ses pinceaux, CharlÉlie Couture sa vista poétique, Jean-Yves Reuzeau son œil biographe, Philippe Paringaux sa mémoire Rock & Folk, Bernard Lonjon son infatigable curiosité, Trevor Rutherford et Eric Meunié leur art du travestissement, Daniel Malbranque sa connaissance encyclopédique des poètes et Jean-Louis Kuffer ses délicieux souvenirs californiens. Frédéric Bertocchini et Bertrand Lemmonier nous ont rejoint un peu plus tard, l'un avec une bande dessinée sous le bras et l'autre avec un panier de champignons hallucinogènes à la main... Qu'ils en soient tous remerciés. Comme d'habitude, la deuxième partie du numéro présente le travail de plusieurs écrivains autour d'un thème imposé (en l'occurrence « Voyeurisme et séduction). Ainsi, Laurie Leiner, Franck Evrard, Bernard Duteuil, Annick Demouzon, Jean-Claude Delayre et Jérôme Van der Meersch ont rempli leur copie avec application.

revue instinct nomade,éditions germes de barbarie,jim morrison,blog littéraire de christian cottet-emard,parution,édition,christian cottet-emard,presse,chroniques,aides et récompenses littéraires,coups tordus,foire d'empoigne,coulisses de l'édition,littérature,poésie,chanson,rock

revue instinct nomade,éditions germes de barbarie,jim morrison,blog littéraire de christian cottet-emard,parution,édition,christian cottet-emard,presse,chroniques,aides et récompenses littéraires,coups tordus,foire d'empoigne,coulisses de l'édition,littérature,poésie,chanson,rock

Lien pour commander la revue sur le site Amazon : Acheter

Instinct nomade n°4 :  Jim Morrison, a very hard trip, 222 pages, 15,00€

 

 

 

26 avril 2019

Carnet / Édition : des sujets qui fâchent

carnet,note,journal,édition,parution,publication,auto-édition,presse,le figaro,rentrée littéraire,michel houellebecq,blog littéraire de christian cottet-emard,roman,premier roman,primo-romancier,librairies,surproduction éditoriale,trésorerie,christian cottet-emard,franchir le rubicon,réseaux sociaux,amazon,raymond carver,facebook,internet,toile,web,librairie ombres blanches,toulouse,salon du livreJ’ai lu récemment sur internet la réaction offusquée du directeur de la librairie Ombres blanches à Toulouse à propos de la présence de plus en plus marquée du stand Amazon au salon du livre de Paris. Il reproche notamment à Amazon d’être une entité qui compromet les relations entre auteurs et éditeurs en faisant la promotion de l’auto-édition, reléguant ainsi l’action des éditeurs à l’exercice d’une autorité financière et intellectuelle dépassée. 

Si je peux facilement comprendre les griefs des libraires à l’encontre d’Amazon, j’ai un peu plus de mal avec l’hostilité affichée des éditeurs envers ce spécialiste de l’auto-édition.

J’entends toujours les éditeurs (petits et grands) se plaindre d’être ensevelis sous des piles de manuscrits non sollicités qu’ils reçoivent par la poste.

Ne devraient-ils pas plutôt se réjouir d’être progressivement délestés de tous ces textes indésirables dont une grande part peut désormais converger vers les plateformes d’auto-édition telles qu’Amazon ?

En outre, je me demande bien en quoi les relations entre écrivains et éditeurs travaillant dans le circuit classique de l’édition peuvent être compromises par la possibilité offerte à des auteurs qu’ils ne publieront jamais de s’éditer eux-mêmes.

Le patron de la librairie Ombre blanches emploie le mot autorité, certes plus noble, mais c’est en réalité de pouvoir qu’il s’agit. Ce que je lis dans cette hostilité générale envers l’auto-édition relève à mon avis de l’angoisse de la perte d’un pouvoir demeuré longtemps sans partage.

Pour qui s’intéresse à ces questions, je renvoie à un article que j’ai publié dans le troisième numéro de la revue Instinct nomade consacré à l’écrivain Joseph Delteil et sur ce blog ici et .

carnet, note, journal, édition, parution, publication, auto-édition, presse, le figaro, rentrée littéraire, michel houellebecq, blog littéraire de christian cottet-emard, roman, premier roman, primo-romancier, librairies, surproduction éditoriale, trésorerie, christian cottet-emard, franchir le rubicon,carnet, note, journal, édition, parution, publication, auto-édition, presse, le figaro, rentrée littéraire, michel houellebecq, blog littéraire de christian cottet-emard, roman, premier roman, primo-romancier, librairies, surproduction éditoriale, trésorerie, christian cottet-emard, franchir le rubicon, réseaux sociaux, amazon, raymond carver, facebook, internet, toile, web,librairie ombres blanches,toulouse,salon du livre,paris,revue instinct nomade,joseph delteil,éditions germes de barbarie