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23 novembre 2012

Jacki Maréchal S O L O - E X H I B I T I O N - L Y O N

« J'aime le plastique, mon amour... »

Du 29 novembre au 23 décembre 2012

GALERIE SAINT GEORGES
22, rue Saint Georges
Lyon 5e

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Acrylique sur toile, anses de seaux, bâche plastique transparente peinte.

Vernissage le jeudi 29 novembre
 à partir de 18h

Horaire : du mercredi au dimanche
de 14 à 18 heures
04 24 55 26 29
saintgeorgesgalerie@gmail.com

Parking à proximité :
Parking Saint-Georges

La galerie Saint Georges a  longtemps été dirigée par Denise Mermillon célèbre galeriste qui ouvre ce lieu en 1960 avec une exposition de Georges Rouault.
Le lieu a été réinvesti en 2008 par un jeune brésilien de 24 ans Charles-Henrique De Oliveira et par Brigitte Maillard qui présenteront les oeuvres de Jacki Maréchal au cours de ce mois de décembre 2012 si dynamique à Lyon.
Jacki Maréchal profite de l'ardeur et de la jeunesse de ce lieu pour présenter ses toutes nouvelles recherches basées sur les polymères.

Partenaire :
Pour les oeuvres MECENAT BROPLAST
site : jacki-marechal.com

17 novembre 2012

L’ordre cosmique du vieux square (pensées du 2 novembre)

Cette photo du vieux square aux bancs et aux arbres vermoulus si tu pouvais

Ah oui l’ancien square détruit pour laisser place à la gare routière

Si tu pouvais sauter dans cette photo de 1973 comme Mary Poppins (Julie Andrews) sautait à pieds joints dans les tableaux dessinés aux craies de couleur par Bert (Dick Van Dyke) sur le trottoir

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Tu te retrouverais dans le monde de 1973 sous les lampadaires du square maigrichon entre la lune et la pendule de la gare et il y aurait tout près le Picasso de la voie ferrée qui ferait les gros yeux il y aurait

Personne ne serait mort il y aurait ce prodige les tiens tous vivants sous les toits de la petite ville chez eux derrière les haies de buis de leurs jardins

Chez eux tout près du square une arrière-grand-mère (Clotilde) deux grands-mères (Yvonne et Marie-Rose) un grand-père (Charles) un père (Jean) une marraine (Geneviève) gamin tu disais ma reine et tu attendais pendant des heures de la voir descendre de l’autorail Picasso traverser la voie et ouvrir le portillon du jardin ils seraient tous là autour du square

Une dame encore inconnue d’eux (Gisèle la mère de ta future épouse) calerait son vélo contre un banc

Dans l’ordre cosmique du square dans son monde lisible les tiens

Planètes dans ton ciel étoiles dans ta nuit comme dans les nuits de 1973 où cillait l’ampoule du lampadaire au milieu des branchesrécits des lisières,éditions orage-lagune-express,poésie,souvenir,toussaint,novembre,ancien square oyonnax,ain,rhône-alpes,blog littéraire de christian cottet-emard,littérature,photo,place vaillant couturier,autorail,picasso,gare,gare routière,mary poppins,julie andrews,dick van dyke,bert,film,walt disney,vélo,craie de couleur,trottoir,arbre,banc,ampoule,lampadaire,cierge

Le square jadis détruit pour laisser place à la gare routière existe plus aujourd’hui que la gare routière c’est normal et ce qui n’est pas normal c’est la gare routière où attendent tous ces gens qui ont des têtes à ne pas avoir envie d’aller où les bus les emmènent

À coup sûr le diable s’en est mêlé ou alors qui et pourquoi te demandes-tu dans l’ombre en regardant trembler la flamme des cierges


© Texte et photos, éditions Orage-Lagune-Express 2012. Droits réservés.

23 octobre 2012

Jean Pérol, Libre livre, poèmes, Gallimard, 2012, 160 pages, 18 €

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et surtout à quoi se pouvait bien
un « grand poète » reconnaître

non sans avoir judicieusement précisé :

c’était le temps béni où les poètes impressionnaient
et les joueurs de foot faisaient pitié et plutôt rire

Dans ma longue aventure de lecteur de poésie depuis mes quinze ou seize ans, au gré des découvertes, des étonnements, des engouements, des agacements, des renoncements, des revirements, des enthousiasmes et des enchantements avec les poètes admirés, abandonnés, quittés, retrouvés, j’ai toujours lu Jean Pérol, goûté ses poèmes d'un lyrisme nerveux, traversés de ruptures de rythme, de dissonances, d’harmonies, d’amour et de haine du pays natal, de voyages d’arrachements et de retours en éclaircies soudaines.
Je me souviens, dans les années 80 du siècle dernier, d’un détracteur de Jean Pérol qui déplorait son « écriture pâteuse » et ne mesurait sans doute pas la portée du compliment qu’il venait ainsi de lui adresser à une époque où finissait de se consommer le divorce entre le grand public et une poésie si souvent égarée dans l’expérimentation formelle.

Mais Mallarmé pardonne-moi
c’est quand même un peu ta faute
cette leucémie transmise dans les moelles diaphanes
de tes descendances qui n’en ont plus fini de chercher
Le Livre et ton secret
sous des pages rongées

écrit malicieusement Jean Pérol dans ce texte intitulé Servi à rien extrait des Notes incertaines au bas de certaines pages constituant la deuxième partie de son récent recueil Libre livre (Gallimard, 2012).jean pérol,libre livre,gallimard,poésie,jean tardieu,blog littéraire de christian cottet-emard,lecture,entretien,dédicace,bugey,haut bugey,ardèche,saint germain de joux,ain,rhône-alpes,france,poètes français,interview

Au moment où Jean Pérol publie cet ensemble, le dix-septième de son œuvre poétique si l’on compte bien, une œuvre couronnée par le Prix Mallarmé justement, le « Goncourt de la poésie » après la parution de son recueil Asile exil aux éditions de la Différence en 1987, qu’en est-il de cette soi-disant « écriture pâteuse » peut-on se demander ? Je dirais plutôt qu’il s’agit d’une écriture qui a de la patte, de la patine, et si pâte il y a, c’est vraiment celle de la vie humaine avec ses ruptures, son histoire contemporaine, son pouvoir de l’ombre, son feu du gel *, une écriture qui n’a rien à voir avec ces chants qui ont cru nous mener et nous faire plus grands, avec ce bavardage abscons se remordant la langue, cette parodie dont les hommes durement se sont un jour écartés.

Doute, regrets, nostalgie noire, blessures à vif du désir et du souvenir, le propos de Libre livre est tourmenté, mais derrière ces durs constats, on retrouve toujours la véhémence de Jean Pérol, notamment dans la troisième partie du recueil dont le titre Nouveau cœur véhément fait bien évidemment écho, quarante-quatre ans après, à l’ouvrage publié chez Gallimard en 1968 et qui s’intitulait déjà Le Cœur véhément. La boucle est-elle bouclée ? Le cercle s’est-il refermé sur le cœur des années ? La réponse est au lecteur car si le poète se veut lucide jusqu’à la noirceur, sa poésie laisse toujours filtrer la lumière.

Dès les premières publications, la poésie de Jean Pérol allait souvent à contre courant sans pour autant chercher refuge dans les formes du  passé, même si la rime n’est pas dédaignée dans la première partie de ce récent opus, la plus sombre malgré son titre euphémique Petites variations avant la nuit. Jean Pérol ne prend pas le premier train de l’avant-garde qui passe mais il n’est pas pour autant réactionnaire. Il est simplement de la trempe de ces poètes qui explorent leur propre voie, guidés par leur voix singulière et empruntant de ce fait plus que les autres ce que Jean Tardieu appelait, dans une dédicace qu’il m’avait adressée « le difficile chemin de la création poétique ».

Jean Tardieu, justement, on le croise donc dans le dernier poème de la deuxième partie de Libre livre comme Jean Pérol raconte l’avoir croisé Au bas des escaliers plus exactement en 1968 si je me souviens bien au pied des escaliers gallimardiens. Rien d’étonnant à ce que le cadet Pérol ait composé cet espiègle et fraternel hommage à l’ainé Tardieu en y intégrant des extraits de ses poèmes car ces deux-là (l’un né en 1932 et l’autre en 1903) ont en commun une idée de la poésie ainsi que la vaste forêt d’ombres mielleuses et de sapins noirs du pays des Fleuves cachés**. 

Dans cette idée de la poésie partagée par les deux Jean, on trouve la narration qui revient, on s’en réjouit, dans le poème contemporain après quatre décennies pendant lesquelles Jean Pérol, de recueils poétiques en romans et en essais, a maintenu son cap. Il s’en expliquait déjà lors d’une interview improvisée qu’il m’avait accordée voici presque un quart de siècle en évoquant notamment les titres et sous-titres de ces recueils :

Tous mes sous-titres étaient faits exprès, à un moment où la poésie n’avait rien à voir avec le quotidien. Ce ne devait être qu’une mécanique linguistique dans laquelle on se livrait à des expériences. Maintenant, tout le monde a retourné sa veste. Mais en 1972, la biographie, interdite ! Le « je », le quotidien, interdits ! Donc, moi, uniquement pour enquiquiner, j’avais appelé ça « journal-poème » pour bien dire : ce sont des poèmes qui parlent de la vie de tous les jours, des signes que je donnais pour me faire entendre, comme mon premier recueil intitulé « Le Cœur véhément ». Mais, à ce moment-là, on déniait tout sentiment, tout droit au sentiment à la poésie. Alors, toujours pour embêter, j’ai pris ce titre presque « à la rictus », Le Cœur véhément, pour qu’on voie bien qu’il s’agit d’une histoire de cœur. Après, il y avait « récit-poème » parce que la poésie raconte. Les gens ont compris. Alors, j’ai appelé ça « poèmes », tout simplement.

Oui, la poésie raconte, et à qui s’est éloigné d’elle par incompréhension et lassitude, il faut aujourd’hui pour de belles retrouvailles conseiller de lire Jean Pérol car il est un des poètes français de sa génération qui a le mieux réussi à rester à hauteur d’homme sans rien sacrifier à son exigence de vivre le libre livre.

* Titres de plusieurs recueils de Jean Pérol.

** Mon pays des fleuves cachés est un poème de Jean Tardieu. Le Fleuve caché est le titre d'un recueil de Jean Tardieu. Ce titre est aussi celui de la première plaquette de poèmes publiée par Jean Tardieu en 1933.

Photo : Jean Pérol au Pont d'Ardèche