13 avril 2015
6ème festival Chromatica ce week-end à Oyonnax
Cette année le Festival Chromatica propose deux concerts de styles et d'époques différents, le nouvel interprète invité sera Sergio Laguado, guitariste.
SAMEDI 18 AVRIL À 20H30 : "L'histoire du tango" d'Astor Piazzola, une œuvre phare du répertoire flûte et guitare, ainsi que des œuvres de Lauro, Albeniz, Machado et Nazareth avec Sophie Misslin flûte traversière.
DIMANCHE 19 AVRIL À 17H : "Ritratto dell’amore" l'un des concerts royaux de François Couperin et des œuvres de Rameau et Bach, interprétées par Sophie Misslin dont le public de Chromatica a pu apprécier le talent l'an dernier. Elle jouera sur un traverso et sera accompagnée par Olivier Leguay au clavecin.
—> Le Festival Chromatica 2015 aura lieu dans les ateliers de l'artiste plasticien Jacki Maréchal, 3 rue Brunet à Oyonnax à côté du Parc René Nicod.
Une libre participation aux frais sera demandée à l'entrée.
Réservations : leomarechal2010@yahoo.fr
06 18 78 74 02
Le programme :
18:46 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, concert, festival chromatica 2015, atelier jacki maréchal, oyonnax, ain, rhône-alpes, france, blog littéraire de christian cottet-emard, affiche bernard grasset, sergio laguado, guitare, olivier leguay, clavecin, sophie misslin, flûte, traverso, histoire du tango, piazzola, lauro, albeniz, machado, nazareth, ritratto dell'amore, couperin, rameau, bach, sixième festival chromatica
12 avril 2015
Carnet / Des cris des étoiles, du cosmos piteux, des fleurs de frêne et de l’émulsion romanesque
Un peu à l’écart du village, ma maison est moins exposée à la pollution lumineuse, et certaines nuits de printemps, la voûte céleste semble plus basse et les étoiles plus proches et plus nettes. Cette vision réveille à chaque fois dans mon esprit une phrase de Vladimir Nabokov : « Toute la nuit, les étoiles ont crié de leurs voix enfantines » .
Je n’ai jamais pu analyser avec précision la nature ambiguë des sentiments et l’étrange vertige que m’inspire cette phrase, je sais juste qu’elle m’accompagne depuis une trentaine d’années et qu’elle remonte à la surface de ma conscience dès que je lève la tête en direction du cosmos pétillant.
Hier j’ai été frappé par une autre phrase de Nabokov dans son autobiographie Autres rivages (Folio) : « Comme le cosmos est petit (une poche de kangourou le contiendrait), comme il est dérisoire et piteux comparé à la conscience humaine, à un seul souvenir d’un individu et à son expression par des mots ! »
Citation de Nabokov aussitôt notée sur mon carnet bleu.
Étrange vertige encore une fois, qu’il m’est aussi arrivé d’éprouver au milieu des anémones pulsatilles si nombreuses derrière chez moi sur les versants du petit mont au-dessus de la maison. Pour moi, la correspondance entre les étoiles et les fleurs est évidente.
Cette année, la floraison des frênes a commencé plus tôt que l’an dernier et les fleurs sont plus grosses. Vues de loin, on ne dirait pas des fleurs mais des sphères noires irrégulières. Si on les observe de près, on se rend compte que ces fleurs sont violettes. C’est le bourgeon qui est noir et qu’on peut voir tout l’hiver totalement verrouillé. Sur un même rameau, les bourgeons n’éclosent pas tous en même temps. Ce début de floraison me laisse espérer que le feuillage des frênes sera plus en avance que l’année dernière où il avait fallu attendre jusqu’à presque début juin, ce qui n’aidait guère le moral à se maintenir.
Bourgeon et fleurs de frêne photographiés hier chez moi.
Petite rectification concernant la mention de mes lectures de John Irving dans mon carnet du 9 avril : Le monde selon Garp m’est tombé des mains, un recueil de nouvelles ne m’a laissé aucun souvenir, mais j’ai quand même lu, certes laborieusement, les 589 pages du roman À moi seul bien des personnages (éd. Points). Ce pavé m’avait si peu intéressé que j’avais oublié de le mentionner. Je parlais de la profusion qui me gêne le plus souvent dans le roman. Je pense qu’il ne s’agit pas vraiment de profusion dans À moi seul bien des personnages mais d’émulsion. Ça mousse et ça gonfle, ça ne nourrit pas, ça écœure.
Dessin : Frédéric Guénot. Ce dessin fait partie d'une série qui a illustré la parution de mon livre Le Grand variable, en feuilleton dans la revue littéraire Salmigondis dirigée par Emmanuelle et Roland Fuentès.
02:41 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : carnet, note, journal, autobiographie, écriture de soi, prairie journal, blog littéraire de christian cottet-emard, littérature, étoile, pollution lumineuse, voûte céleste, cosmos, vladimir nabokov, autres rivages, éditions folio, kangourou, frêne, fleur, bourgeon, feuillage, floraison, flore, arbre, john irving, le monde selon garp, à moi seul bien des personnages, émulsion, éditions points, christian cottet-emard
10 avril 2015
Carnet / De l’étendage
Grand soleil et petite bise depuis quelques jours, l’idéal pour les lessives qui sèchent vite en plein air.
Étendre du linge et des draps dans la lumière d’une belle journée réveille toujours en moi mes premiers souvenirs poétiques.
Enfant, je m’attardais souvent au milieu de l’étendage où j’entrais comme par effraction dans un monde de silhouettes furtives, dans une cabane aérienne. C’était comme ouvrir la porte d’un nuage parfumé où je pouvais me promener. « On t’a vu ! » disaient les adultes qui me croyaient trahi par mon ombre alors que je ne cherchais pas à jouer à cache-cache.
Aujourd’hui, à bientôt cinquante-six ans, c’est pour moi la même sensation, intacte.
L’étendage est un espace-temps miniature, un monde intermédiaire qui rend l’instant habitable. Le temps, à l’instar des étoffes, peut y être lui aussi suspendu. On le voit par exemple dans le film d’Ettore Scola, Une Journée particulière, dans une séquence où Sophia Loren et Marcello Mastroianni dialoguent au milieu du linge étendu sur le toit d’un immeuble. J’ai aussi en mémoire le début d’un de mes films fétiches de Federico Fellini, Amarcord, qui commence par des draps qui bougent dans le vent.
La lessive confiée à l’air et à la lumière a toujours fait pour moi référence à la joie, même dans les périodes de doute ou de désarroi.
C’est après avoir suspendu une lessive dehors que j’avais écrit ce texte intégré à mon recueil L’Alerte joyeuse, dans les années 90 :
Avant le linge et les draps rendus au vent utile, j’avais oublié la présence de l’air.
Est-ce possible ? Autant ne plus se souvenir de vivre ! Qu’est-ce qui peut distraire quelqu’un de la présence de l’air ?
Peut-être quelque chose ou quelqu’un d’autre qui n’existe pas mais qui règne.
Peut-être un vide qui prend toute la place, y compris celle de l’air ?
Linge et draps de ma maison, étendards de mes retrouvailles avec l’air, voiles de mes départs et de mes retours, montrez-moi qui, de mon ombre ou moi-même, sait le mieux habiter le courant des nuages.
(© Éditions Orage-Lagune-Express, 1997)
03:09 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : carnet, note, journal, écriture de soi, prairie journal, blog littéraire de christian cottet-emard, autobiographie, christian cottet-emard, linge, drap, étendage, lessive, air, vent, lumière, bise, silhouette, nuage, étoffe, tissu, cinéma, temps, espace, ettore scola, une journée particulière, sophia loren, marcello mastroianni, espace temps, amarcord, federico fellini, poésie, l'alerte joyeuse, éditions orage-lagune-express, droits réservés, copyright