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07 avril 2014

De l’effet d’aspirateur dans les salons du livre locaux

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Si vous publiez de temps en temps quelques ouvrages et que vous sacrifiez une des premières journées ensoleillées pour participer à un salon du livre dans une petite ville, prenez vos précautions. Assurez-vous qu’un tout frais lauréat du Prix Goncourt ne soit pas catapulté au même moment dans la salle des fêtes, même s’il s’agit d’un homme sympathique et talentueux, car vous et vos consœurs et confrères serez alors à coup sûr victimes de l’effet d’aspirateur.

Au début, tout est calme lors de votre arrivée au salon. Si peu de monde qu’on a largement le temps de déballer les cartons et de bavarder en buvant le café jusqu’en fin de matinée. Normalement, il en est ainsi toute la journée. Peu importe, vous le savez, vous n’êtes pas venu pour vendre des livres mais pour papoter avec les amis, les rares visiteurs du salon et les gentils organisateurs.

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Mais voici qu’une vague de public surgit d’on ne sait où puis vient déferler sous vos yeux encore embués de plumitif qui n’a pas l’habitude de se lever tôt. Par Jupiter, du monde ! Que se passe-t-il ? Rien de grave mais quand même : atterrissage de Pierre Lemaitre, lauréat du prix Goncourt en plein milieu de la salle des fêtes.

Début de l’effet d’aspirateur avec pour première conséquence la transformation immédiate de 99 % des exposants en hommes et femmes invisibles (les autres étaient aux toilettes donc déjà invisibles de toute façon...)

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Quelques discours et remises de médailles plus tard sur la scène dominant l’armée des ombres, deuxième phase de l’effet d’aspirateur : tous les petits sous peinant à sortir de poches déjà peu garnies et peu pressés de se laisser échanger contre les livres de dizaines d’hommes et de femmes encore en état d’invisibilité s’envolent dans une même direction, celle du libraire du salon qui se désole de n’avoir point pu faire affréter un semi-remorque rempli du livre élu. Tout s’est passé très vite et les exposants du salon redeviennent tous visibles, y compris ceux qui étaient aux toilettes évidemment. Ouf!

Pas de quoi se réjouir trop vite cependant car vient s’abattre sur les malheureux la troisième phase de l’effet d’aspirateur qui engloutit la foule en cinq minutes pour l’emmener très loin au large du salon où les exposants désormais plus nombreux que les visiteurs pourront continuer en toute intimité de boire du café, grignoter de délicieux cakes aux olives et attendre la signature finale du livre d’or... À l’encre sympathique.

Photos : Pierre Lemaitre à l'Espace Malraux à Nantua (Ain) dimanche 6 avril 2014. (Photos Christian Cottet-Emard).

 

23 novembre 2011

Tu écris toujours ? (67)

Conseils aux écrivains qui ont des problèmesfeuilleton, tu écris toujours ?, christian cottet-emard, littérature, humour, lafont presse, écrivain, auteur, magazine des livres, éditions le pont du change, lyon, paris,problème,solution,maîtresse,concubine,loir,sommeil,christian cottet-emard,blog littéraire de christian cottet-emard,condition d'auteur,voiture,roue,pneu,jante,vol,trafic


(Cet épisode de Tu écris toujours ? est paru dans le bimestriel Le Magazine des livres n°32 (septembre/octobre 2011)


L’autre jour, madame Tumbelweed, que je soupçonne d’être la concubine plus que la gouvernante de mon voisin écrivain, n’a rien trouvé de mieux à faire que de me confier ses états d’âme, ce qui prouve au moins qu’elle en a une ou, du moins, quelque chose d’équivalent. feuilleton, tu écris toujours ?, christian cottet-emard, littérature, humour, lafont presse, écrivain, auteur, magazine des livres, éditions le pont du change, lyon, paris,problème,solution,maîtresse,concubine,loir,sommeil,christian cottet-emard,blog littéraire de christian cottet-emard,condition d'auteurElle m’a affirmé tout net que les écrivains sont des types à problèmes, commettant ainsi non seulement un impair puisqu’il m’arrive à moi aussi d’écrire bien que personne ne soit au courant, mais encore au pire un pléonasme, au mieux une redondance. Cela se discute mais aujourd’hui, je ne suis pas d’humeur parce que je rentre de vacances. D’ailleurs, je discute peu, de préférence avec les gens qui sont toujours d’accord avec moi, et je dois dire que l’échange avec madame Tumbelweed a épuisé en quelques minutes une grande partie de mes réserves annuelles de conversation. Malgré ses qualités évidentes (cette dame cuisine le canard à l’orange comme un chef et met un point d’honneur à se raser le visage de près tous les matins pour n’être point confondue avec son frère jumeau) madame Tumbelweed n’a pas la langue dans sa poche, ce dont on doit tout de même se réjouir de la part d’une personne au physique déjà bien assez difficile. De ce fait, qu’elle puisse être la maîtresse de son employeur m’intrigue au plus haut point mais peut expliquer, s’il en était besoin, pourquoi on désigne une institutrice par le terme de maîtresse : c’est pour dissuader les petits garçons d’en prendre une lorsqu’ils seront des hommes mariés.

Mais ne nous égarons pas dans la mangrove des relations amoureuses entre personnes qui, comme disait Jacques Lacan, veulent offrir à quelqu’un qui n’en veut pas quelque chose qu’elles n’ont pas.

Revenons au reproche que madame Tumbelweed adresse aux écrivains, lesquels n’écriraient pas une ligne s’ils n’avaient point de problèmes. Du coup, il n’y aurait pas d’écrivains, pas de livres, pas de littérature, pas de rentrée littéraire, pas de Prix Goncourt, Renaudot, Femina, Interallié, Médicis et Jeux Floraux de l’Amicale des Anciens Mutilés du Travail Bénévole de la Commune de Corneille-en-Désert. Évidemment, il y aura toujours de beaux esprits pour rêver d’un monde sans rien. Patience, ce monde viendra lorsque le soleil aura enflé au point de devenir une géante rouge qui gobera notre planète comme un gourmet aspire un ortolan. En attendant cet événement reposant et définitif, il nous faut compter, n’en déplaise à madame Tumbelweed, sur tous les humains problèmes qui viennent s’étaler de manière impudique dans notre bonne vieille littérature et dans celle d’avant-garde aussi. Ceci dit, comme l’affirmait un de mes anciens supérieurs hiérarchiques avant d’être mis au placard puis viré de son entreprise à laquelle il avait presque tout donné, ce qui entre nous est une drôle d’idée, « il n’y a pas de problèmes, il n’y a que des solutions. » Comme madame Tumbelweed, j’aurais plutôt tendance à penser l’inverse tout en nuançant : l’absence de solution est parfois la solution.

Bien. Redescendons un peu des cimes de la philosophie et examinons la solution qui peut nous permettre à nous autres écrivains d’endosser un costume plus seyant que celui de « type à problèmes » , non pas pour plaire à madame Tumbelweed et à ses nombreux frères et sœurs spirituels mais simplement pour nous faciliter la vie en société. Tout repose sur un sommeil de qualité. La plupart des écrivains qui produisent des œuvres soporifiques sont de mauvais dormeurs et par conséquent de mauvais coucheurs. Le mieux est à mon avis de se référer au modèle que nous offre Mère Nature pour peu que nous soyons capables d’en observer la fabuleuse ingéniosité. Prenons un exemple classique. Vous êtes un écrivain insomniaque ? feuilleton,tu écris toujours ?,christian cottet-emard,littérature,humour,lafont presse,écrivain,auteur,magazine des livres,éditions le pont du change,lyon,paris,problème,solution,maîtresse,concubine,loir,sommeil,blog littéraire de christian cottet-emard,condition d'auteur,voiture,roue,pneu,jante,vol,traficInspirez-vous du loir et voyez comment cet astucieux mammifère rongeur sait se reposer toute la journée en dormant comme un loir. Attention cependant. On peut lire sur le site instructif http://www.marchelibre.be : « la peau qui entoure la queue du loir est susceptible de se déchirer lorsque l'animal est saisi par là. Le prédateur se retrouve alors avec un fourreau garni de poils et la proie qu'il convoitait a eu le temps de s'échapper. Les vertèbres caudales mises à nu finissent par se dessécher et par tomber. Il n'est pas rare de trouver, dans la nature, des animaux mutilés de la sorte qui semblent mener une vie parfaitement normale. »

Moi-même je me dis souvent qu’en ce qui concerne mes rythmes de sommeil perturbés, il me faudrait imiter le loir. Pour le sommeil seulement...

Extrait de TU ÉCRIS TOUJOURS ? (FEUILLETON D’UN ÉCRIVAIN DE CAMPAGNE), inédit. Précédents épisodes parus en volume aux éditions Le Pont du Change à Lyon (Un recueil de 96 pages, format 11 x 18 cm. 13 € port compris. ISBN 978-2-9534259-1-8). En vente aux éditions Le Pont du Change, 161 rue Paul Bert, 69003 Lyon. BON DE COMMANDE   feuilleton,tu écris toujours ?,christian cottet-emard,littérature,humour,lafont presse,écrivain,auteur,magazine des livres,éditions le pont du change,lyon,paris,problème,solution,maîtresse,concubine,loir,sommeil,blog littéraire de christian cottet-emard,condition d'auteur,voiture,roue,pneu,jante,vol,trafic

La suite du feuilleton dans le Magazine des livres n°33 qui vient de sortir en kiosques : Conseils aux écrivains qui veulent devenir célèbres.

Photos : - quand quelqu'un a eu besoin des roues de ma voiture, à l'époque où j'habitais en ville.

- Visite d'un loir au-dessus de la porte d'entrée, chez moi à la campagne.