04 janvier 2021
Carnet / Le salut par les livres
Parmi les bonnes résolutions de la nouvelle année, installer enfin une vraie bibliothèque / discothèque dans mon bureau, ce qui me changera de mes livres entassés dans le plus grand désordre dans une armoire bressane et, pire encore, dans de multiples cartons et sacs où je dois puiser (et m’épuiser) pour extraire ceux dont j’ai besoin sur le moment.
Avant Noël, un rayon trop fragile de ma discothèque improvisée s’est affaissé sous le poids excessif des CD. Comme je me consacre presque entièrement à Noël depuis le début de l’Avent jusqu’à la fin des fêtes, je n’ai réglé le problème que provisoirement en soutenant la partie défaillante de l’étagère sous laquelle j’ai calé l’édition de poche de Sur la route de Jack Kerouac.
J’ai dû m’y reprendre à quatre ou cinq reprises au cours de ma vie pour finir la lecture de cette fastidieuse chronique de la bougeotte mais ce mille-feuille indigeste m'a été tout de même bien utile pour empêcher l'effondrement de ma collection de disques.
Du coup, mon étagère certes renforcée par cette cale s’est retrouvée de guingois, ce qui m’a conduit à équilibrer à peu près le tout au moyen d’Ulysse de James Joyce auquel, après plusieurs vaines tentatives de déchiffrage à différentes périodes de ma vie, je n’ai absolument rien compris.
Ne croyez pas pour autant, cher lecteur et chère lectrice, que je méprise les œuvres probablement à jamais inaccessibles à mon pauvre esprit, d’autant qu’un de mes propres livres, Le grand variable, auquel une amie n’a rien pigé, a servi avec d’autres de support recouvert de papier rocher pour installer sa crèche de Noël. J’en fus très heureux car je suis rarement à l’origine de la solution à un problème technique.
Mon Grand variable pour assurer la stabilité d’une crèche de Noël en ces temps où l’on veut nous en priver me réjouit et voilà qui sera peut-être mis à mon crédit le Jour du jugement dernier lorsqu’il me faudra me faire pardonner d’avoir écrit ce livre (sans compter de nombreux autres péchés dans les domaines les plus divers).
Après cela, ne venez pas me dire que la littérature ne sert à rien.
02:16 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carnet, note, journal, kerouac, sur la route, joyce, ulysse, cottet-emard, le grand variable, blog littéraire de christian cottet-emard, littérature, bibliothèque, discothèque, étagère, nouvel an, nouvelle année, bonnes résolutions, ordre, rangement, christian cottet-emard, esprit pratique, organisation, classement, problème, solution, technique, salut par les livres, jour du jugement, crèche de noël, livre
27 décembre 2013
Sagesse (pour se préparer à 2014)
S'il n'y a pas de solution, c'est qu'il n'y a pas de problème.
- Les Shadoks -
Et quelques fortes pensées élaborées par moi-même sous l'effet du havane et du vin d'orange :
L'absence de solution est la solution des problèmes qui n'ont pas de solution.
Toute solution est soluble dans son problème.
Vous serez bien aimable de trouver la solution pendant que je m'occupe du problème.
00:47 Publié dans Et à part ça ? | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : solution, problème, shadoks, sagesse, 2014, philosophie, christian cottet-emard, blog littéraire de christian cottet-emard, humour, maxime, pensée, note
23 novembre 2011
Tu écris toujours ? (67)
Conseils aux écrivains qui ont des problèmes
(Cet épisode de Tu écris toujours ? est paru dans le bimestriel Le Magazine des livres n°32 (septembre/octobre 2011)
L’autre jour, madame Tumbelweed, que je soupçonne d’être la concubine plus que la gouvernante de mon voisin écrivain, n’a rien trouvé de mieux à faire que de me confier ses états d’âme, ce qui prouve au moins qu’elle en a une ou, du moins, quelque chose d’équivalent. Elle m’a affirmé tout net que les écrivains sont des types à problèmes, commettant ainsi non seulement un impair puisqu’il m’arrive à moi aussi d’écrire bien que personne ne soit au courant, mais encore au pire un pléonasme, au mieux une redondance. Cela se discute mais aujourd’hui, je ne suis pas d’humeur parce que je rentre de vacances. D’ailleurs, je discute peu, de préférence avec les gens qui sont toujours d’accord avec moi, et je dois dire que l’échange avec madame Tumbelweed a épuisé en quelques minutes une grande partie de mes réserves annuelles de conversation. Malgré ses qualités évidentes (cette dame cuisine le canard à l’orange comme un chef et met un point d’honneur à se raser le visage de près tous les matins pour n’être point confondue avec son frère jumeau) madame Tumbelweed n’a pas la langue dans sa poche, ce dont on doit tout de même se réjouir de la part d’une personne au physique déjà bien assez difficile. De ce fait, qu’elle puisse être la maîtresse de son employeur m’intrigue au plus haut point mais peut expliquer, s’il en était besoin, pourquoi on désigne une institutrice par le terme de maîtresse : c’est pour dissuader les petits garçons d’en prendre une lorsqu’ils seront des hommes mariés.
Mais ne nous égarons pas dans la mangrove des relations amoureuses entre personnes qui, comme disait Jacques Lacan, veulent offrir à quelqu’un qui n’en veut pas quelque chose qu’elles n’ont pas.
Revenons au reproche que madame Tumbelweed adresse aux écrivains, lesquels n’écriraient pas une ligne s’ils n’avaient point de problèmes. Du coup, il n’y aurait pas d’écrivains, pas de livres, pas de littérature, pas de rentrée littéraire, pas de Prix Goncourt, Renaudot, Femina, Interallié, Médicis et Jeux Floraux de l’Amicale des Anciens Mutilés du Travail Bénévole de la Commune de Corneille-en-Désert. Évidemment, il y aura toujours de beaux esprits pour rêver d’un monde sans rien. Patience, ce monde viendra lorsque le soleil aura enflé au point de devenir une géante rouge qui gobera notre planète comme un gourmet aspire un ortolan. En attendant cet événement reposant et définitif, il nous faut compter, n’en déplaise à madame Tumbelweed, sur tous les humains problèmes qui viennent s’étaler de manière impudique dans notre bonne vieille littérature et dans celle d’avant-garde aussi. Ceci dit, comme l’affirmait un de mes anciens supérieurs hiérarchiques avant d’être mis au placard puis viré de son entreprise à laquelle il avait presque tout donné, ce qui entre nous est une drôle d’idée, « il n’y a pas de problèmes, il n’y a que des solutions. » Comme madame Tumbelweed, j’aurais plutôt tendance à penser l’inverse tout en nuançant : l’absence de solution est parfois la solution.
Bien. Redescendons un peu des cimes de la philosophie et examinons la solution qui peut nous permettre à nous autres écrivains d’endosser un costume plus seyant que celui de « type à problèmes » , non pas pour plaire à madame Tumbelweed et à ses nombreux frères et sœurs spirituels mais simplement pour nous faciliter la vie en société. Tout repose sur un sommeil de qualité. La plupart des écrivains qui produisent des œuvres soporifiques sont de mauvais dormeurs et par conséquent de mauvais coucheurs. Le mieux est à mon avis de se référer au modèle que nous offre Mère Nature pour peu que nous soyons capables d’en observer la fabuleuse ingéniosité. Prenons un exemple classique. Vous êtes un écrivain insomniaque ? Inspirez-vous du loir et voyez comment cet astucieux mammifère rongeur sait se reposer toute la journée en dormant comme un loir. Attention cependant. On peut lire sur le site instructif http://www.marchelibre.be : « la peau qui entoure la queue du loir est susceptible de se déchirer lorsque l'animal est saisi par là. Le prédateur se retrouve alors avec un fourreau garni de poils et la proie qu'il convoitait a eu le temps de s'échapper. Les vertèbres caudales mises à nu finissent par se dessécher et par tomber. Il n'est pas rare de trouver, dans la nature, des animaux mutilés de la sorte qui semblent mener une vie parfaitement normale. »
Moi-même je me dis souvent qu’en ce qui concerne mes rythmes de sommeil perturbés, il me faudrait imiter le loir. Pour le sommeil seulement...
Extrait de TU ÉCRIS TOUJOURS ? (FEUILLETON D’UN ÉCRIVAIN DE CAMPAGNE), inédit. Précédents épisodes parus en volume aux éditions Le Pont du Change à Lyon (Un recueil de 96 pages, format 11 x 18 cm. 13 € port compris. ISBN 978-2-9534259-1-8). En vente aux éditions Le Pont du Change, 161 rue Paul Bert, 69003 Lyon. BON DE COMMANDE
La suite du feuilleton dans le Magazine des livres n°33 qui vient de sortir en kiosques : Conseils aux écrivains qui veulent devenir célèbres.
Photos : - quand quelqu'un a eu besoin des roues de ma voiture, à l'époque où j'habitais en ville.
- Visite d'un loir au-dessus de la porte d'entrée, chez moi à la campagne.
16:01 Publié dans FEUILLETON : tu écris toujours ? | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : feuilleton, tu écris toujours ?, christian cottet-emard, littérature, humour, lafont presse, écrivain, auteur, magazine des livres, éditions le pont du change, lyon, paris, problème, solution, maîtresse, concubine, loir, sommeil, blog littéraire de christian cottet-emard, condition d'auteur, voiture, roue, pneu, jante, vol, trafic, prix goncourt, renaudot, femina, interallié, médicis, jeux floraux