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23 juin 2014

Carnet / Comment j’ai vibré à la fête de la musique

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Contraint de descendre à Oyonnax pour des raisons familiales et n’ayant pas assez de temps, entre deux rendez-vous, pour remonter tout de suite dans ma campagne, me voilà traînant sous les ombrages du parc Nicod en pleine fête de la musique.

Ça sent le tilleul et la frite, ce qui n’est pas pour me déplaire car j’aime autant l’un que l’autre et le parc Nicod est un très bel endroit. Je sais pourtant pertinemment que si mes yeux et mon nez sont agréablement sollicités, il n’en ira pas de même pour mes oreilles.

Depuis que Jack Lang a inventé la fête de la musique, on n’a pas mis longtemps à comprendre qu’elle était devenue — comment dire... ? Autre chose. Entre parenthèses, cela partait d’une bonne intention cette fête. Pourquoi faut-il que la gauche se fasse toujours une spécialité des utopies qui se transforment en cauchemars ?

La rapide dégénérescence de l’idée de départ de la fête de la musique, à savoir partager la musique, ce qui sous-entend partager l’espace public sonore, est liée depuis longtemps à la détérioration du lien social, du « vivre ensemble » pour parler comme ceux qui sont fiers de ne pas savoir parler.

Parler, se parler, voilà ce qui devient de plus en plus difficile lors de la fête de la musique en particulier et dans la société en général.

Ce 21 juin au parc Nicod, à quelques mètres de distance, pas moins de trois emplacements diffusaient chacun leur propre son, souvent en même temps, produisaient décibels et cacophonie à volonté et obligeaient quiconque souhaitant échanger un brin de causette de le faire brièvement et en poussant la voix au risque de s’en trouver dépourvu le lendemain.

Quant au groupe vedette de la soirée, si pathétique dans le style rock garage que c'en était hilarant,  il a fonctionné d’un point de vue musical tel le bouquet final d’un feu d’artifice, à la différence près que ce n’étaient pas des bombes multicolores qui sautaient mais un type avec une guitare trop grande pour lui sautillant sur place comme un cabri excité d'avoir tondu un champ entier de plantes médicinales.

M’étant renseigné sur ces festifs électriciens (je sais, je suis ignare, que voulez-vous, je n’écoute que de la musique) j’ai appris que cette phalange avait eu son petit moment de gloire dans les années 80 du siècle précédent, la décennie de mes vingt ans. N’en avais-je pas ouï dire ? Peut-être m’avaient-ils momentanément grillé les tympans à l’époque... Ou bien il y avait grève (pardon prise d’otages, c’est comme ça qu’on dit maintenant) à l’EDF... Je ne pouvais pas avoir de boules Quies, ils n’en fournissaient pas encore à l’entrée des « concerts » en ces temps lointains, contrairement à aujourd’hui.

Dans ma grande naïveté, je croyais qu’il s'agissait d’une blague cette histoire de boules Quies. Pas du tout. « Chérie, passe-moi les boules Quies, je vais au concert.» Version arts plastiques : « Chérie, où sont mes lunettes noires ? Je vais à l’expo Soulages. » Ce monde est fou : « Chérie, je sors. Tu n’as pas vu mon entonnoir ? »

Suis-je bête, elle ne peut pas m’entendre et encore moins me répondre ! Elle était avec moi à la fête de la musique et aujourd’hui, nous sommes tous les deux sourds et aphones. En tous cas, on ne pourra pas dire qu’on n’aura pas vibré, comme les vitres des riverains !

Commentaires

Quoi de plus naturel qu'une grosse bouse pour attirer les mouches... Une gabegie populaire qui veut faire croire que l'art n'est que plaisir immédiat et rapidité de digestion...
Le son pour public élargi c'est comme le sucre dans les aliments industriels, ça fait beaucoup de mal, tant à la qualité des palais qu'a la santé physique, mais peu s'en plaignent : c'est du "plaisir" sans aucun effort en amont. D'aucun me diront : "Mais c'est festif !" A ceux-là je réponds que la musique qui demande de la disponibilité, de l'attention généreuse à l'autre (le compositeur), du temps... est festive aussi, mais pas au même niveau de conscience... Enfin, j'ajoute que l'écoute des musiques dites savantes ne dépend - que - de notre libre arbitre, ce qui n'est évidemment pas le cas de la variété, et si ceux qui en écoutent pensent naïvement faire des choix, c'est un peu comme lorsqu'ils pensent choisir leur boulot parce qu'ils choisissent leur usine... Mais je comprends aussi qu'après l'usine ou le bureau, qu'on soit patron ou employé, il faille aussi de la guimauve, du pansement, pour les esprits fatigués par leur travail, mais de grâce, n'appelons pas cela : Fête de la "musique", "Fête de la rue" serait mieux approprié.

Écrit par : jacki maréchal | 23 juin 2014

On peut aussi envisager de l'animation de rue qui ne soit pas réduite à un empilement de nuisances. Pourquoi ne pas commencer tout simplement par baisser le son afin de permettre la communication entre les gens ? Mais peut-être les gens n'ont-ils plus rien à se dire, qu'ils en ont vaguement conscience et qu'ils éprouvent le besoin de se rassurer en s'étourdissant d'un vacarme assourdissant, « un gros son » ainsi que je l'ai entendu dire par un abruti adepte et organisateur de « rave party »...

Écrit par : Christian Cottet-Emard | 23 juin 2014

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